Chapitre 40 : Abandon

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- Anna -


La musique s'estompe, la fête continue au ralenti. Je le suis du regard jusqu'à ce que la porte se ferme derrière lui.

Et là, tout de suite, j'aimerais lui courir après, au point que mes membres me démangent, au point que mon humeur en prenne un coup. Mais je n'ai pas le temps de réfléchir à ce que je pourrais lui dire si je le rattrapai, que la sorcière me prend les mains pour m'entraîner à nouveau dans la danse. Mon regard croise alors celui du faucon, qui me fixe depuis l'autre côté de la pièce à travers la foule. Je fronce les sourcils pour l'interroger, il hausse simplement les épaules.

Je continue de danser machinalement, en suivant le mouvement autour de moi, mais mon esprit est ailleurs, mon esprit est parti avec lui. Il me vole constamment, depuis le premier jour. D'abord un regard, puis un premier contact. Mon esprit, mon coeur, puis un premier baiser. Il vole toutes mes pensées. Alors pourquoi suis-je entrain de quitter la foule sous le regard insistant de la sorcière ? Parce que je ne cherche pas à lui échapper.

Mon instinct me guide vers les niveaux inférieurs, avant de devoir ratisser chaque mètres carrés du QG. Je remonte légèrement ma robe pendant que mes talons claquent sur les escaliers en pierre, puis sur le béton brut du sous-sol. Chaques pas résonnent contre les murs, jusqu'à ce que j'arrive au bout du garage où une place vide confirme mon instinct.

Je scanne la pièce et son contenu scintillant sous les spots. Je remonte jusqu'au panneau où sont accrochées toutes les clés. Mes doigts survolent les crochets et je finis par choisir une clé au hasard, avec quatres anneaux dessus. J'appuie sur un bouton et le son d'une voiture attire mon regard un peu plus loin. Je me dirige vers le véhicule qui clignote et qui s'avère être une nouvelle Audi A1. Je la contourne puis vient m'asseoir derrière le volant. Mes escarpins finissent sur le tapis passager.

Toujours guidée par mon instinct, aux souvenirs de notre dernière sortie nocturne qui remontent à déjà plusieurs mois, je me dirige vers la ville. J'aperçois rapidement les gratte-ciels de New-York se dresser à l'horizon, accélérant mon rythme cardiaque. Décidément, je ne réussirai pas à me tenir éloigner de cet endroit.

Je remercie ma mémoire visuelle de me guider dans cette jungle urbaine déjà plongée dans l'obscurité. Je tourne à droite, une fois, deux fois. Je prend le prochaine à gauche, puis la deuxième à droite, après la pizzeria. Encore une fois à gauche, et voilà, nous y sommes. Petit immeuble typique de New-York en brique rouge, avec un petit escalier devant pour accéder à la porte d'entrée, puis des échelles en métal plus haut sur la façade, qui relient les niveaux entre-eux. Je dépasse l'entrée et finit par trouver ce que je cherchais. Sa moto garée sur le trottoir.

Je me gare un peu plus loin. Je rechausse mes escarpins avant de sortir de la voiture. A mesure que je m'approche de la porte d'entrée, des phrases défilent dans ma tête, comme si je révisais un discours. Hey... Pourquoi tu es parti de la fête ? Non, trop classique. Tu as commencé à me manquer à la soirée tu sais... Non, trop niais. Alors, petite escapade nocturne ? Hors sujet. Embrasse-moi. Pourquoi pas ?

Je me retrouve alors sur le perron, face à un nouveau problème. La sonnette présente plus d'une dizaine d'étiquettes, dont presque la moitié ne comportent aucun nom. Wilson, Reed, Gonzalez, Allen, Marshall, Morales, Ortiz... Fais chier.

Pourquoi ne suis-je pas étonnée que son nom ne soit pas affiché ? Je relève la tête vers le haut pour observer la façade. La porte d'entrée s'ouvre au même moment, pour laisser place à une vieille dame qui m'observe en souriant. Mais ses yeux gravitent rapidement vers le bas pour examiner ma tenue, qui lui semble visiblement peu appropriée, à la façon dont ses sourcils se fronçent.

Please don't touch me / Bucky BarnesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant