League of Legends - Pur Sang [TERMINEE]

Chapitre 6 - L'Accord

(Image d'en tête : ar_yoop sur Twitter https://twitter.com/ar_yoop )

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La blonde redressa la tête devant lui et le fixa d'un air perdu. Les réactions à son pouvoir étaient souvent les mêmes. Les plus fiers se contentaient de dire qu'elle était une menteuse, d'autres faisaient des sous entendus lubriques sur l'utilisation de pareils pouvoirs et les plus désespérés lui demandaient directement pourquoi elle ne s'en était pas encore servi pour amasser des richesses.

Lentement, le Boss déplia ses jambes croisées pour les faire rejoindre le sol et avança vers elle. La blonde se sentit dès cet instant ridiculement minuscule en face de lui et déglutit, ses oreilles se couchant sous la terreur. Il la rejoignit d'un pas lourd. Il était vraiment immense et la coupe de ses vêtements encadraient chaque partie de son corps de raies d'or. Il la regarda de haut, cachant de son oreille la seule source de lumière. Du point de vue de la blonde, seules les pupilles mordorées du combattant luisaient en face d'elle. Ça lui donnait un air effrayant. Elle voulu baisser les yeux mais se rendit compte que ce serait encore plus inconvenant. Il coupa sa réflexion.

-Utilises le, vas y... ordonna-t'il

Elle cligna des yeux et balbutia :

-Pa..Pardon... ?

La patron mit ses mains dans ses poches et la fixa d'un air détaché.

-Ça fait plus de vingt ans maintenant que j'ai reçu mon premier poing. Et que je l'ai rendu d'ailleurs.... Alors si tu dis la vérité... ça risque même pas de me faire soupirer...

Merry le fixa un instant. Elle comprit immédiatement qu'il ne blaguait pas et qu'elle pouvait y aller. Elle le regarda d'un air aussi détaché que lui et ferma son poing en le fixant droit dans les yeux. C'était là les deux obligations pour que son pouvoir fonctionne : avoir un contact visuel avec la cible et être à moins de dix mètres d'elle.

Sett sentit une douleur lui tordre le coeur. Ce n'était pas une souffrance semblable à celle des arènes ou même de la rue. Non. C'était une douleur morale, un poids sur l'âme, un boulet au pied qui vous catapultait aux confins du passé.

Il se revit quinze ans en arrière, les vêtements rapiécés terminant de se désagréger sous une pluie torrentielle, et le regard haineux des gens qui le croisait. Une époque qu'il avait écrasé à coup d'efforts et de poings et qu'il avait définitivement mise derrière lui. Ce n'était pas vraiment que la douleur qu'il ressentait lui montrait ces images, mais le sentiment qui s'était invité en lui avait directement tiré de son esprit ces souvenirs insupportables.

Il s'écarta au bout d'un moment de la blonde. Sans qu'il ne l'ait voulu, sa respiration s'était faite haletante et il détestait ça. Il fixa de ses yeux d'or la petite créature en face de lui. Cette éclopée misérable l'avait poussé dans cet état et c'était une chose qu'il allait avoir du mal à pardonner..

-Qu'est-ce que ?.... maugréa-t'il en la fusillant d'un regard mauvais.

En face, Merry demeura calme, elle expliqua :

-Je n'ai jamais dit que je n'insufflais que de la douleur physique...

La patron la regarda différemment. Il avait comprit. Ce qui était entré dans son corps, la douleur qu'elle y avait insufflé, ce n'était pas celle d'un bleu ou d'une morsure. C'était la solitude. Ou pire que ça, le fait que même elle ne veuille pas de nous. La confirmation que l'on a de place nulle part. Cet abandon profond de l'âme qui n'entend que ses échos, ces regards que l'on lance autour de nous sans jumeaux, c'était ça qu'elle lui avait inoculé. Et son corps à lui y avait répondu par l'instant où il avait été le plus seul de toute son existence.