Chapitre 9

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Raven Clark

Je reste tétanisée sur le pas de ma porte, des frissons d'effroi courent sur mon corps et je sens mon coeur s'affoler dans ma poitrine comprimée par la peur. L'air me manque et n'afflue plus dans mon sang. Je suffoque et me laisse glisser contre la porte en bois, la main agrippée au tissu de mon haut.

L'oxygène me manque et l'anxiété me broie de l'intérieur.

Qu'est-ce que ce malade me veut ?

A la simple pensée qu'on veuille me tuer, me rayer de ce monde moi aussi, l'étau de panique se resserre un peu plus autour de moi et ma vue s'embue de larmes. Je ne veux pas mourir. Je ne veux pas disparaître. Rien ne m'effraie plus que d'être oublié, comme si je n'avais jamais existé. Comme si toute mon existence n'avait était qu'un mirage éphémère.

Le fait qu'on puisse la balayer avec autant de facilité me terrorisée. J'ai déjà eu des pensées noires et l'idée du suicide ne m'a pas échappée étant plus jeune mais jamais je n'aurai le cran de m'éteindre de ma propre main. Parfois j'aimerais. Pour que je puisse enfin trouver le repos quelque part où personne ne me jugera. Quelque part où je serais protégée. Ce serait tellement plus simple que de continuer à subir ma vie.

Alors, je pourrais enfin rejoindre papa dans les cieux. Sentir son odeur si singulière et me blottir dans ses bras. Il me murmurait des mots doux et me dirait que je suis forte pour avoir lutté aussi longtemps. Que tout va bien maintenant parce qu'il est là et qu'il prendra soin de moi pour toujours.

-Papa.

Ma voix se brise dans un sanglot et mon corps est secoué par ma peine. Ravagée par la douleur et l'angoisse j'agonise seule dans la pénombre de mon petit appartement. La noirceur qui m'habite se manifeste et cogne de plus en plus fort à l'intérieur de moi. Elle me hurle de l'aider à sortir, de l'étouffer dans le feu.

Alors je lui donne ce qu'elle veut. Je me saisi de mon briquet en me hissant jusqu'à ma chambre et baisse mon short dans la précipitation. Mon pouce roule sur la molette et la flamme jailli du cylindre. J'admire la tige flamboyante danser sous mes yeux et la guide jusqu'à ma chair. Je réitère le processus.

1 j'inspire. 2 j'expire. 3 je recommence.

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

1.2.3

Seuls les échos de mes halètement et de mes litanies emplissent la chambre faiblement éclairée par l'astre vierge.

-1...2...3... Soufflais-je

La brûlure me paraissait douce. Comparable à une caresse sur ma peau laiteuse, elle taisait mes démons et soulageait mes maux.

Je ne sais combien de temps je suis resté là à me faire du mal pour me soigner, mais l'intérieur de ma cuisse est désormais rougie sur plusieurs centimètres. Je passe délicatement mon index sur ma peau à vif et la sensation des lésions sous mon doigt me donne un haut le coeur. Je me dégoûte.

La douleur ne m'atteint plus. Elle m'est même devenue agréable. Elle me soulage. Comme si avoir mal me permettait de respirer à nouveau.

Je ravale mes larmes et me redresse sur mes jambes en me déshabillant. Je plie soigneusement les vêtements que Beth m'a prêté et traverse mon petit appartement. Je glisse sous la douche où je reste une bonne heure. Enfermée dans ma bulle.

DeviantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant