Chapitre 31 - Froideur

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Alya cherchait du réconfort à tout prix. Elle souffrait de cette situation qui lui semblait incompréhensible. Il y a quelques semaines, elle ne savait même pas que les mages existaient. Elle était enfermée dans une tour et son seul souhait était de mourir. Elle était à présent obligée de reconnaître comme réelles des histoires qu'elle pensait être des contes pour enfants. Elle vivait au milieu de soldats. Elle partait à la guerre. Et un homme faisait doucement battre son cœur. Trop d'évènements s'étaient déroulés en un laps de temps trop court.

La jeune femme déglutit bruyamment et aperçut la silhouette massive de Flavio au loin. Il était debout près du torrent qui longeait leur campement. Son armure brillait au soleil et sa cape volait au vent. Il semblait être en contemplation profonde de l'eau qui s'écoulait rapidement dans un charmant bruit de clapotis. Il tournait le dos à Alya, mais elle pouvait imaginer sans difficulté l'expression qui habitait son visage à cet instant précis. Comme à son habitude lorsqu'il était contrarié, ses lèvres devaient être légèrement pincées et ses sourcils froncés.

Elle s'approcha vers lui et il se retourna en l'entendant arriver. Son air était grave et soucieux. Alya baissa la tête pour ne pas pouvoir lire dans ses pensées. Ce pouvoir l'épuisait. Sans cesse, elle avait accès aux idées les plus intimes des gens, à leurs réflexions les plus profondes, et cette intrusion constante dans leur vie privée la mettait plus que mal à l'aise.

La jeune femme sentit le regard de Flavio lui brûler le visage. Elle leva timidement les yeux vers lui et lui sourit avec douceur.

— Est-ce que tu vas bien ? lui demanda-t-elle.

Il haussa les épaules et ne répondit pas. Il lui tourna de nouveau le dos et s'assit dans l'herbe. Le torrent coulait à quelques centimètres de ses chaussures. Flavio attrapa un petit galet et le lança dans l'eau. Il contempla les dizaines de cercles qui apparaissaient à la surface de l'eau à l'endroit où la roche avait plongé.

Alya s'assit à ses côtés et lui reposa sa question. Une nouvelle fois il ne répondit pas. La jeune femme fut frappée par sa froideur. Aucun sourire. Aucun geste tendre. Aucune réponse. Elle se lécha les lèvres nerveusement. Qu'avait-elle pu faire de mal pour qu'il se comporte ainsi ?

Elle posa délicatement sa main sur le bras du chevalier. Il sursauta à ce contact inopiné et la repoussa.

— Flavio, que se passe-t-il ?

— Je veux juste être seul. Laisse-moi tranquille.

Il avait mis quelques secondes à prononcer ces mots qui transpercèrent le cœur d'Alya. La jeune femme ravala sa fierté et se leva lentement. Elle se mordit l'intérieur des joues pour empêcher les larmes de lui monter aux yeux. Elle voulait juste du réconfort.

— Très bien, répondit-elle calmement.

Et elle s'éloigna d'un pas déterminé. Elle longea le torrent et s'éloigna du campement des soldats. Si aucune personne vivante ne pouvait lui apporter de soutien, alors elle irait le chercher dans la nature. Elle marcha longuement entre les herbes et contempla les petits poissons qui nageaient dans l'eau. Elle aperçut également des grenouilles qui bondissaient de pierre en pierre pour aller se réfugier sous un tas de terre. Ce contact avec la nature l'aida à s'apaiser.

Instinctivement, Alya posa la main sur le médaillon qu'elle avait accroché à son cou. Elle effleura du bout des doigts l'or du bijou. A quoi allait-il bien pouvoir lui servir ? Elle s'assit sur un rocher qui surplombait le torrent et elle décrocha la chaîne qui retenait le pendentif. Elle observa le médaillon sous tous ses angles. Elle le secoua dans tous les sens, se demandant s'il pouvait contenir quelque chose. Rien. Elle tenta de palper chacune des petites gravures, à la recherche d'un mécanisme caché. Rien de nouveau. Elle l'examina pendant de longues minutes mais le mystère du médaillon ne se résolvait pas. Rien, rien, rien. Tel était le résultat de ses recherches.

