Chapitre 21 - Affrontement

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— Ali ! Réveille-toi !

Alya grogna légèrement, quelqu'un la secouait en la tenant par l'épaule. Elle se blottit encore plus dans son lit improvisé et resserra sur elle la cape qui lui tenait chaud.

— Non, il est hors de question que je bouge d'un seul centimètre, déclara-t-elle d'une voix endormie.

Elle entendit quelqu'un pouffer de rire à côté d'elle. Peu à peu elle revint à ses esprits et ouvrit les yeux. Elle tomba de nouveau nez à nez avec Flavio, les cheveux ébouriffés et un sourire moqueur sur les lèvres.

— Bah alors, on est pas du matin ? ironisa-t-il.

Alya soupira et s'allongea sur le dos. Elle scruta le plafond de la grange jusqu'à réaliser quelque chose qui lui semblait étrange. Cape... Elle avait donné sa cape à Colin pour la nuit pour ne pas qu'il ait froid. Pourquoi avait-elle une cape sur elle ?

Elle inspira doucement et reconnut une odeur masculine et légèrement mentholée qu'elle avait déjà sentie.

— Pourquoi est-ce que ta cape me sert de couverture ? articula-t-elle en essayant de s'extirper du lourd morceau de tissu.

— Tu grelottais dans ton sommeil, je ne pouvais pas te laisser comme cela. Garde-la, il fait encore plus froid dehors que dans la grange.

Alya obtempéra. Il est vrai que les températures étaient vraiment faibles. Flavio était bien assez grand pour savoir s'il avait ou non besoin de sa cape. Elle le remercia et se leva. Ils sortirent ensemble et prirent la relève d'un soldat prénommé Gabriel et d'Auxence, sur les genoux duquel dormait le petit Colin. La jeune femme eut quelques difficultés à se déplacer à cause de la lourdeur de la cape, mais aussi de sa longueur. Le chevalier à qui elle appartenait était bien plus grand qu'elle, ce qui faisait que le tissu trainait sur le sol.

Flavio et Alya s'installèrent près du feu pour ne pas trop souffrir du froid. Aucun d'entre eux n'ouvrait la bouche, ils étaient chacun plongés dans leurs pensées. Alya rabattit la capuche de la cape du chevalier sur son visage. Malgré la chaleur du feu, elle sentait son corps se refroidir à la vitesse de l'éclair. Elle claqua des dents bruyamment malgré ses efforts pour ne pas montrer qu'elle avait froid.

Sans dire un mot, Flavio s'approcha et passa un bras sur les épaules d'Alya. Il commença à lui frotter le dos et les bras pour tenter de la réchauffer. La jeune femme lui jeta un regard interrogateur.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ? lui demanda le jeune homme.

— En temps normal tous les soldats se seraient moqués de moi et du fait que j'aie froid, pourquoi tu m'aides ?

Flavio perdit son regard dans les flammes qui dansaient devant lui.

— Tu sais, on a tous fait notre première campagne à un moment ou à un autre. Je me souviens de la mienne pendant la guerre. C'était difficile, j'avais tout perdu, mes parents, mon foyer, ma maison. Je ne connaissais personne, j'étais seul et j'avais peur. Personne n'est jamais venu m'aider ou me soutenir. Je fais juste avec toi ce que j'aurais aimé qu'on fasse pour moi.

Alya se sentit perdue quelques secondes. Alors comme ça, l'homme qui se tenait devant lui, décrit comme étant le meilleur combattant du royaume et l'homme le plus sanguinaire de Lunaris, avait lui aussi eu peur ou froid à ses débuts.

— Avec le temps, on s'endurcit et on oublie ce que c'est que de faire ses premiers pas dans le monde de l'armée. On oublie que les gens ont un cœur et ont des sentiments.

Tout en parlant, Flavio continuait de la réchauffer doucement. Alya ne s'était jamais imaginé que cet homme pouvait agir avec autant de prévenance et de douceur.

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