Chapitre 15 - Départ

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Alya grimaça légèrement en apprenant la nouvelle. Elle n'avait pas peur de partir à la guerre, elle n'avait pas peur de se battre, ni de risquer sa vie. Pourtant, une amertume certaine résidait au fond de son esprit. Sa vie commençait tout juste à reprendre un cours normal. Elle avait enfin l'opportunité de vivre tranquillement, de rencontrer de nouvelles personnes, de prendre soin d'elle en toute sérénité.

Elle sentait bien que partir à la guerre contre le Comte Swan allait bouleverser son quotidien paisible. Cependant, elle ne laissa rien paraître. Les autres soldats de la garde rapprochée du roi n'avaient, eux non plus, pas l'air ravis de partir.

Alya lâcha un lourd soupir en entrant dans sa chambre. Théo l'y attendait déjà. Il avait commencé à mettre de côté les effets essentiels dont elle aurait besoin pendant les jours à venir. La jeune femme le remercia chaleureusement avant de se diriger vers la salle de bain. Elle souhaitait prendre un dernier bain avant de devoir vivre dans la crasse et le sang.

Elle se déshabilla puis observa son corps dans le miroir. Alya ne se regardait que très peu, elle n'était en rien une jeune femme coquette. Elle ne s'était jamais trouvée jolie, et son corps adolescent et frêle ne l'aidait pas à paraître mature.

Pourtant, à cet instant précis, elle se trouva presque séduisante. Pour la deuxième fois de la semaine, elle constata que ses cheveux avaient poussé très rapidement. Ils effleuraient doucement la pointe de ses épaules. De belles boucles blondes encadraient son visage et faisaient ressortir le bleu de ses yeux. Alya trouva que sa poitrine avait aussi pris en volume, ce qui rendait sa silhouette plus attrayante. Chaque jour, son corps prenait une apparence de plus en plus féminine, qui devenait à chaque fois plus difficile à dissimuler.

Elle pris un bain rapide, s'habilla et fut vite prête à rejoindre les soldats et à partir en direction du domaine du Comte Swan. Théo lui tendit un sac contenant de quoi se changer au besoin et le nécessaire pour panser d'éventuelles blessures.

Alya dégringola les escaliers à la vitesse de l'éclair. Tous les soldats attendaient devant le château qu'elle arrive. Flavio soupira d'exaspération en la voyant approcher.

— Tu aurais pu te dépêcher, nous t'attendons depuis tout à l'heure.

Alya se sentit rougir en constatant que tous les regards étaient braqués sur elle. Adams était déjà installé sur le dos de son cheval et semblait s'impatienter. Il ne jeta pas le moindre coup d'œil à son nouveau soldat. Le cœur d'Alya se serra, les mois à venir n'allaient pas être drôles si tout le monde la considérait comme une étrangère incompétente.

Théo lui apporta la jument qu'elle avait montée quelques jours auparavant. Le regard de la jeune femme s'éclaira, cet animal était magnifique et respirait l'énergie et la fougue. Elle lui flatta l'encolure avec douceur avant de l'enfourcher avec légèreté. Elle profita quelques secondes du sentiment de puissance qui l'envahissait à chaque fois qu'elle montait à cheval. Des ricanements retentissant derrière elle la firent rapidement revenir à la réalité. Elle se retourna et vit Thomas lui jeter un regard méchant, un sourire moqueur plaqué sur ses lèvres.

— Si tu as trop peur de venir, tu peux encore renoncer tu sais, lui lança-t-il.

Alya ne prit même pas la peine de lui répondre. Flavio et Adams étaient déjà partis au galop, suivis de près par Auxence. La jeune femme rattrapa le mage et entama la conversation avec lui. Elle évitait soigneusement son regard, ne souhaitant surtout pas sentir de nouveau les maux de tête dont elle souffrait dès qu'elle plongeait ses yeux dans les siens.

Même si Auxence représentait une très grande menace pour la préservation de son secret, Alya sentait qu'elle pouvait lui faire confiance. Le jeune garçon était particulièrement atypique, mais il respirait l'honnêteté et la bienveillance.

Les heures passèrent lentement, la garde rapprochée traversa le domaine de Lunaris. A leur passage, les villageois sortaient de leur maison, un air interrogateur plaqué sur leur visage. La guerre allait-elle reprendre de plus belle ?

Alya aperçut au loin le château de Ruthswald. Les souvenirs l'envahirent brusquement et ses yeux se remplirent de larmes. A la recherche de la moindre faille chez son adversaire, Thomas ne rata pas l'occasion de l'humilier de nouveau.

— Tu pleures déjà ? Tu veux peut-être que j'appelle ta maman ?

Une nouvelle fois, Alya ne réagit pas et se contenta de le toiser. Auxence se retourna brusquement vers Thomas et leva la main en direction de son cheval. Celui-ci rua violemment et jeta son cavalier au sol. Alya et Auxence partirent tous les deux au galop en riant. La jeune femme remercia le mage qui lui lança un sourire lumineux.

— J'avais envie de faire ça depuis des mois.

Flavio et Adams, qui avaient pris un peu d'avance, s'étaient arrêtés en entendant le brouhaha. Le chevalier fronça les sourcils, visiblement très contrarié. Il attrapa les rênes de la jument d'Alya et la stoppa.

— Qu'est-ce que tu lui as encore fait ? grommela-t-il.

Alya lui arracha sèchement les rênes des mains.

— Je n'ai rien fait, ce n'est pas de ma faute si vos soldats sont incompétents au point de ne pas savoir monter à cheval sans tomber.

Auxence haussa les épaules en regardant le roi, l'air de dire « elle a raison ». Tous les quatre repartirent en éclaireurs, tandis que les autres soldats restaient à l'arrière, attendant que Thomas se remette de ses émotions.

Un silence lourd s'installa entre les quatre cavaliers, jusqu'à ce qu'Auxence prenne la parole.

— Vous pensez que vous allez en trouver un deuxième pendant cette campagne ?

— Pas devant Ali, s'il te plaît, le coupa Adams.

Alya leur lança un regard rempli d'incompréhension.

— Un deuxième quoi ?

— Rien qui ne te regarde, répondit Flavio.

Alya grogna, agacée. Elle sentait que de nombreux secrets lui échappaient, et cela commençait à la frustrer énormément. Elle allait protester lorsque Flavio lui dit de se taire violemment. Elle allait protester de nouveau lorsque ses yeux s'arrondirent de surprise.

Ils stoppèrent leurs chevaux et se regardèrent, interloqués. Un énorme trou se trouvait au centre de la forêt. La terre était retournée en tous sens, les arbres étaient déracinés. La scène qui se déroulait devant eux semblait tout droit sortie d'un rêve. Ou plutôt d'un cauchemar.

***

Nouveauuuu chapiiiiitre

Qu'en pensez-vous ?

Que s'est-il passé dans la forêt ? 

Allez je vos fais de gros bisous les ptits chous, merci de lire et de commenter <3

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