10.

578 34 5
                                    

^ Myke Swenson ^

« On peut parler deux secondes ? »

J'ai le souffle coupé, il est là, si calme dans son sweat noir qui met si bien son teint en valeur. Instantanément ma gorge se noue, mes yeux fixaient le sol, attendant que ma famille nous laisse seuls. Et pourtant, malgré qu'ils avaient tous rejoint l'intérieur, ce silence n'avait toujours pas plié bagage, je ne réussissais pas à le regarder dans les yeux.

Toujours la tête baissée, je vois ses pas se rapprocher de moi, je lève aussitôt les yeux sur son visage mi souriant. Son regard s'est planté dans le mien, mes pupilles vacillent, il a toujours cette bienveillance dans ses gestes, dans ses yeux. Alors sans qu'il n'a pas prononcé un seul mot, une larme brûlante s'enfuit de mon œil.

« — Je suis tellement désolée Myke...

— T'inquiètes pas, je peux comprendre que tu ne saches pas trop où tu en es ces derniers temps. Alors, j'ai prit une décision, qui te fera du bien autant à moi qu'à toi, ça a été difficile mais ce serait mieux qu'on fasse une pause. »

Mes lèvres s'étaient séparées pour sortir des mots, des paroles qu'il avait sûrement besoin d'entendre, j'aurais voulu le rassurer et lui dire qu'on en avait pas besoin, qu'il était tout pour moi autant que je l'étais pour lui, qu'on pouvait surmonter tout ça. Mais au lieu de ça, il a reçu du silence, un silence bien trop révélateur et douloureux.

Il prit une inspiration en passant sa paume sur sa nuque.

« Ça aura vraiment duré deux secondes, je t'avoue que je suis surpris mais surtout touché en plein cœur. Mais c'est pas grave, j'espère que dans ta tête tout vas s'arranger. Bonne nuit Nalini, sache que je t'aime. » Conclut t-il en posant un chaste baiser sur mes lèvres.

Je le voyais s'éloigner de moi sans toutefois me retenir, c'était l'un des moments les plus douloureux de ma vie, je m'en voulais de lui infliger ça, lui qui ne m'a jamais donné rien d'autre que de l'amour.

Couchée depuis plusieurs minutes, je me refaisais la scène en boucle, me posant cent milles questions sans réponses. Et pourtant au fond de moi la seule réponse à ces questions était la véracité de mes sentiments naissants pour Alaïs Warner, je ne pouvais plus me voiler la face, c'était une évidence que j'ai craqué pour elle.

16h30, Blue & Gold

« Johnson c'est à toi. »

Après ces quatre mots, elle s'assied d'une fesse sur la table, m'accordant toute son attention en même temps que les huit autres personnes présentes dans la salle. Normalement, je n'ai aucun problème avec le regard du public, mais c'est son regard à elle qui me faisait stresser.

Deux inspirations plus tard, je commence par brièvement me présenter au groupe avant d'entamer sur la présentation de mon article. Ce matin, Jared — celui qui se charge des nouvelles recrues, est passé me voir après mon cours de linguistique me dire que j'avais jusqu'à la réunion du journal pour concocter un article concernant les matchs joués de ce samedi. Prise de court et par les cours, j'ai été obligé de sacrifier ma pause de midi pour peaufiner un texte qui a le mérite d'être imparfait mais efficace, du moins selon moi.

Je fais circuler des exemplaires dans la salle, et remets l'original à Dallas.

Plantée comme un piquet, j'attendais impatiemment que les retours fusent dans tous les sens.

« D'accord Johnson vas t'asseoir. »

Son ton autoritaire ne me plaît absolument pas mais j'obéis.

Je m'assieds au bout de la ronde et attends le début de mon procès.

Dernier Souffle Où les histoires vivent. Découvrez maintenant