Chapitre 11 - Le mage

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Flavio cherchait Ali. Il avait eu une longue conversation avec Adams à son sujet. L'histoire d'Ali l'avait touché, mais le roi restait tout de même dubitatif. La haine qu'il éprouvait envers la famille Ruthswald était telle qu'il avait de grandes difficultés à faire confiance au jeune garçon qui lui avait raconté l'enfer de sa vie à cœur ouvert.

Il croisa Théo dans un couloir et lui demanda où se trouvait Ali. Celui-ci lui expliqua que le jeune homme était parti faire du cheval, mais qu'il lui avait demandé de rester dans la zone d'entraînement équestre. Flavio haussa un sourcil, intrigué. Lorsqu'il avait ramené Ali au château de Lunaris, il s'était déjà aperçu qu'il semblait relativement à l'aise avec les chevaux.

Le chevalier prit la direction du camp d'entraînement. Il n'entendait aucun bruit de sabots de chevaux et il s'agaça intérieurement. Ali avait sûrement décidé de n'en faire qu'à sa tête et était parti se balader en dehors du château. Son agacement disparut à la vitesse de l'éclair lorsqu'il découvrit la scène qui l'attendait à la zone d'entraînement équestre. Ali tenait son cheval par l'encolure et pleurait toutes les larmes de son corps. Maintenant qu'il s'était approché, Flavio pouvait distinctement entendre les sanglots du garçon. Son cœur se serra. Jusqu'à présent, le chevalier s'était montré plutôt courtois avec Ali du fait de son rang de futur duc, mais il avait toujours trouvé que le jeune homme était particulièrement horripilant.

Mais aujourd'hui, Flavio avait découvert que la personnalité du jeune Ali était bien moins facile à cerner qu'il le pensait initialement. Il détestait la médiocrité et la faiblesse, mais la détresse du jeune homme l'avait touché en plein cœur, il s'identifiait particulièrement à Ali.

Flavio toussota doucement pour attirer l'attention d'Ali, qui semblait plongé dans une réflexion profonde. Le garçon sursauta et s'éloigna du cheval, tout en essuyant ses larmes d'un revers de manche. Il aperçut le chevalier qui l'observait et se composa un sourire de façade.

— Flavio ! Me trouves-tu fascinant au point de m'espionner ?

Le chevalier ricana, l'insupportable Ali n'était donc jamais loin ! Mais derrière cet air dur que se donnait le jeune homme, Flavio percevait parfaitement bien la fragilité qui brisait la voix d'Ali.

— Non, je ne t'espionne pas, je pensais simplement que tu voudrais savoir ce que le roi pense de ta situation.

Ali se dirigea vers lui en tenant son cheval par la bride de son harnais, l'air intéressé. En réalité, son cœur battait la chamade, son avenir allait se jouer dans les secondes qui suivraient.

— Le roi ne te fait pas confiance, lâcha Flavio avec froideur.

Le visage d'Alya se décomposa, elle n'obtiendrait donc jamais son titre de duc.

— Cependant, il accepte de te laisser une chance. Le roi Adams souhaite que tu lui prêtes allégeance en tant que chevalier, et que tu partes à la guerre à ses côtés. Si tu fais tes preuves, alors le titre de duc de Ruthswald te sera octroyé et ta famille sera de nouveau dans les bonnes grâces du roi.

Alya sentit qu'un poids immense s'enlevait de sa poitrine. Elle n'avait pas encore gagné la bataille, mais il y a avait de l'espoir. Elle n'avait pas peur de devenir un soldat, et elle était prête à montrer au roi et à son compagnon de guerre ce dont elle était capable.

— Cette solution me convient parfaitement, je n'ai juste aucun équipement avec moi, et mes deux années d'enfermement ont quelque peu altérées mes capacités physiques.

— Ce n'est pas un problème. Des sessions d'entraînement régulières ont lieu au château, tu auras l'occasion de reprendre des forces. Sois assuré que je ne te ferai aucun cadeau.

