Chapitre 4

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Raven Clark

Cinq jours plus tard.

-Non mais tu y crois toi ? S'exclame Beth.

L'homme tenant la bibliothèque universitaire foudroie la principale intéressée du regard mais Beth ne baisse pas pour autant son volume sonore.

-Du coup j'ai pris la taille au dessus. J'espère le faire rétrécir à la machine, avec un peu de chance ça marchera.

Je pouffe face à sa technique dérisoire. Beth tenait absolument à s'acheter ce petit haut et pas un autre mais il n'y avait plus ce modèle à sa taille. Voilà comment elle comptait s'y prendre pour qu'il lui aille.

Le quinquagénaire baisse ses lunettes rectangulaires et fait mine de se racler la gorge tout en poursuivant sa lecture autour d'un monticule de paperasse.

-Je crois qu'on parle trop fort. Chuchotais-je.

Beth lève les yeux au ciel et il est temps que nous allions en cours. Nous traversons le campus verdoyant et nos pas sur le gravier se mélangeaient au brouhaha environnant. Nous entrons dans l'immense bâtisse en pierres et rejoignons notre salle d'amphi. Aujourd'hui nous étions même en avance !

Seulement une trentaine d'étudiants et mademoiselle Brown étaient présents et sortaient leurs affaires pour le cours. Pour cette fois j'aimerais me mettre devant. J'ai toujours été du genre à me mettre au premier rang, seulement je me devais d'abord de prendre mes marques ici pour m'y aventurer sans crainte. Car oui qui cela étonne que ce soit tout un exploit pour moi d'oser m'installer devant. Je me dirige vers l'avant de la salle et Beth me suit en râlant. En réalité elle l'ignore mais sa présence me donne la force de passer au travers des barrages que forgent ma timidité.

Je m'assois et sors mon bloc-notes et mon stylo plume tandis que la salle se remplissait petit à petit. Une fois tout le monde installé mademoiselle Brown passe sa main dans ses longs cheveux blonds et nous offre un sourire éclatant. Cette femme dégage une prestance fascinante. On sent tout de suite que c'est elle qui a le monopole dans la pièce et j'envie sa confiance en elle. Jamais elle n'hésite, ne bégaie ou ne baisse le regard face à nous. A sa place je serais sûrement rouge comme une tomate et je peinerais à aligner deux mots devant cent-soixante étudiants qui me fixent avec insistance.

-Bien. Aujourd'hui nous allons nous pencher sur un roman de Horace Walpole. Le Château d'Otrante ! Est-ce que quelqu'un peut me donner la date de publication ?

Lorsque notre professeur mentionne le titre du livre le flash-back du mec de la librairie me revient en mémoire. Cet abruti, je lui aurais craché ma haine au visage si j'avais pu. D'accord ce n'était qu'un livre mais son arrogance me faisait grincer des dents encore maintenant. J'ai horreur de ce genre de mec. Le genre à penser que tout leur est dû et que tout est acquis d'avance comme s'ils étaient Dieu en personne.

Mais il n'était pas affreux à regarder...

On s'en tape c'est pas le sujet !

-Mademoiselle Sanders ?

-1764 ! Répond ma voisine de table en mastiquant son chewing-gum.

La professeur ne reprend pas son comportement pour autant et opine de la tête.
Je crois qu'elle s'en fiche pas mal tant qu'on ne dérange pas son cours et qu'on est un temps soi peu sérieux, elle n'ira pas nous chercher des poux.

-Nous allons étudier ce roman gothique pour le mettre en relation avec La Chute de la maison Usher de Edgar Allan Poe. Annonce celle-ci pour mon plus grand bonheur.

Je suis une fan incontestable de Poe ! C'est un génie de la littérature ! J'ai lu toutes ses oeuvres et elles sont juste in-cro-yable. Miss Brown dû remarquer mes yeux brillants d'admiration car elle me glisse un sourire discret. Elle a vraiment l'œil partout.

DeviantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant