Chapitre 29 - Le Triptyque des Pouvoirs

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Alya cligna des yeux à plusieurs reprises, incrédule devant le bric-à-brac qui habitait la maison. Pas un seul centimètre carré de mur n'était vide. Des cadres, des armes, des animaux empaillés, des gravures, des dessins, étaient fixés sur les murs de la maisonnette. La pièce principale était un grand bureau, lui aussi plein à craquer. Les meubles étaient couverts de rouleaux de parchemins ouverts, certains étaient même étalés sur le sol.

Un à un, les soldats entrèrent dans la maison d'Hector et se tassèrent dans le bureau, essayant de ne pas marcher sur un des objets jonchant le sol. Flavio se plaça derrière Alya et posa ses mains sur sa taille.

— Je ne comprends pas ce qui se passe, mais j'espère qu'il pourra nous aider, chuchota le chevalier à l'oreille de la jeune femme.

Alya hocha la tête, perdue dans ses pensées. Plus les jours passaient, plus les différents mystères qui gravitaient autour d'elle semblaient s'épaissir. Il y a quelques semaines, elle ne savait même pas que les mages existaient. Aujourd'hui, elle était dans la chaumière du doyen des mages du royaume, et elle avait elle-même des pouvoirs.

Elle tourna la tête en entendant un éclat de rire. Colin avait grimpé sur les épaules du vieil Hector et jouait avec sa longue barbe. L'aveugle ne sembla pas s'en formaliser, il tâtonna quelques secondes et trouva un fauteuil dans lequel il s'affala sans grâce aucune. Il souffla de manière impolie dans la direction de Flavio.

— Bon, vous voulez quoi ?

Alya entendit Flavio déglutir. Le jeune homme ne semblait pas très à l'aise dans cette chaumière, mais il prit son courage à deux mains.

— Comme vous l'avez senti, Auxence a perdu ses pouvoirs. Ils ont été mystérieusement absorbés par Ali.

Hector pencha la tête sur le côté, et sourit méchamment. Il se leva et parla quelques instants dans sa barbe.

— Ah, quand ils ont besoin de mon aide ils savent venir me trouver. Sinon, ils me laisseraient crever au milieu de mes carottes.

Personne n'osa couper le vieillard, qui se retourna brusquement vers son assemblée. Ses yeux transparents se braquèrent sur Alya. La jeune femme eut l'impression que mille aiguilles transperçaient son corps. Elle hoqueta quelques secondes face à cette étrange sensation et lança un regard interrogateur à Auxence. Elle croisa son regard et put lire dans ses pensées.

« Ne t'inquiète pas, il s'y connaît et il sait ce qu'il fait. »

Alya se sentit légèrement rassurée, jusqu'au moment où Hector se remit à parler, cette fois-ci avec une voix d'outre-tombe.

— Je sens une magie puissante. Une magie puissante dans cette pièce. Une magie ancestrale que personne n'a manipulée depuis des années. Une magie qui a été interdite pour sa dangerosité.

Les yeux du vieil homme se révulsèrent et la jeune femme eut un sursaut de peur. Il tendit son bras vers elle et l'attrapa par le cou.

— Qui es-tu ? cria-t-il en resserrant sa prise sur son cou, ses yeux toujours révulsés.

Flavio réagit immédiatement. Il écarta sans difficulté le vieux mage et l'assit de nouveau dans son fauteuil.

— Hector, calmez-vous. Ali n'est pas un danger pour qui que ce soit.

Le mage reprit une attitude normale et ricana.

— Qu'est-ce que tu en sais ? La magie qui coule dans ses veines a été interdite il y a plusieurs siècles. Même si elle ne veut pas être dangereuse, elle le sera un jour ou l'autre. Ce n'est pas une magie anodine. Elle est indomptable. Incontrôlable. Et surtout mortelle.

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