Et Flavio tourna les talons, laissant Alya seule avec son cheval.

— Sois assuré que je ne te ferai aucun cadeau gnagnagna, dit Alya en singeant le chevalier.

Elle lâcha un long soupir d'agacement et une moue énervée apparut sur ses lèvres. Elle ne supportait pas Flavio. Elle exécrait son attitude condescendante et froide, et se dire qu'elle allait être sous ses ordres ne l'enchantait guère. Mais elle n'avait pas le choix, elle devait faire ses preuves.

Heureusement pour elle, elle avait été entraînée à manier l'épée et à monter à cheval dès son plus jeune âge. Alya était relativement confiante, elle savait que son niveau était plus qu'acceptable.

Elle rejoignit rapidement sa chambre et expliqua la situation à Théo. Le jeune serviteur était heureux d'apprendre que le jeune homme charmant dont il s'occupait allait rester plus longtemps à Lunaris, mais au fond de lui il était inquiet. Affreusement inquiet même. Il savait que la guerre n'était pas une partie de plaisir et que de nombreux soldats n'en revenaient pas.

Il emmena Alya dans une grande cour, où de nombreux équipements de combat et d'entraînement se trouvaient. Il dénicha une grande épée qu'il remit à la jeune fille et l'équipa pour qu'elle puisse se protéger et se défendre au mieux.

Il lui montra ensuite l'endroit où les soldats prenaient leur repas. L'heure du déjeuner était proche et l'espace était plein à craquer. Personne ne fit attention à l'arrivée d'Alya, à l'exception d'un garçon qui se tenait au fond du réfectoire. Alya croisa son regard et fut prise d'un vertige violent. Elle baissa les yeux et se contenta de regarder discrètement le garçon. Il était nonchalamment appuyé contre le bar et observait toutes les personnes qui se trouvaient dans la pièce. Il devait avoir environ dix-huit ans. Son physique était plutôt banal, à l'exception de ses yeux. Ils avaient la couleur de l'améthyste. Personne ne venait lui parler, il semblait assez isolé.

Alya donna un coup de coude à Théo pour attirer son attention et lui demanda qui était ce jeune homme.

— Il s'agit d'Auxence. C'est le mage le plus puissant du royaume de Lunaris. Nombreuses sont les légendes qui circulent à son sujet, mais personne ne connaît réellement l'étendue de ses pouvoirs. Il participe grandement à la protection de l'armée du roi.

Alya hocha la tête sans répondre. Elle s'installa à une table avec Théo et ils commencèrent à prendre leur repas. Ils bavardaient joyeusement jusqu'au moment où le dénommé Auxence se dirigea vers eux et s'assit en face d'Alya.

— Ali de Ruthswald, dit Auxence en la fixant.

— Auxence, je suis ravi de faire ta connaissance, répondit Alya d'un ton un peu froid.

Son regard croisa celui du jeune mage et elle fut prise d'un nouveau vertige.

— Je vois que ma réputation est déjà parvenue jusqu'à tes oreilles.

— En effet, répondit Alya en fronçant les sourcils de douleur.

Un abominable mal de tête lui enserrait le crâne. Le mage continuait de la fixer. Théo n'osait pas interrompre le lourd silence qui s'était installé entre Alya et Auxence.

— Puis-je faire quelque chose pour toi ? demanda Alya sèchement.

Auxence secoua la tête et haussa les épaules.

— Non, pas spécialement. Je suis juste un peu dubitatif. Je sens une très forte énergie magique dégager de toi, mais je ne comprends pas d'où elle vient.

Il se leva de table et partit, sans autre forme de procès, laissant Alya complètement perdue. 

*** 

Désolée pour ces quelques jours d'attente, j'ai eu un emploi du temps abominablement chargé ces derniers jours...

J'espère que vous avez bien aimé !

Quelles sont vos hypothèses ?

Que pensez-vous d'Auxence ? 

Et de la décision de Flavio et d'Auxence ? 

Merci d'avoir lu, je vous fais de gros gros bisouuuuus !

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