𝐋𝐄𝐒 𝐇𝐄𝐑𝐑𝐄𝐑𝐀

Chapitre 10

Ilaria

Je reste silencieuse durant tout le trajet, histoire d'essayer de faire oublier mon existence. Seul le bruit causé par Javel qui recharge les armes se fait entendre. Ce dernier a l'interdiction formelle de rester seul avec moi, ce n'est pas moi qui suis surveillé mais lui.

-À quoi, je vais servir ? finis-je par demander à Nino.

-Ferme là, ça me fera des vacances, rétorque Angel.

-Alors déjà, ce n'est pas à toi que je m'adresse donc c'est plutôt toi qui va la fermer.

Nino me regarde dans le rétroviseur, un petit sourire moqueur en coin. Même Javel paraît choqué que je lui ai répondu. Depuis tout à l'heure, la peur que je ressentais pour lui s'est envolée pour laisser place à une haine immense.

Je donnerai tout pour le voir mort.

-Répète ce que tu viens de dire ?

-Je n'ai ni l'envie, ni l'énergie de répéter.

-Elle a dit que ce n'est pas à toi qu'elle s'adressait donc c'était plutôt à toi de la fermer, répond Nino toujours aussi rieur.

Javel arrête ce qu'il était en train de faire pour le regarder avec dédain pendant que Nino éclate de rire en prenant un virage.

-Tu maîtrises les armes à la perfection ? me demande Javel après s'être calmé.

-Ça dépend desquelles.

Il balance une arme à côté de moi. Je l'attrape, les lèvres entrouvertes.

-C'est une Zastava M05, m'explique Nino pendant que le cortège entre dans un parc vide. C'est un fusil d'assaut très réputé pour ses performances, fais gaffe à ne pas te buter avec.

Javel balance des lunettes de tir transparentes que je m'empresse de porter.

-Tu te sens capable d'ôter une vie humaine ? continue Nino. Je ne sais pas si tu as tué quelqu'un mais...c'est très spécial.

-Ça dépend de la personne qui doit mourir. Là, c'est l'un de vos ennemis si j'ai bien compris ?

-Effectivement.

-Alors, oui. Je le fais pas pour vos beaux yeux mais si vous vous faîtes tuer par eux, je sais qu'ils ne rigoleront pas avec moi.

Lui et Nino s'échangent un sourire dont j'ignore la signification.

-Tu verras deux hommes assit sur un banc en train de discuter. Au moment où tu braqueras ton arme sur eux pour les fusiller, dis-toi qu'ils en veulent à ta vie donc c'est soit toi, soit eux. Tu n'hésites pas une seule seconde.

J'écoute Javel sans dire un mot. La voiture s'arrête et devant moi, deux gars sont effectivement en train de discuter. Je descends lentement ma vitre puis enlève la sécurité de l'arme.

Pas de pitié.

C'est soit toi, soit eux.

Soit toi, soit eux.

En même temps que Javel, j'ouvre le feu sur les deux hommes. Ils se retrouvent fusillés de tous les côtés et à ce moment-là, je me dis que je n'aurais pas aimé me retrouver à leur place. Nous arrêtons tout lorsque des hommes armés surgissent et commencent à cribler la voiture de balles.

-Baisse toi !

Nino démarre rapidement pour suivre le cortège tandis que je me courbe pour éviter les balles. Une explosion retentit un peu plus loin derrière nous pendant que les autres voitures se garent devant un bâtiment.