Chapitre 3

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Ezio

Penché sur cette chaise, je rejette la tête en arrière pour laisser la fumée de ma cigarette évacuer lentement de mes poumons. "Killing Me Softly With His Song" de Roberta Flack remplit exquisément chaque recoins de ma chambre, je ferme les yeux pour me laisser bercer par sa voix angélique. Cette soirée a l'air banal, ressemblant aux autres. Et pourtant...

En moins de deux heures, j'ai buté deux de mes hommes dans un élan de frustration et colère, fait exploser deux camions qui contenaient chacun deux kilos de drogues sans aucune raison, braqué une arme sur mon meilleur ami et foutu une claque à une fille. Faire ce genre de crises ressemble plus à Angel qu'à moi mais je suis dépassé par les évènements, je me dois de le reconnaître.

La femme que je recherche m'a pété le nez et est toujours introuvable à l'heure qu'il est. De plus, mon petit frère est parti à sa recherche avec ses hommes sans ma permission, presque fou de rage selon les dires des gardes. Heureusement, Nino est parti à sa poursuite sur le champ. C'est devenu un bordel sans nom mais c'est plus pour Angel que je m'inquiète, je ne veux pas qu'il l'a tue. Du moins, pas pour le moment.

J'ouvre les yeux lorsque mes fenêtres se mettent à trembler sous la force des rafales de vent. Le pic de la tempête est attendu pour trois heures du matin et pourtant, j'ai l'impression que l'Italie est déjà en train d'être frappée par la tempête. Il faut que nous la retrouvons avant que tout soit fermé sinon, c'est fichu.

Fais chier.

J'éteins la cigarette dans le cendrier puis me lève pour me diriger vers la salle de bain. J'entends la porte de la chambre s'ouvrir lentement pendant que l'odeur de Gabriele chatouille mes narines, ce dernier s'arrête derrière et prend appui sur l'appui, les bras croisés et le regard noir.

-Mi dispiace. (Je suis désolé)

Je prononce cette phrase en m'essuyant le visage à l'eau pour me rafraîchir. Gabriele est un pacifiste, étonnant d'ailleurs vu l'activité que nous faisons. Il n'a recours à la violence qu'en dernier ressort, quand il se sent acculé et croit d'ailleurs que l'offensive que nous avons lancé pour retrouver Ilaria est du grand n'importe quoi. Il a dû être mit au courant des évènements arrivés plus tôt.

-Nous discuterons plus tard. Alessi a mit la main sur celle qui lui sert d'amie.

-Laquelle ?

-Stella.

Étonnamment, je souris malgré la surprise que m'a provoqué l'entente de ce prénom. Je connais l'amour d'Alessandro pour l'argent mais jamais, je l'aurais crû de faire une telle chose. Il veut vraiment la tête d'Ilaria, lui aussi.

Je savais que je pouvais lui faire confiance. C'est mon petit frère après tout.

Je pose le verre sur la table et me retourne. Nous abaissons la tête pour entrer au salon. Iann me raconte quelque chose mais je ne comprends pas un seul mot de ce qu'il dit parce qu'il ne fait que rire comme un imbécile.

Après m'être essuyé le visage, Gabriele passe devant moi en pestant, les mains dans les poches et l'air râleur. Plus nous marchons et plus je reconnais le chemin du sous-sol, j'ai bien envie de poser la question à Gabriele. Cependant, je m'y retiens car il risque de me casser la gueule à la moindre parole que je vais lui adresser et mon visage en a déjà prit cher pour aujourd'hui.

Une fois au sous-sol, j'écarquille les yeux en apercevant Stella attachée à une chaise, l'air apeuré. Alessi penché sur elle, je peux entendre sa respiration saccadée d'ici.

-C'est chiant, elle ne veut pas parler, marmonne Diego avec un air ennuyé.

-Je ne parlerai pas.

Un silence s'installe progressivement dans la pièce.

𝐋𝐄𝐒 𝐇𝐄𝐑𝐑𝐄𝐑𝐀Où les histoires vivent. Découvrez maintenant