Alya cala son dos contre un arbre, savourant le sentiment d'avoir l'estomac plein. Un rayon de soleil vint chatouiller son visage et elle ferma les yeux, profitant de l'énergie régénératrice qui lui était offerte. Elle se perdit tranquillement dans ses pensées sans faire attention à son environnement extérieur jusqu'à ce qu'elle entende distinctement le bruit des sabots d'un cheval frappant le sol.
Elle se releva, tous ses sens étaient en éveil. Son instinct lui criait de partir le plus vite possible d'ici. Alya rabattit la capuche de sa cape sur son visage et s'enfonça dans la forêt. Elle tentait d'être la plus discrète possible, mais cela ne suffisait visiblement pas. Elle entendait le galop du cheval qui se rapprochait toujours plus d'elle. Paniquée, elle essaya de courir plus vite, mais sa nuit sans sommeil et ses deux dernières années enfermée et mal nourrie ne lui permettaient pas de maintenir longtemps un effort physique important.
Son pied heurta la racine d'un arbre et Alya tomba au sol. Sa joue s'écrasa dans la poussière. Elle gémit de douleur en attrapant son bras. Elle s'assit sur le sol et le regarda, il formait à présent un angle très étrange et peu normal pour un bras. Elle étouffa un juron et tenta de le remettre dans le bon axe, sans succès.
— Arrête de forcer comme ça sur ton bras comme un idiot, tu vas encore plus te blesser, grogna quelqu'un derrière elle.
Elle n'eut même pas le temps de se retourner qu'un homme lui attrapa le bras et l'examina doucement. Il était accroupi devant elle et l'écrasait de toute sa hauteur. Il paraissait immense et très charpenté, ses cheveux d'un noir de jais tombaient sur son front, dissimulant légèrement des yeux noirs comme un puit. Cet homme lui rappelait quelqu'un. Elle savait qui il était. Elle jeta un regard sur son bras et réprima un léger haut-le-cœur. Il commençait à devenir violacé et cela lui faisait terriblement mal. Le jeune homme tâtait doucement la blessure, ses longs doigts fins parcouraient la peau d'Alya, jusqu'au moment où il lui enserra le poignet avec force et, d'un geste de connaisseur, il remit son bras en place. Elle poussa un léger cri de douleur.
L'homme se releva et toisa la jeune femme.
— Alors comme ça, c'est toi le voleur du village ?
Alya garda la tête baissée et ne prononça pas un mot. Elle se leva et tourna le dos à l'inconnu. Elle commença à marcher, s'éloignant de lui.
— Qui t'a autorisé à partir ? demanda-t-il d'une voix autoritaire.
Alya ne répondit toujours pas. Si elle l'ignorait, il allait sûrement lui foutre la paix. Mais il ne comptait pas la laisser partir tranquillement. Il la suivit et l'attrapa par l'épaule pour la stopper. Alya ne prit même pas la peine de se retourner. Elle ne voulait pas voir cet homme. Plus jamais.
— J'aimerais que l'assassin de mon père cesse de me toucher, dit-elle avec froideur.
— Je suis l'assassin du père de beaucoup de personnes, répondit-il avec encore plus de froideur dans la voix.
Alya dégagea son épaule de son emprise et se tourna vers lui. Pour la première fois, elle leva les yeux vers cet homme qui ne semblait pas se souvenir d'elle. C'est à cet instant qu'il la reconnut. Enfin, qu'il « le » reconnut. Flavio, car c'était bien lui, reconnut tout de suite les grands yeux bleus qui l'observaient. Il se souviendrait toute sa vie de ce regard. Du regard du garçon dont il venait de tuer le père.
Flavio recula d'un pas et s'humidifia les lèvres, l'air embêté.
— Ruthswald... marmonna-t-il. Je savais que tu me poursuivrais.
Il s'éloigna un peu et fit les cent pas, réfléchissant à la meilleure manière de régler le problème qui se présentait devant lui. Il soupira avant de reprendre son éternel air agacé.
— Qu'est-ce que tu fais ici ?
— Je souhaite me rendre au château de Lunaris, je veux voir le roi.
