Chapitre 23

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Remus cessa de respirer et sentit son cœur s'alourdir tandis que McGonagall allait demander au chevalier du Catogan s'il avait laissé passer quelqu'un, il attendait la sentence. Et quand la sentence tomba, le cerveau de Remus s'arrêta. Sirius était vraiment là, il n'avait rien imaginé... Revient alors la fameuse question qui ne laissait jamais Remus tranquille : « POURQUOI ? » lui hurlait son cerveau. Pourquoi tu ne dis rien ? Pourquoi il fait ça ? Pourquoi ne pas avoir ensorcelé ce balai ? Pourquoi il se cache ? Pourquoi tu ne peux pas l'oublier ? Pourquoi tu l'aimes toujours ? Pourquoi es-tu aussi faible ? Remus avait l'impression que son cerveau allait exploser, c'était juste trop. La voix méprisante de Snape le sortit de sa torture mentale.

« Tu regrettes de ne pas avoir réussi à l'aider suffisamment ? Tu es écœurant Lupin ! Tes sentiments – et Snape cracha ce mot avec dégoût – te trahissent. Tu es un traître toi aussi, tout dans ta réaction le prouve ! Je vais m'empresser de dire ça à Dumbledore. Il croyait que tu étais un loup-garou apprivoisé. Oui tu l'es, mais c'est Black qui te domine. Tu es pitoyable, tu me répugnes. »

Remus réagit au quart de tour et envoya son poing avec une force magistrale dans l'arcade de Snape qui se retrouva par terre, du sang coulant de sa tête. Remus était en face de lui, le dominant, le regard noir, les muscles bandés et la rage qui le faisait légèrement trembler... Il avait tout du prédateur sauvage et cruel. Snape recula légèrement, et fut sans doute sauvé par l'intervention miraculeuse de Dumbledore. Même lui resta interdit en voyant Remus. Il se reprit rapidement et d'un ton sec les rappela à l'ordre. Remus cracha qu'il allait inspecter les alentours du stade. Il partit, d'une démarche souple et sauvage à la fois, sans un regard pour les autres, qui étaient encore sous le choc.

Ce n'est seulement qu'une fois arrivé au stade que Remus se calma. Il fallait dire aussi qu'il avait couru jusqu'au stade dès qu'il avait été dehors, et qu'il avait ainsi expulsé toute sa hargne. Il s'en voulu aussitôt de cet éclat de rage. Il avait surtout honte, surtout que Dumbledore en avait été témoin. Remus se tapa la tête sur les murs en bois des gradins. Il devait se calmer de suite et faire ses excuses à Snape et à Dumbledore. Après avoir suffisamment tapé sa tête contre le mur en bois, Remus expira un grand coup et se retourna pour se retrouver face à face à :

« Pro... pro... Professeur Dumbledore ! » Balbutia Remus, rouge de honte.

« Mon cher Remus. Que pensez-vous une petite promenade par cette belle nuit ? »

« On ne doit pas chercher Sirius Black Monsieur ? » Demanda doucement Remus.

« Si, mais peut-être est-il dans le parc. » La voix posée du directeur calma le loup-garou.

Ils restèrent silencieusement un moment avant que Remus eut le courage de s'excuser.

« Monsieur. Je suis sincèrement désolé pour... tout à l'heure. Je comprendrai si vous ne voulez plus de moi comme professeur. Je suis dangereux... Et pas un bon professeur... Mais par contre je vous jure que je n'ai jamais aidé Sirius Black à s'introduire dans le château. Snape, hm, le Professeur Snape le dit mais c'est totalement faux.... Je... »

« Remus. » Le coupa le directeur. « Je sais que vous n'aidez pas Sirius Black à s'introduire dans le château. Je vous fais confiance, vous êtes quelqu'un de bien, et de surcroit un très bon professeur. Tous les élèves vous adorent, je ne peux pas vous virer, j'aurai une révolte sur les bras. Et en ce qui concerne votre comportement de tout à l'heure, c'est particulier à votre histoire avec le Professeur Snape. Je pense qu'aucun élève ne peut vous mettre dans un tel état de rage. Et je pense que le Professeur Snape est suffisamment intelligent pour ne pas vous contrarier en public, et encore moins après votre démonstration de force de tout à l'heure. C'est dû au loup ? »

« Oui Professeur. Ça arrive quand j'ai un trop plein de violentes émotions contradictoires, le côté ''sauvage'' prend le dessus pour que je cesse de penser. Mais vous voulez dire que... »

« Cela doit demander une maîtrise de soi de tous les instants. »

« Euh... En effet. C'est la première fois que ça arrive cette année. Vous voulez dire que je peux rester ? »

« Bien sûr Remus ! Nous avons besoin de vous ! Mais que voulez-vous dire par émotions contradictoires ? C'est Sirius Black qui vous met dans cet état-là ? »

« Je... Ne croyais pas que je le considère encore comme... mon ami. Je le hais sans doute plus que Snape encore. Il a détruit tout ce à quoi je tenais. Mais... deux images luttent sans cesse dans mon cerveau. Celle du Sirius Black d'avant, un ami génial et celle du traître cruel. Lui, James et Peter ont trop marqué ma vie... Dès que je vois Harry, ma haine pour Sirius Black augmente. Je pourrai le tuer de mes mains... »

« Vous dîtes ça par rapport à vos séances sur les Détraqueurs ? Vous avez fait un travail remarquable, le jeune Potter s'est hissé au niveau de son père. Vous devez en être très fier. »

« En effet Monsieur. »

« Tout comme je suis fier de vous Remus. »

Remus rougit sous le compliment, avoir l'approbation d'Albus Dumbledore était ce qu'il y avait de plus important.

« Il compte beaucoup pour moi. Je me sacrifierai pour lui. » Rajouta Remus, et il le pensait.

« Concentrez-vous sur cette idée-là, essayez quand même d'éviter de mourir. Mais focalisez-vous sur cette pensée, et alors vous saurez quelle image de Sirius combattre. Je ne vous demande pas d'abandonner l'autre image. Reléguez là au rang de souvenir, après tout, ce n'est plus la même personne. Sirius n'était pas foncièrement mauvais, il pouvait être cruel certes, mais quelque chose d'autre s'est passé pour qu'il devienne espion de Lord Voldemort. Quelque chose que nous ne connaîtrons jamais. Je sais que vous prendrez la bonne décision. Vous êtes quelqu'un de très brave Remus et il faut énormément de courage pour affronter ces amis. »

Sans que Remus s'en rende compte ils étaient revenus devant la grande porte du château. Remus vit Flitwick en train d'ensorceler la porte avec une photo de Sirius Black, un Sirius au visage émacié et une lueur folle dans le regard. Dumbledore souffla :

« Voici l'image qui compte maintenant. Le plus important est la sécurité d'Harry. »

Remus ne répondit pas, les yeux rivés sur la photo. Il ne vit même pas le directeur partir. Le grincement de la grande porte le réveilla et il se dépêcha de se faufiler dans l'entrebâillement.

Remus et son prisonnier d'AzkabanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant