Chapitre 17 - Coco

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Malgré son ton blagueur, Alya ne put ignorer le regard noir que lui adressa le roi. Ses yeux bleus comme l'azur la scrutaient. Elle baissa la tête, se demandant ce qui l'attendait.

— Thomas, peux-tu s'il te plaît emmener notre jeune invité faire une petite promenade ? demanda le roi en souriant.

Le soldat ronchonna en jetant un regard de dégoût sur l'enfant.

— C'est un ordre, trancha sèchement le souverain.

Thomas attrapa la main du petit garçon sans aucune douceur. Ce dernier s'accrocha au pantalon de toile d'Alya et commença à pleurer à chaudes larmes. Le soldat finit par réussir à l'éloigner. Dès qu'ils eurent fait quelques mètres ensemble, le roi mit pied à terre et s'avança d'un pas nerveux vers Alya.

— Un enfant ? cria-t-il presque. Mais à quoi penses-tu ?

La jeune femme sursauta légèrement et haussa les sourcils, surprise par l'attaque.

— Il était seul dans la forêt, on ne peut pas le laisser seul comme cela. D'autant plus que des choses étranges semblent se produire, il a besoin d'être protégé et ramené chez lui.

— Ramené chez lui ? répéta Flavio d'un ton railleur. Tu as idée du nombre d'orphelins que la guerre a fait ? Et du nombre de gamins qui errent dans les forêts de Lunaris ?

Alya prit une grande inspiration. Elle sentait l'énervement monter en elle. Flavio reprit :

— On ne pourra jamais retrouver ses parents, ils sont très sûrement morts. Et au vu du nombre d'enfants abandonnés, on ne pourra pas non plus lui trouver une famille d'accueil.

Alya n'avait rien à répondre. Elle trouvait cela absurde et inhumain de laisser un enfant seul, livré à lui-même dans la forêt, mais elle comprenait la complexité de la situation. Les soldats ne pouvaient bien évidemment pas s'occuper de ce petit garçon.

— On est des soldats, pas des nourrices ! lança un soldat au sourire édenté.

Les autres approuvèrent bruyamment. Alya regarda dans la direction de Thomas. Ce dernier semblait en difficulté avec l'enfant. Il se débattait en tout sens en hurlant de toute la force de ses poumons.

— Mais cet enfant a besoin d'aide, le devoir des soldats du royaume n'est-il pas de protéger la population de Lunaris ? demanda-t-elle.

Adams haussa les épaules, un air un peu triste plaque sur son visage.

— Ali... Les choses ne sont pas si simples. Nous partons en ce moment-même en mission pour protéger la population, mais notre mission risque d'être compromise si un enfant nous accompagne. En voulait protéger un seul petit garçon, nous mettons en danger toutes les personnes qui vivent proches de la frontière entre Lunaris et le domaine de Comte Swan.

— Qu'aurais-je donc dû faire ? Le laisser seul ? L'abandonner ?

— Tu n'aurais surtout jamais dû t'éloigner du reste des soldats. Nous devons toujours rester groupés. Si tu avais respecté cette règle, nous ne serions pas dans cette situation.

La réponse de Flavio n'était absolument pas satisfaisante aux yeux d'Alya, mais au vu de son air buté elle allait devoir s'en satisfaire.

— Que fait-on maintenant ? demanda la jeune femme d'une petite voix.

— On le laisse ici, dit sèchement Adams.

— Il en est hors de question ! s'exclama Alya.

Thomas s'approcha d'eux. Il tenait le petit garçon dans ses bras et semblait être totalement tombé sous son charme. Il s'amusait à le chatouiller, ce qui faisait éclater de rire l'enfant.

— Il est totalement inconcevable de l'abandonner, dit Thomas sur un ton qui n'autorisait aucune concession. Je n'ai pas d'enfant, mais si j'étais père, j'aurais apprécié que quelqu'un s'occupe de mon fils, le soigne et lui permette de vivre une enfance à peu près normale. Je sais que vous êtes des soldats, que vous avez fait la guerre, que vous avez vu des horreurs, mais si vous avez un peu de cœur, ne laissez pas cet enfant seul.

— Thomas, on part à la guerre. Ce n'est pas un lieu pour un enfant. Je m'attendais à des réflexions plus profondes de ta part.

Le soldat baissa la tête sous le poids du reproche que lui faisait Flavio.

— Seul dans une forêt n'est pas non plus sa place. Il est de notre devoir de protéger chaque citoyen, indépendamment de ce que ça va nous coûter. De plus, nous n'allons pas atteindre la frontière avant quelques jours, nous avons le temps de prendre une décision à son sujet, ou de le confier à une famille qui s'occupera bien de lui.

Adams soupira d'agacement et remonta sur son cheval.

— Nous avons assez perdu de temps comme cela. Faites ce que vous voulez de cet enfant, je m'en moque. Débrouillez-vous.

Alya adressa un regard plein de reconnaissance à Thomas. Même si leur relation était difficile depuis quelques jours, elle était ravie de son aide qui allait lui permettre de veiller sur le petit garçon de la forêt.

— Merci de ton aide, Thomas.

Le soldat leva les yeux vers le ciel et se hissa sur le dos de son cheval.

— Je l'ai fait pour le gamin, pas pour toi.

Sur ces mots, il partit rejoindre le roi Adams et Flavio. Alya aida l'enfant à se hisser sur le dos de son propre cheval et s'installa derrière lui.

— Tu es bien assis, ça va ?

L'enfant hocha la tête, mais ne prononça toujours aucun mot. La jeune femme lança son cheval au petit trot sur le chemin de terre que la garde rapprochée du roi venait d'emprunter. Elle était bonne dernière. Elle les rattrapa rapidement et plaça son cheval au même rythme que celui du cheval d'Auxence, qui fermait la marche.

Le jeune mage lui adressa un sourire compatissant.

— Si tu veux je pourrais t'aider avec le garçon. Il a clairement besoin de soins.

Alya le remercia chaleureusement.

— Je suis un peu inquiète, il n'a pas sorti un mot depuis tout à l'heure, est-ce que tu penses qu'il sait parler ?

Le jeune mage prit un air dubitatif.

— S'il erre depuis la fin de la guerre dans la forêt, c'est possible qu'il n'ait jamais appris à parler. Mais il a l'air de nous comprendre, donc je pense qu'il est soit muet, soit il est victime d'un traumatisme qui fait qu'il refuse de parler. C'est assez commun chez les jeunes enfants.

— Je t'avoue que je ne m'y connais pas trop dans le domaine des enfants, rit Alya. J'espère qu'il ira bien en tout cas. Je ne connais pas son nom, comment allons-nous l'appeler ?

— On a qu'à l'appeler Ouistiti le temps qu'on sache comment il s'appelle ! lança Auxence dans un éclat de rire.

Le petit garçon tapota la main d'Alya et le regarda avec désapprobation.

— Il n'a pas l'air d'apprécier...

— Bon alors on va lui donner un vrai prénom ! Que dis-tu de Colin ? Comme ça on pourra le surnommer Coco !

— Allez, va pour Coco ! dit Alya, ravie de ce nom.

Colin lui tendit alors sa petite main, un grand sourire plaqué sur son visage. Elle prit sa petite main fine dans la sienne, heureuse. Elle avait l'impression d'avoir fait une bonne action, et cela la comblait.

***

Truc de diiiingue deux nouveaux chapitres en deux jours !!!

Hehehe j'espère que vous l'avez bien aimé !

Finalement Thomas n'est pas si méchant!!

Qu'en pensez-vous ? 

A bientôt les zamis <3

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