Flavio lui lança un regard moqueur et observa avec curiosité l'accoutrement de la jeune fille. Il est vrai qu'elle n'avait pas fière allure. La longue cape qu'elle portait dissimulait à peine sa maigreur et l'état d'usure des vêtements qu'elle portait. La capuche avait glissé de sa tête et dévoilait ses cheveux mi-longs, emmêlés et sales. La tenue qu'elle portait était tâchée de sang. Flavio remarqua également qu'elle avait reçu un coup violent au niveau du crâne.
— Que t'est-il arrivé ?
— Rien que ne te regarde, répondit-elle sèchement.
Flavio haussa un sourcil, légèrement amusé.
— Je te rappelle que tu es un voleur, je peux faire en sorte que tu ne survives pas à la fin de cette journée.
— J'en ai rien à faire.
Et Alya s'éloigna de lui d'un bon pas, prenant la direction de l'orée de la forêt. Elle avait déjà perdu suffisamment de temps pour la journée.
— Il ne te recevra pas.
Alya l'ignora et continua son chemin.
— Les villageois vont te tuer dès qu'ils te verront.
Elle continua de faire la sourde oreille.
— Je veux t'aider.
Elle se retourna, un demi-sourire ironique sur les lèvres.
— Je n'ai besoin de rien venant de toi, et surtout pas de ton aide.
Elle le planta là, au milieu de la forêt, avec son cheval. Elle aussi aurait bien aimé avoir un cheval pour se déplacer plus vite. Elle sortit des bois et observa la zone. Elle voyait le château au loin, mais elle se rendit vite compte qu'elle ne pourrait pas l'atteindre sans passer par le village, à moins de faire un vaste détour par la montagne. Elle soupira de frustration et décida de passer par le village. Si elle marchait encore quelques heures de plus, elle allait risquer de mourir d'épuisement et de douleur. Elle n'avait pas fait tout cela pour mourir aussi près du but.
Elle dissimula son visage derrière sa capuche et entra dans le village. Elle n'avait pas fait un pas que plusieurs habitants lui sautèrent à la gorge.
— Le voleur ! Le voilà ! Attrapez-le !
Le bruit courut rapidement que le voleur était de retour sur le lieu de son larcin, les villageois se rassemblèrent autour d'Alya qui ne savait pas comment réagir.
— Faisons justice par nous-mêmes, brailla le boulanger. Coupons-lui les mains pour qu'il ne puisse plus jamais voler.
Un murmure d'approbation parcourut la foule. Alya trembla légèrement. Dans quel pétrin s'était-elle fourrée ?
— Tout va bien, je m'en occupe, dit une voix forte à l'entrée du village.
Flavio était juché sur son grand cheval noir et observait la foule. Un air goguenard naquit sur son visage lorsqu'il croisa le regard d'Alya.
— Je vais l'emmener au château, ils se chargeront de son cas.
Les villageois s'écartèrent et Flavio avança jusqu'à Alya.
— Alors, incapable de survivre plus de cinq minutes ? railla-t-il en la toisant.
Elle fit une grimace de frustration. Flavio lui tendit la main pour l'aider à monter sur le cheval. Elle l'ignora totalement et se hissa seule derrière lui. Elle retint un gémissement de douleur lorsqu'elle s'appuya sur son bras blessé. Flavio partit immédiatement au galop vers le château de Lunaris.
Alya passa ses bras autour de la taille de Flavio pour ne pas chuter, mais garda son corps le plus éloigné possible de celui du jeune homme. Elle ferma les yeux quelques secondes et profita du vent qui dansait dans ses cheveux. Enfin, elle allait pouvoir rencontrer le roi et récupérer son domaine. Enfin. La souffrance arrivait à sa fin.
***
Hiiiiii un nouveau chapiiiitre !! J'ai trop trop hâte d'avoir vos avis !!
Alors, la rencontre Flavio / Alya, vous en dites quoi ?
Vous avez aimé ce chapitre ?
Grooos bisous et à bientôt !!!
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Incompatibles
FantasyQuelle serait votre réaction si, après avoir été enfermé dans une tour depuis vos 16 ans, vous vous retrouviez brusquement projeté dans la vie d'un soldat du roi ? Si vous deviez partir à la guerre aux côtés d'un homme aussi mystérieux, froid et vio...