Incompatibles

Chapitre 4 - Le jour et la nuit

Flavio parcourait les couloirs de l'immense château de Lunaris, à la recherche du roi Adams. Il grognait bruyamment, visiblement énervé de devoir courir dans les moindres recoins du château pour retrouver son compagnon de guerre.

Le jeune homme, âgé de 22 ans, était le guerrier le plus connu du royaume, ses exploits au combat aux côtés des révolutionnaires avaient été racontés dans toutes les chaumières. Chacun connaissait son nom et son visage, tous l'admiraient et le craignaient. Il avait la réputation d'être un homme sanguinaire, cruel et sans pitié.

Il soupira d'agacement et se dirigea vers la chambre du roi. Il tambourina à la porte et entra en coup de vent. Quelqu'un poussa un petit cri de surprise. La pièce était immense et aménagée avec luxe, un grand lit était installé au fond, dans lequel se trouvait une jeune femme et un homme. La demoiselle tirait le drap sur son corps visiblement nu en rougissant de honte.

— Adams, je te cherche depuis une heure, grogna Flavio. Tu ne devrais pas être en train de t'amuser à cette heure-là.

L'homme entrouvrit les yeux d'un air paresseux et bâilla longuement. Il passa un bras autour de la taille de la jeune femme et la tira contre son torse.

— Mais je suis hyper occupé là, je travaille à construire des liens forts avec la population du royaume.

— Si tu penses que la diplomatie passe par ton lit, je te laisse te taper le Comte Swan, il est en train de monter une rébellion contre toi. Coucher avec lui devrait régler le problème. Je voulais juste te prévenir, mais étant donné que je te dérange dans ton travail éreintant, je m'en vais.

Sur ces mots, Flavio sortit de la chambre et en claqua la porte. Le roi Adams se leva d'un coup et rejeta la femme de sa chambre. Au moment où elle allait partir, il la retint par le bras.

— Je te veux ce soir dans mon lit. Sans faute.

La jeune femme hocha la tête et un sourire coquin naquit au coin des lèvres d'Adams.

— Parfait, pars maintenant.

Quelques instants plus tard, il rejoignit Flavio dans une salle de réunion.

— Alors comme ça, le Comte Swan organise un soulèvement contre moi ?

Flavio le regarda, l'air mécontent. Il l'invita à s'asseoir à ses côtés et lui montra les cartes qu'il était en train d'étudier, ainsi que les différents messages qu'il avait reçu d'observateurs sur place. Ils travaillèrent ensemble plus d'une heure sur une manière de contre-attaquer. Les deux hommes représentaient le jour et la nuit. Leurs physiques étaient parfaitement opposés, tout autant que leurs caractères. C'était extrêmement étonnant qu'ils s'entendent aussi bien. Flavio représentait la nuit avec ses cheveux et ses yeux sombres, sa peau pâle et son caractère taciturne, tandis qu'Adams incarnait le jour, ses cheveux étaient blonds comme les blés, ses yeux d'un bleu profond, sa peau était matte naturellement. Son côté lumineux transparaissait aussi dans son comportement, bien plus extraverti que celui de son compagnon.

Adams se leva brusquement, un sourire fier plaqué sur son visage.

— Nous allons les massacrer, lâcha-t-il en riant.

Ses yeux bleus brillèrent malicieusement et il tapa Flavio dans le dos.

— Allez, Flav', respire un peu. La guerre est terminée, tu peux profiter maintenant.

Flavio le fusilla du regard et lui répondit froidement.

— Je ne pense pas que ça sera aussi simple. Nos hommes sont épuisés et n'ont pas envie de retourner au front, et tu n'es au pouvoir que depuis deux ans, ta position n'est pas encore bien assise.

Adams le regarda en bâillant et haussa les sourcils.

— J'ai eu une nuit épuisante, déclara-t-il.

Flavio leva les yeux au ciel, l'air exaspéré.

— Qui était l'heureuse élue de ta nuit ?

— Elle s'appelle Iris, c'est la fille aînée du baron Saint-Yves.

— Tu te tapes des filles de baron, toi maintenant ? Je croyais que tu prenais des filles avec de meilleurs titres de noblesse...

— Elle est si charmante que j'ai totalement fait abstraction de la noblesse de son sang. Je compte d'ailleurs la revoir ce soir.

— Au lieu de multiplier les conquêtes, tu devrais plutôt te trouver une épouse afin de construire des alliances durables, grogna Flavio.

Les traits du jeune homme étaient crispés, son visage était complètement fermé. Il avait l'air contrarié en permanence. Parfois, Adams se demandait si son camarade savait sourire ou s'amuser. Le roi grimaça légèrement.

— Je ne compte absolument pas me marier maintenant. Je suis jeune, beau et séduisant. Et je suis roi aussi. Je souhaite profiter encore un peu de tous les avantages que me confèrent ma position. Et d'ailleurs, toi aussi tu devrais peut-être commencer à t'intéresser à ce sujet. Maintenant que tu as un nom célèbre et un titre de duc, il te faudrait une petite femme qui puisse t'aider à te détendre un peu quand tu rentreras de mission.

Adams lança un clin d'œil amusé à son compagnon. Il aimait tellement l'agacer, c'était un de ses jeux préférés. Flavio passa une main dans ses cheveux, l'air embêté. Il ne prit même pas la peine de répondre à Adams.

Il sortit de la salle de réunion et descendit aux écuries. Il s'approcha d'un grand cheval noir comme l'ébène et le caressa doucement au niveau de l'encolure. Il l'enfourcha et partit au trot en dehors du château. Il fit ensuite accélérer son cheval. Il traversait les prairies et les champs à la vitesse de l'éclair. La vitesse le grisait et le faisait se sentir bien. Ses parents seraient fiers de lui. Du moins il l'espérait. Il avait réussi, il les avait vengés. Leur tortionnaire et assassin était mort de sa main il y a quelques mois. Mais Flavio ne se sentait pas apaisé pour autant.

Il se souvenait des grands yeux bleus du garçon qui l'avait observé tuer son père de sang-froid. Il se souviendrait sûrement toute sa vie du regard indécryptable du fils d'Angus, qui, après avoir perdu sa mère, venait de perdre aussi son père. Finalement, n'avait-il pas fait subir à cet enfant ce qu'Angus lui avait lui-même fait subir ? N'avait-il pas répété la même erreur ?

Flavio regrettait presque sa soif de vengeance. Il était heureux d'avoir pu venger ses parents, mais il savait que d'une manière ou d'une autre il avait blessé ce petit garçon qui le regardait avec tant d'admiration et de crainte.

Flavio arrêta son cheval en haut d'une butte et admira la vue qui s'offrait à ses yeux. Le château était impressionnant avec ses hauts murs et le village paraissait si paisible. La vie avait bien repris après la guerre. Au fond de lui, il se jura de protéger la vie de ces paysans, ils lui rappelaient énormément ses parents et le courage qu'ils avaient de se lever tous les matins pour mener à bien un travail difficile et ingrat.

***

Hiiiii encore un nouveau chapitre !! Vous avez bien aimé ?

Est-ce que vous aimez bien Adams et Flavio ? Perso, Adams me fait bien rire hehe !

Groooos bisous et merci d'avoir lu !