- Anna -
Étouffante.
C'est le seul mot que j'arrive à poser pour décrire la situation. J'ai l'impression d'étouffer, de manquer d'air depuis hier soir. Ma poitrine se comprime sous le poids de mes émotions, sous le poids de son regard, du regard de chacun, sous le poids de cette bâtisse beaucoup trop grande et trop petite à la fois.
Même si mon corps me supplie de retrouver mon lit, mon cerveau me hurle de sortir de ces murs. Je relève mes cheveux dans un chignon rapide, passe un coup d'eau sur mon visage et m'observe dans le miroir. Je passe mes doigts sur mes pommettes un peu plus marquées, mes joues un peu plus creusées. Malgré ces quelques kilos en moins, mes cuisses se touchent toujours et mon ventre n'est toujours pas assez plat. Je soupire en quittant le salle de bain et mon regard se pose sur le paysage verdoyant de l'autre côté de la fenêtre. Aucun nuage n'occupe le ciel parfaitement bleu.
Et bizarrement, même si je pensais vouloir me réfugier dans des vêtements larges et confortables, j'ai la soudaine envie de porter cette petite robe fleurie accrochée dans mon armoire. Après des jours entiers passées dans les même habits, qui ont finis tâchés, troués, puants, j'ai comme le besoin vital de mettre quelque chose de complétement différent, pour essayer d'oublier ces derniers jours... J'ai besoin de sentir le soleil et le vent sur ma peau.
Je tire sur la bretelle et la robe se décroche doucement du ceintre. Je laisse glisser la serviette humide au sol, enfile une culotte, puis la robe, qui caresse ma peau de son tissu soyeux. Je me décale de quelques pas pour m'observer à nouveau dans un miroir, mais cette fois-ci entièrement. La robe est d'une simplicité déconcertante. Deux bretelles fines et un tissu fleurie légèrement ajusté à la taille. Un très léger décolleté, une longueur à mi-jambe. Je peux déjà sentir les rayons du soleil réchauffer ma peau et je frissonne à cette pensée. Il faut absolument que je remercie Wanda d'avoir remplie mon armoire de quelques affaires.
J'enfile rapidement des chaussettes basses, des baskets blanches et quitte ma chambre. Je prend soin de prendre la sortie de derrière pour espérer ne croiser personne. Et heureusement, c'est le cas.
Dès que je passe la porte blindée de la sortie de secours et que le soleil entre en contact avec ma peau trop pâle, un frisson me parcourt l'échine. La température est parfaite et presque trop clémente pour un fin de mois d'avril.
Sans connaître ma destination, je m'aventure sur la propriété des Avengers qui s'étend sur des milliers de mètres carrés. Après quelques minutes de marche, j'arrive au début d'un petit verger qui devient rapidement une forêt peu dense de feuillus. L'herbe est haute et vient chatouiller mes molets. J'entend un oiseau chanter à ma droite, mais ses sifflements sont rapidement atténués par la brise qui souffle légèrement dans mes oreilles. Le tissu de ma robe danse avec légèreté et caresse mes cuisses. Puis, petit à petit, j'entends le clapotement d'un petit ruisseau qui sillonne l'herbe. C'est comme si mes sens étaient décuplés, j'ai l'impression de tout ressentir avec plus d'intensité, après de heures interminables enfermées entre quatre murs.
J'enjambe facilement le ruisseau puis décide de me poser dans l'herbe au pied d'un saule. En m'asseyant, ma robe remonte légèrement et les brindilles viennent piquer la peau de mes fesses et l'arrière de mes cuisses. Je croise mes jambes en tailleur, passe mes doigts dans l'herbe fraîche parsemée de pâquerettes et lève mon visage vers le soleil en fermant les paupières. J'inspire l'odeur de la nature et mes pensées s'évadent aussi vite, quelques mois plus tôt, dans un pays qui n'apparaît sur aucune carte. Et comme s'il était à côté de moi, j'ai l'impression de sentir son souffle chaud dans mon cou. Je rouvre brutalement les yeux, n'arrivant plus à dissocier le vrai du faux. Mais non, je suis bien seule assise dans cette clairière.
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Please don't touch me / Bucky Barnes
Fiksi PenggemarPour Anna, Prague représentait une nouvelle ville, pour une nouvelle vie. Mais c'était sans compter que, quelques années plus tard, la moitié de la population disparaisse d'un claquement de doigts. Son quotidien était à nouveau plongé dans l'obscuri...