Please don't touch me / Bucky Barnes

Chapitre 25 : Il n'y a que toi

- Anna -
 

L'air frais entre par mon nez, irrigue mes poumons et ressort tiède entre mes lèvres. La brise matinale se mêle dans mes cheveux et s'ajoute aux chants des oiseaux et au courant des rivières, brassées par la pluie torrentielle d'hier. Je ferme mes yeux et me concentre sur le battement de mon coeur et le crépitement de ma peau au contact de l'humidité environnante. Aussitôt, je sens mes poils se dresser et la chair de poule parcourir mon corps.

Shuri - Focalise ton esprit sur ton corps, sur ton âme. Tu dois sentir le sang couler dans tes veines et faire battre ton coeur. Tu dois sentir l'oxygène circuler dans ton corps et faire gonfler tes poumons. Il n'y a que toi Anna, ici et maintenant.

Je suis assise en tailleur, les mains ouvertes sur mes genoux. La princesse est face à moi, dans la même position. Nous sommes assises sous la Panthère, à l'entrée du coeur de la montagne et de son trésor. A ma gauche, le plus beau des paysages. La pierre froide sous mes fesses me fait frissonner alors que l'aura de la wakandienne m'englobe et me réchauffe.

Shuri - Maintenant ouvre tes yeux et concentre toi sur moi. Tu vois ses bracelets ? Ils me protègent de toute force extérieure. S'ils scintillent en bleu, cela voudra dire qu'ils m'auront protégé de ton emprise. S'ils restent éteints, cela voudra dire que tu auras réussi à contenir ta force. Tu ne peux pas me faire de mal Anna.

Je hoche légèrement la tête et referme les yeux. J'inspire calmement, profondément, en espérant que la fraîcheur extérieure refroidisse la chaleur qui me fait bouillonner de l'intérieur. Je ne dois pas lui faire de mal, je ne dois pas lui faire de mal.

Mes paupières se lèvent, je détache mes mains de mes genoux et les approche doucement de la princesse. Je tremble à mesure que mes doigts s'approchent de ses mains. Je ne peux pas lui faire de mal. Je dois contenir ma force. Ma peau n'est qu'à un poil de la sienne et l'espace entre nous est brûlant. Je la touche enfin et aussitôt, mes doigts sont éclairés d'une légère lumière bleutée. J'ai échoué. Je retire aussitôt ma main dans une grimace en poussant un soupir. Le rire de Shuri me tire de mes pensées.

Shuri - Tu ne pensais quand même pas réussir du premier coup? Allez, recommence. Concentre-toi, nous avons tout notre temps.

Et je recommence. Une fois, deux fois, trois fois... Dix fois. Et je n'en peux plus de voir ma peau se couvrir de cette lueur bleue. J'ai tout essayé mais c'est impossible, tout bonnement impossible.

Shuri - Allez, c'est fini pour aujourd'hui ! On continue demain à la même heure. Ne perds pas espoir, ça viendra j'en suis certaine.

Anna - Merci...

Elle m'adresse un sourire avant de prendre congé. Je sors rapidement de la montagne, du laboratoire, pour échapper au plus vite à ces mauvaises pensées que j'espère laisser là-bas. Je descend la colline encore humide de la pluie d'hier. Voilà deux jours que nous nous évitons. Voilà deux jours que je ne lui ai plus parlé, alors que ma chambre se trouve à côté de la sienne. Un simple sourire permet d'éviter les moments gênants quand nous nous croisons. Et ça me brise le coeur à chaque fois.

Au lieu de tourner vers l'entrée de la tour, je décide de continuer mon chemin pour m'enfoncer au coeur du Wakanda. Petit à petit, le ciel n'est plus qu'un bandeau fin entre deux façades, reliées par moment par des toiles tendues. Malgré la chaleur grimpante, je dénoue le gilet autour de mes hanches pour me l'enfiler et recouvrir mes bras, ma peau. La foule se fait plus dense à mesure que j'avance dans les ruelles vers ce qui semble être un marché. Des stands occupent les rues, à chaque entrée de maison. Au fond, j'aperçois une place s'ouvrir où virevoltent des petits cerfs-volants multicolores. Au centre, se tient une troupe de musicien, faisant danser et chanter les plus petits et grands. Je croise les bras et cale mes mains dans chaque coude par peur que quelqu'un m'entraîne spontanément pour danser. Je ne sais même pas pourquoi je pense ça. Des yeux curieux se posent sur moi. Difficile de passer inaperçue en n'étant pas embrassée par le soleil comme ce peuple.