Deviant

Chapitre 6

Raven Clark

Je l'entends jurer et ne demande pas mon reste en prenant une nouvelle fois mes jambes à mon cou.

Heureusement et bizarrement il ne m'a pas suivi et je suis rentrée chez moi en taxi complètement terrorisée. Je me souviens vaguement de ce qu'il s'est passé ensuite. Je crois m'être laissé tomber sur le parquet de ma chambre, puis une crise d'angoisse a pointée le bout de son nez, m'engloutissant dans un trou noir. Je me suis calmée je ne sais combien de temps après et suis restée là assise par-terre les jambes repliées et les bras autour de mes genoux, la tête contre le mur à me repasser les images de cette scène macabre en boucle sans jamais s'arrêter.

Je n'ai évident pas fermer l'oeil du reste de la nuit. Qui le pourrait ?

A présent l'aube se lève et pénètre dans la petite pièce exiguë à travers les rideaux. Je me lève assénée de courbatures et cherche mon portable du regard.

Dans ta poche Raven, réfléchis un peu.

Je l'en extirpe et regarde l'heure qui affiche 06 heures pile et aucune nouvelle notification n'apparait. En même temps qui m'enverrai un message ? A par Beth je n'ai personne, ma mère ne compte pas. D'ailleurs ça m'étonne qu'elle ne m'est pas encore appelé ça fait bientôt une semaine que je suis ici et une semaine que j'ai laissé ma chambre vide de ma présence à Cleveland.

Le ventre encore tout retourné de la veille je ne mange rien et prends la direction de la salle de bain. Une bonne douche me fera du bien. Pendant que je me lave, des flashs de la veille me torturent dès que je ferme les yeux. J'entends encore ce cou de feu siffler dans mes oreilles. J'ai encore la sensation du vent glacial sur ma peau et son regard sombre impassible sous le clair de lune reste ancré en moins, indélébile. Je frictionne ma peau avec plus d'ardeur comme si ça allait m'aider à oublier ces images d'horreur et soupire, créant une nuage de buée sur la paroi de douche.

Devrais-je en parler ? Bien sûr quelle question qui d'assez saint d'esprit ne foncerai pas directement chez les flics !
Mais pourtant je ne le fais pas. Je suis là entrain de me doucher dans mon appartement miteux et je n'ai pas le courage de sortir affronter la réalité. Parce que le dire à voix haute rendrait toute cette histoire encore plus vraie que nature et je ne veux pas le croire. Je ne veux pas croire que j'ai assisté à un meurtre en pleine nuit dans les rues de Manchester. Non je ne veux pas. Mais il le faut. Je suis perdue. Je ne sais pas quoi faire.

J'aimerais pouvoir en parler à Beth mais j'ai vu assez de films qui tournent mal pour savoir que la connaissance mène au danger. Si je lui en parle non seulement elle flipperai mais en plus de ça, ça la mettrai en danger et je ne veux pas être égoïste en la mettant dans la merde avec moi. Parce que qui sait, peut-être que ce dégénéré mental me trouvera et alors il me tuera et elle avec s'il apprend que je lui ai raconté tout ce que j'ai vu.

Un énième soupire s'échappe d'entre mes lèvres et je coupe le jet d'eau. Je m'essuie le corps puis enroule ma longue chevelure dans une serviette avant d'enfiler un jeans simple et un tee-shirt. Et s'il m'espionnait ? Et s'il m'avait vue nue entrain de me doucher ou même hier soir faire ma crise d'angoisse ? Le stresse me monte à la gorge.

-Tu racontes n'importe quoi. Me dis-je à moi-même en regagnant le salon.

Je vais devenir folle. De toute façon il ne m'a pas suivi donc il ne sait pas où j'habite. Je suis bien consciente que je tente de me rassurer comme je peux mais après tout comment pourrait-il me retrouver ?

Je prends la télécommande et allume la télé. La première chaine sur laquelle je tombe est BBC News. Une femme en blazer parle à toute allure et le titre déroule sur mon écran. "Un cadavre a été déterré ce matin dans le compté de Grand Manchester". Des frissons me parcourent et je monte le son, incrédule.