Midgardienne

- VIII -

Promesse

Après le départ de Loki, Elsa avait beaucoup pleuré. Les images de ce tremblement de terre n'étant plus si violentes, elle avait tout de même conservé une respiration normale et elle n'avait pas fait de crise de panique. Natasha était restée à ses côtés jusqu'à ce qu'elle soit totalement calmée et avait fini par partir quand la jeune fille lui avait assuré qu'elle allait se rendormir.

Elle avait remercié les héros et Tony avait fermé la porte derrière eux. Mais elle ne s'était pas rendormie. Elle avait sorti son carnet de son sac et l'avait ouvert après avoir attrapé un crayon à papier et une gomme.

Ce carnet était un carnet de dessin que sa mère lui avait offert le jour de l'anniversaire de ses quinze ans et elle l'avait précieusement conservé depuis.

Elle avait toujours dessiné les choses qui l'entouraient, sa famille, les gens qu'elle croisait, les bâtiments qui l'entouraient.  Mais aussi ceux qu'elle voyait quand elle dormait. Désormais, son carnet n'était empli que de dessins de ce genre, presque tous les visages qui s'y trouvaient étaient des personnes décédées, des personnes qu'elle avait vu elle-même mourir, sans pour autant pouvoir y faire quelques chose.

Et cette fois elle dessinait cette mère et ce bébé dans ses bras, juste avant qu'elles ne se fassent écrasées par cet immense mur. Elle avait son visage, son regard était vide, ou plutôt plein de désespoir et de larmes, ancré dans sa mémoire.

Elle revoyait la scène. Elle s'était élancée pour tenter de les sauver, elle le souhaitait fortement, mais elle était arrivée trop tard.

Elle réussit à terminer son dessin rapidement et sachant qu'elle n'allait pas dormir, elle regarda l'heure.

Quelques heures plus tard, elle devait se rendre en cours et la motivation lui manquait. Elle s'habilla alors et monta sur le toit.

Caché dans une sorte de placard, elle sortit un télescope. La première fois qu'elle avait observé les étoiles, elle ne devait pas avoir plus de quatre ans et elle était avec son père. Lui, étant passionné d'astronomie, lui avait transmis sa passion pour l'observation de l'espace et de ses secrets.

La nuit, quand elle n'arrivait pas à dormir et qu'elle ne savait pas quoi faire, sa première réaction était de regarder les constellations à travers la fenêtre de sa chambre. En général, cela suffisait pour l'apaiser et elle retournait se coucher.

Seulement cette fois elle savait que cette nuit si elle retournait dormir elle pouvait tomber sur les mêmes sortent de rêves.

Alors elle regarda à travers l'oculaire pour apercevoir une de ses constellations préférées, Éridan. Elle tourna l'appareil pour regarder Jupiter et ses satellites principaux. Et enfin, elle aperçu Cassiopée.

Un doux sourire apparut sur son visage alors que les souvenirs revenaient.

Il faisait noir dehors et la nuit était fraîche. Mais cela n'avait pas empêché un homme d'emmener sa petite fille sur le toit de leur immeuble.

La petite fille emmitouflée sous une épaisse couverture, commençait à somnoler. Ses petits yeux se fermaient lentement avant de se rouvrir brutalement quand elle levait la tête, plusieurs fois de suite pendant qu'elle luttait contre le sommeil qui l'assaillait.

"Papa, j'en envie de dormir, dit-elle de sa voix fluette."

Il lâcha ce qu'il était en train de faire et s'approcha d'elle. Il posa ses mains sur ses épaules.

"Je sais ma puce, il est très tard et ta maman va encore me gronder, il fit une grimace la faisant rire. Mais je t'assure, elle sera bientôt là, il faut que tu la vois.

- Que je vois qui ?"

L'homme regarda sa montre avant de se diriger en courant vers un appareil qu'elle ne connaissait pas. Mais qu'elle avait déjà vu son père emmener avec lui quand il sortait tard le soir.

Elle le vit sourire avant de se tourner vers elle et de lui faire un signe de main pour lui dire d'approcher.

"Tu sais ce que c'est ça ?"

Elle fit non de la tête.

"C'est un télescope, il appartenait à ton grand-père."

Elle fronça les sourcils essayant de se rappeler de qui il s'agissait mais elle n'était pas sûre de l'avoir déjà vu.

"Elle est là, viens voir."

Elle s'approcha un peu plus et il lui montra un endroit où elle devait regarder. Elle vit des étoiles, ensemble elles formaient un W. Elle sourit tant ce spectacle était beau. Car tout autour de cet étrange forme, des milliers d'étoiles brillaient d'un éclat somptueux. Elle releva la tête pour regarder son père.

"C'est trop beau !"

Il rit en la voyant et s'agenouilla pour que leurs visages soient face à face.

"Ce que je t'ai montré c'est une constellation. Elle s'appelle Cassiopée et mon père à moi, me l'a montrée pour la première fois quand j'avais quatre ans.

- J'ai quatre ans moi !

- Oui c'est ça, tu as quatre ans, c'est pour ça que je voulais te la montrer.

- On pourra la revoir ? demanda-t-elle"

L'homme sourit et posa sa main sur la tête de l'enfant pour lui ébouriffer légèrement les cheveux.

"Autant de fois que tu  le voudras.

- Promis ?

- Oui, promis."

Il lui montra son petit doigt. Elle s'empressa de sortir son bras de sous la couverture et attrapa le doigt de son père avec le sien. Ils posèrent leurs fronts l'un contre l'autre et prononcèrent quelques paroles en même temps.

"Promis, juré, si je mens, je me fais mangé.

- Par un dragon ! ajouta-t-elle en riant"

Son père eut un rire franc avant de pousser un grognement disant qu'il était le dragon et qu'il allait la dévorer toute crue. Elle poussa un cri entre l'horreur et l'amusement et partit en courant dans la direction opposée. Il la poursuivit et ne tarda pas à la rattraper pour la prendre dans ses bras et la chatouiller.

Elle se débattit en riant alors qu'il posait un baiser sur son front.

"Je te montrerai toutes les autres constellations, je te le promets."

A ce moment-là, il avait le regard perdu dans l'immensité du ciel et sa voix était triste. Elle n'avait pas compris pourquoi cette nuit là. Elle n'avait pas encore compris qu'un jour, elle ne pourrait plus jamais le revoir et qu'elle serait là, à admirer les étoiles toute seule avec ces souvenirs inoubliables.

Un sourire tendre apparut sur ses lèvres alors qu'elle essuyait une larme furtive dans le coin de son œil.

"Tu as tenu ta promesse, Papa."