Chapitre 35

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Raven Clark

Nues et moites de transpiration nous retombons lourdement sur le matelas, essoufflés.

-Tu as aimé ? Demande Chester en plantant son regard dans le sien.

-C'était...C'était fou. Balbutiais-je en cherchant les mots.

Rien ne réussira à qualifier avec exactitude le délice et l'extase ressentit. Il a été à la fois rude et passionné, et je ne pouvais pas espérer mieux pour ma première fois. Au final, fou est le mot le plus adapté pour parler de nous, et de ce qu'il vient de se passer dans cette chambre.

J'appréhende le moment où il va me demander de me rhabiller et de partir mais il n'en fait rien. Au contraire il me surprend en m'attirant contre lui. Il enlace ses bras musclés autour de moi et me serre contre son torse, tourné vers le plafond. Je pose timidement ma joue contre son pectoral et l'écho des battements effrénés de son coeur me parviennent comme une douce symphonie.

Nous-nous perdons chacun dans nos pensées le temps de reprendre convenablement notre souffle. Le bout de mes doigts tracent les arabesques dessinées sur sa peau, lui provoquant la chair de poule.

-Vas-tu enfin me dire de quoi vous parliez Jill et toi ?

Je soupire et tend le cou pour croiser ses yeux brillants de curiosité. Je me réinstalle confortablement lové contre lui et reprend mes caresses les yeux dans le vague.

-De toi. Avouais-je.

-De moi ? Reprend t-il surpris.

-Oui. De ton passé et du terrible incident qui t'a conduit à l'hôpital à cause de ce Tony Rogers.

Une fois ma phrase terminée je retiens mon souffle, attendant les retombées. Mais rien ne vient. Pas même un grognement ou une menace pour avoir creusé dans sa vie privée. Juste un souffle saccadé s'échouant sur mon épaule parcourut de frissons.

-Je suis désolé, je-...

-Ne t'excuse pas. Me coupe t-il. Ce qui s'est passé est derrière moi maintenant.

Je comprend désormais l'admiration que lui porte ses amis et équipiers. J'ai face à moi un homme blessé qui tente par tous les moyens de dissimuler ses sentiments. Même quand ça ne va pas, Chester dira que tout va bien et il continuera à avancer coûte que coûte malgré la difficulté. Il ne se laisse jamais abattre, il garde la tête haute et il essuie les coups durs sans jamais se plaindre ou demander de l'aide. Il fait le dur mais je sais qu'au fond de lui se cache une face cachée qu'il a peur de dévoiler. Une part de fébrilité menaçant de renverser l'image implacable qu'il s'efforce de montrer.

Une atmosphère poignante prend place dans la pièce.

-J'ai autre chose à t'avouer. Ajoutais-je d'une petite voix en me redressant afin de capter ses iris nébuleuses.

-Je t'écoute. Me dit-il calmement.

C'est la première fois que je le vois aussi calme, aussi serein. Comme si il en avait marre de se battre, je perçois son masque se fissurer peu à peu sous mes yeux.

-Quand nous étions à San Francisco j'ai trouvé ton carnet en cuir par terre. Commençais-je. Je l'ai ouvert et j'ai vu tes dessins.

Les lèvres pincées j'observe sa réaction qui ne vient pas. Il se contente de me fixer d'un regard vide.

Et puis, quelque chose changea. Il se livra à moi avant même que je lui pose les questions qui depuis des semaines me brûlent la langue.

-J'ai grandi dans un quartier défavorisé jusqu'à l'âge de 17 ans. Un petit coin reculé en dehors du village de Danbury. Ma mère ne cessait de dire que j'étais un monstre parce que j'étais bien trop différent des autres enfants, incapable de ressentir des émotions. J'arboré toujours cette expression neutre qui rendait furieux mon père. Alors il me frappait. Raconte t-il avec un détachement effarant.

DeviantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant