Midgardienne

- XXVI -

Fée et ciel

Après le repas, Elsa était directement partie s'enfermer dans sa chambre. Elle alla se brosser les dents et enlever le fond de teint qu'elle avait sur le cou pour se coucher. Elle regarda attentivement les marques dans le miroir et pu constater qu'il n'y avait eu aucune amélioration.

Quoi de plus normal puisque cela ne faisait qu'une journée qu'elle les avait.

En sortant de la salle de bain elle s'étira et regarda sa chambre. Elle soupira en se rendant compte qu'elle l'avait laissée dans un énorme bazar. Elle commença donc à ramasser ses affaires avec aussi peu d'énergie qu'elle pouvait en mettre dans la tâche.

Sous son lit, ses doigts touchèrent quelque chose de froid. Elle attrapa l'objet et le regarda attentivement avant que les larmes ne lui viennent aux yeux.

Dans sa main pendait la chaîne d'un pendentif en argent. Une petite fée tenant une perle d'un bleu ciel entre ses toutes petites mains. Rapidement, elle se leva et enfila un gilet avant de sortir en trombe de sa chambre, en short et pied nus. Elle passa devant l'équipe réunie dans le salon en faisant fi de leurs regards interrogateurs et elle sortit sur la terrasse.

Quand elle y fut, elle sortit le télescope et le mit en place pour observer un peu le ciel. Regarder les étoiles et écouter de la musique étaient presque les seules choses qui arrivaient à la calmer rapidement. C'est pourquoi elle mit ses écouteurs dans ses oreilles et lança une de ses chansons préférées pour être la plus calme possible.

Elle se tourna légèrement, le collier toujours dans sa main pour chercher quelles constellations étaient présentes à cette heure-là.

Elle se mit alors à les énumérer dès qu'elle les voyait.

"Eridan, le fourneau, la baleine, les poissons, Andromède, Céphée, le dragon, petite et grande ourse, les chiens de chasse, la chevelure de Bérénice, le lion, l'hydre femelle, la boussole et la poupe."

Elle releva un peu la lentille pour reconnaître le cancer, le taureau ainsi que le cocher et enfin Orion.

"Cassiopée."

Elle l'avait trouvée, la fameuse constellation en W. Celle qui lui avait fait découvrir sa passion pour l'astronomie. Elle se souvenait que son père avait voulu l'appeler ainsi avant sa naissance mais que sa mère avait instantanément rétorqué.

Le prénom Elsa avait été finalement un coup de coeur de ses deux parents alors qu'ils avaient entendu une grand-mère appeler sa petite fille dans un parc.

Et quelques mois plus tard, elle naissait sous le nom d'Elsa Naomie Cassiopée Miller.

Elle sursauta quand quelqu'un posa sa main sur son épaule et elle retira vivement un de ses écouteurs en relevant la tête.

"Pardon, je ne voulais pas te faire peur."

Elle ferma les yeux une seconde en soupirant, essayant de calmer les battements frénétiques de son pauvre coeur.

"Ce n'est rien."

Elle fit un sourire à Thor et ramena une de ses mèches derrière son oreille. Le dieu remarqua immédiatement la chaîne qu'elle tenait toujours et lui demanda ce que c'était. Elle le rangea dans la poche de son gilet en décrétant que ce n'était rien. Elle ne voulait pas vraiment en parler.

Parce que ce collier avait appartenu à sa mère. Tous les jours de sa vie elle l'avait vu le porter et le jour de sa mort elle l'avait également autour du cou.

Elsa baissa les yeux et elle se mordit la lèvre en sentant de nouveau les larmes menacer de couler de ses yeux.

"Je ne savais pas que tu étais fan de ce genre d'observation."

Elle lui répondit tout en continuant de regarder.

"C'est mon père qui m'a transmis cette passion. Je me souviens que pendant un temps il venait me réveiller tous les jours à quatre heures du matin pour qu'on voit quelles étoiles avaient bougé depuis la veille."

Il laissa échapper un rire avant de lever la tête pour observer à son tour la voûte céleste.

"Je t'ai entendu les énumérer toute à l'heure. Tu as l'air de t'y connaître.

- Oui ! Je crois que je suis capable de reconnaître chaque constellation en un coup d'oeil.

- Ah ouais ?

- Hum hum, elle acquiesça."

Elle tourna la tête vers lui alors qu'il la regardait malicieusement, préparant quelque chose. Il leva de nouveau la tête vers le ciel et pointa un regroupement d'étoiles.

"Alors comment s'appelle celle-ci ?"

Elle regarda dans la direction qu'il pointait et se rapprocha de lui en plissant les yeux.

"Là, c'est Persée.

- Et ces étoiles là ?

- Les Pléiades.

- Là ?

- Bételgeuse, répondit-elle du tac au tac.

- D'accord. Et comment s'appelle celle-là ?

- C'est pas une étoile ça ! C'est Uranus."

Elle rit alors qu'il prenait un air dépité qu'elle arrive à tout reconnaître aussi simplement. Il finit par soupirer en se passant une main dans ses cheveux.

"Mais comment fais-tu ?

- Je sais pas... C'est un peu comme si j'avais observer le ciel de New York toute ma vie.

- Il faudrait que je te présente Jane !"

Elle rit en sachant pertinemment de qui il s'agissait. Jane Foster, le grand amour du dieu du tonnerre et accessoirement une très renommée astrophysicienne. Elle avait lu pas mal de ses travaux et trouvait sincèrement qu'elle méritait tous les prix qu'elle avait reçu pour ses recherches.

Elle songea que son père aurait adoré la rencontrer lui aussi.

Toujours dans ses pensées, sa tête se leva instinctivement pour que ses yeux soient encore et toujours époustouflée devant cet incroyable spectacle de lumière. Elle aimait la hauteur de la tour car la pollution lumineuse n'impactait pas cette vision qu'elle aimait plus que tout au monde.

Elle se sentait bien dans ces moments là. Elle était apaisée, calme quand elle était seule confrontée aux astres, à leurs mystères et à leur beauté. Parfois, elle en oublierait presque sa vie actuelle, l'endroit où elle se trouve et la situation dans laquelle elle est.

Elle est juste elle, en harmonie avec l'Univers tout entier.

"On ferait mieux de rentrer, il commence à faire plus frais.

- D'accord, souffla-t-elle."

Elle quitta le ciel des yeux pour ranger son télescope et elle suivit Thor à l'intérieur. Tranquillisée et ne pensant plus à ses proches ni à Hydra ou encore à Loki.

Sans se douter une seule seconde qu'il était là, tapi dans l'ombre et avait observé ce petit moment de paix qu'elle venait de passer.