- Anna -
~ Ses yeux bleus sont partout. Dans cette ruelle à Prague. Dans cette prairie de pissenlit au Wakanda. Dans les draps blancs qui occupent son lit. Ils sont la porte de sortie pour un tout autre univers, là où il n'y a que lui et moi.
Flash-back.
Des yeux bleus m'observent alors que je sombre dans un état de transe. Tout mon corps est une seule et même douleur. Le verre brisé sur lequel je repose perce mon épiderme. J'aimerai bouger, m'éloigner de cet endroit trop bruyant, mais chaque mouvement est une décharge électrique. Je n'ai d'autre choix que de rester là, couchée dans les débris de l'accident. Je n'ai d'autre choix que d'observer le sang couler vers moi et s'éloigner du corps de mes parents. Mais il y a toujours ces yeux bleus qui me scrutent à travers la fumée, à travers la poussière en suspens qui me brûle l'oesophage. Je me concentre sur la clarté de ces iris pour me raccrocher à la réalité, au moment présent. Je me répète de rester réveillé, de ne pas sombrer, par peur de ne plus pouvoir revenir. Mais c'est quand il détourne son regard et que le bleu de ses yeux m'échappe, que l'appel de Morphée prend le dessus en m'attirant dans ses bras. ~
M'endormir dans une réalité pour me réveiller dans une autre, haletante, transpirante.
Je me concentre un instant sur ma respiration, en espérant la contrôler. Mais mon coeur continue de battre la chamade jusque dans mes oreilles. Je me redresse pour m'asseoir sur le matelas et prend mon visage entre mes mains. Tous mes nerfs sont à vifs et je suis sur le point d'exploser. Je saute presque du lit pour éviter de justesse la prochaine crise d'angoisse.
Mon regard passe d'un côté, puis de l'autre pour scanner le couloir qui s'avère être désert. Je prend alors la direction de la pièce commune pour me préparer une tisane, qui, je l'espère, m'apaisera un minimum. C'est quand je passe le pas de la porte du séjour que je frissonne et que la chair de poule recouvre mes cuisses dénudées. J'ai oublié de me recouvrir et me trouve plantée là en t-shirt, culotte. Heureusement qu'il n'y a personne, parce que j'ai clairement la flemme de faire demi-tour.
Je traverse la pièce sombre puis viens allumer la lumière de la hotte de l'îlot central. Je remplis la bouilloire que je repose sur son socle en enclenchant le bouton qui s'illumine en bleu. L'eau commence aussitôt à frémir. Pendant ce temps, je prend une tasse dans l'étagère, choisi une infusion. J'enroule le fil du sachet autour de la anse en attendant le signal.
C'est quand le bouton saute bruyamment, que j'agrippe la bouilloire pour verser le liquide fumant dans ma tasse. Je la prend pour venir m'asseoir sur une des chaises hautes de l'îlot.
Mes doigts s'enroulent autour de la tasse brûlante, en gardant ma peau à bonne distance pour ne pas me brûler. J'observe l'infusion se mélanger petit à petit à l'eau transparente. Je bouge alors légèrement le sachet pour accélérer le processus.
Soudain, une goutte s'écrase sur le marbre immaculé. Puis une deuxième. Il me faut quelques secondes pour réaliser que je pleure. Des larmes ont franchi la barrière de mes paupières sans m'en rendre compte. Comme si mon corps en avait besoin, je les laisse dévaler en silence mes joues pour venir s'écraser sur la pierre blanche et même saler mon infusion.
C'est quand j'entends le bruit de la porte du séjour, qui m'arrache de mes pensées, que je balaye rapidement mes larmes du revers de la main. Je renifle un peu trop bruyamment.
Mes yeux se relèvent très légèrement, sans bouger la tête. J'aperçois une silhouette massive s'avancer, puis s'arrêter net deux mètres devant moi.
Bucky - Oh euh pardon, je ne savais pas que c'était toi... Je vais te laisser seule.
Je ne lui laisse pas le temps de se retourner.
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Please don't touch me / Bucky Barnes
ФанфикPour Anna, Prague représentait une nouvelle ville, pour une nouvelle vie. Mais c'était sans compter que, quelques années plus tard, la moitié de la population disparaisse d'un claquement de doigts. Son quotidien était à nouveau plongé dans l'obscuri...