Perdue dans ses pensées, elle posa le médaillon à côté d'elle et tenta de se concentrer. Avait-elle déjà un pendentif comme celui-ci ? A quoi pouvait-il bien servir ? A qui avait-il appartenu ? Les questions se multipliaient dans son cerveau et, sans qu'elle n'y fasse attention, son pied heurta le médaillon qui tomba dans le torrent dans un « Plouf » retentissant. Alya sursauta et se pencha pour regarder vers l'eau. Elle ne vit pas le pendentif. L'eau coulait à toute vitesse et formait de larges bouillons, l'empêchant de voir le fond du torrent.

Elle descendit lestement de son rocher et pénétra dans le torrent. L'eau était glaciale et le courant fort, menaçant de la faire tomber à chaque instant. Alya respira fortement pour essayer de garder son calme. Elle savait que ce médaillon était potentiellement important, et elle venait bêtement de le perdre.

Elle se mit à genoux dans l'eau, qui lui arrivait jusqu'aux épaules. Elle palpait le sol avec ses deux mains, dans l'espoir d'attraper le médaillon. Mais elle ne trouvait que des cailloux arrondis, d'une forme similaire à celle du pendentif. Alya frappa l'eau d'un geste rageur. La nuit commençait à tomber, et plus le temps passait, plus ses chances de retrouver le bijou s'amoindrissaient.

Brusquement, elle s'immobilisa. Elle avait entendu un bruit. Elle tourna la tête de tous les côtés, mais elle n'aperçut rien de suspect. Elle continua ses recherches plus discrètement, attentive à tous les bruits qui pouvaient provenir des rives du torrent.

Alya sursauta violemment. Elle avait vu une silhouette sombre passer derrière un arbre. Elle en était certaine. Ses doigts effleurèrent dans l'eau un petit objet qui pouvait être son pendentif. Elle sortit la main de l'eau et l'or du médaillon brilla à la lueur du soleil couchant.

Une nouvelle fois, elle vit une silhouette se déplacer avec discrétion. Prenant conscience du fait qu'elle était à découvert et pas armée, elle se redressa pour se mettre à l'abri, lorsqu'une forte lueur dorée l'éblouit. Elle mit sa main devant son visage pour protéger ses yeux de la lumière violente. C'est à cet instant qu'elle sentit la lame bien aiguisée d'un poignard lui entailler la joue.

Alya gémit de douleur et entrouvrit les yeux. La lumière dorée irradiait du médaillon. Sur la rive, Alya vit distinctement un homme debout, un nouveau poignard à la main. Si le premier n'avait pas atteint sa cible, Alya savait que l'homme ne referait pas la même erreur avec le deuxième. Elle pataugea dans l'eau pour essayer de sortir du torrent, mais elle tomba. Elle vit du coin de l'œil l'homme lever le bras, prêt à jeter son deuxième poignard. Elle ferma les yeux et se crispa, attendant de sentir l'arme se planter entre ses omoplates.

Mais le coup n'arriva jamais. Elle se retourna et vit la grande silhouette de Flavio immobiliser l'homme et lui trancher la gorge. Alya sortit rapidement du torrent et le rejoignit, essoufflée et sous le choc. Mais le jeune homme la regarda à peine. Il soupira d'agacement et partit en direction du campement d'un bon pas.

— La règle numéro une quand on est en terrain ennemi, c'est de ne pas s'éloigner du groupe.

Alya haussa les sourcils, surprise. Le comportement de Flavio était incompréhensible.

— Flavio, que t'arrive-t-il ?

— Rien. J'ai juste besoin de réfléchir.

— Réfléchir ne t'empêche pas de me parler et d'être aimable.

Le jeune homme se retourna brusquement vers Alya. Toute son attitude respirait l'agacement, voire l'énervement.

— Je ne te dois rien. Laisse-moi. 

***

Helloooooooooooooo ! 

Que pensez-vous de ce nouveau chapitre ? Est-ce que vous avez bien aimé ? 

Le comportement de Flavio est bizarre, pourquoi à votre avis ? 

Le médaillon aussi est chelou hahaha, quelles sont vos hypothèses ?

Hésitez vraiment pas à commenter et à voter si vous aimez bien cette histoire, c'est un tout petit geste qui est hyper encourageant et gratifiant pour moi ! J'adore lire vos commentaires et y répondre quand j'en ai le temps !!!

Mille fois merci à tous ceux qui m'ont laissé des messages trop trop gentils, vous êtes des anges et je suis ravie que vous aimiez cette histoire <3

Gros gros gros bisous et à très bientôt !

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