Chapitre 16 - L'enfant

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Alya déglutit et lança un regard d'incompréhension aux hommes qui l'entouraient. Tous fixaient la scène avec un mélange d'effroi et de désarroi. Flavio fut le premier à réagir. Il sortit son épée de son fourreau et avança lentement au milieu des arbres arrachés et de la terre retournée. Auxence leva les mains vers le ciel et deux boules de feu se formèrent au creux de ses paumes. Le jeune mage scrutait les lieux, le nez froncé. Sa concentration semblait particulièrement intense, il était prêt à passer à l'attaque.

Alya se lécha nerveusement les lèvres et sortit son épée, ne sachant pas à quoi s'attendre. Elle suivit Flavio qui déambulait sur les lieux, un air perplexe plaqué sur son visage. Le roi et Auxence restèrent en arrière, attendant de savoir si un danger réel les attendait dans cette forêt.

Malgré le chaos qui se trouvait tout autour d'eux, les lieux paraissaient tout à fait paisibles. Alya n'avait pas besoin de tendre l'oreille pour entendre les oiseaux chanter et un petit papillon voletait autour d'elle. L'atmosphère n'était pas lourde comme lors de la guerre qui s'était déroulée il y a deux ans. Au contraire, le lieu semblait paisible, l'air sentait bon le jasmin et le chèvrefeuille. Les rayons du soleil filtraient au travers des feuilles des arbres, éclairant d'une lueur orangée les silhouettes d'Alya et de Flavio. La jeune femme stoppa son cheval à côté de celui du chevalier et baissa sa garde. Et croisa le regard noir comme la nuit de Flavio et se perdit quelques secondes dans la profondeur de ses yeux. Il se pencha vers la frêle silhouette de la jeune femme et posa la main sur son épaule.

— Reste sur tes gardes, lui souffla Flavio. Je ne sais pas ce qui s'est passé ici, mais ce n'est absolument pas normal.

Il éperonna son cheval et s'en alla le plus silencieusement possible entre les arbres déracinés. Alya lâcha un long soupir et entendit des bruits de sabots derrière elle. Le reste des soldats, Thomas en tête, venait de les rejoindre. Auxence et Adams restaient en arrière, devant le trou béant qui se trouvait au centre de la forêt. Le mage conservait toujours dans ses paumes des boules de feu.

Alya était vraiment interloquée par Auxence. Sa capacité à créer des boules de feu et à lire dans les pensées était tout simplement exceptionnelle. Lorsqu'elle était petite, elle passait des heures à parcourir les vieux livres poussiéreux qui se trouvaient dans la bibliothèque du château de Ruthswald. Ils étaient le plus souvent peuplés de créatures merveilleuses qui vivaient dans des royaumes lointains, ou alors ils racontaient des histoires d'amour magnifiques, où la noblesse et la beauté des sentiments des héros triomphaient toujours.

Elle avait toujours rêvé de pouvoir vivre dans un monde similaire à celui des contes ou des légendes qu'elle avait lus dans son enfance. Pourtant, plus elle grandissait, plus son côté rationnel prenait le dessus. Son espoir de découvrir quelque chose de merveilleux dans le monde qui l'entourait s'étiolait au fil de jours, mais sa rencontre avec Auxence faisait ressortir en elle son amour pour les choses fantastique et hors normes. Finalement, cette rencontre lui redonnait foi en la vie en faisant renaître en elle son âme d'enfant.

Alya réalisait petit à petit que son oncle lui avait fait perdre deux années de sa vie. Deux années qui auraient dû être pleines d'insouciance et de joie, mais qui se sont révélées facteur de souffrances et de peur. Et elle s'apercevait à présent qu'elle avait besoin de retrouver un semblant d'insouciance. Elle le faisait en taquinant ou en se moquant de Thomas, ou encore en s'extasiant sur les pouvoirs impressionnants d'Auxence.

Son attitude pouvait paraître enfantine, mais elle était en réalité symptomatique de l'horreur des heures qu'elle avait pu vivre, et qui lui avait arraché une partie de son innocence.

Alya s'était perdue dans ses pensées et déambulait entre les arbres, un vague sourire plaqué à ses lèvres. Les soldats fouillaient les alentours, à la recherche d'une éventuelle menace. Thomas était descendu à l'aide d'un de ses camarades dans le trou béant qui se trouvait dans la forêt. Aucune piste n'était laissée de côté par la garde rapprochée du roi. Aucune, ou presque.

La jeune femme fut tirée de ses pensées lorsqu'elle aperçut qu'un morceau de tissu rouge vif, était accroché à une branche. Alya mit pied à terre et attrapa le bout de tissu. Il s'agissait d'un mouchoir, sur lequel étaient brodés les mots « Je t'aime, mon enfant. » Il était usé et visiblement rapiécé à certains endroits, il avait sûrement dû servir de doudou à un jeune enfant.

Alya regarda autour d'elle mais rien de plus n'attira son regard. Elle fit demi-tour et commençait à se diriger à pieds vers les soldats, lorsqu'elle entendit un bruit de sanglots. Elle tendit l'oreille et se dirigea rapidement vers un arbre gigantesque qui n'avait pas été déraciné. Les sanglots se firent plus forts. Elle fit le tour de l'arbre et découvrit à son pied un très jeune enfant recroquevillé. Il leva les yeux vers Alya, ses joues étaient noires de terre et les larmes qui y coulaient creusaient des torrents plus clairs. Ses bras entouraient ses petites jambes. L'enfant avait tout au plus quatre ou cinq ans.

Alya s'accroupit devant lui et lui caressa doucement les cheveux.

— Bonjour petit, comment tu t'appelles ? Que t'arrive-t-il ?

Le petit garçon sembla se calmer mais il garda le silence. Il observait Alya avec de grands yeux interrogateurs. La jeune femme passa la main sur ses bras et se rendit compte qu'ils étaient couverts d'hématomes violacés. Alya sentit sa gorge se serrer face à la douleur de l'enfant. Qui donc avait osé faire du mal à un aussi petit garçon ?

— Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire de mal. Je peux t'aider, mais je voudrais que tu me dises qui tu es, où sont tes parents et ce qui s'est passé ici.

Une nouvelle fois l'enfant ne répondit rien, il continuait d'observer les faits et gestes d'Alya. Ses sanglots s'étaient calmés, mais des larmes continuaient de couler le long de ses joues.

Alya soupira légèrement et se redressa. Elle tendit les bras vers le garçon pour l'inviter à se relever mais ce dernier ne bougea pas d'un iota. Il recommença à pleurer bruyamment. La jeune femme sortit de sa poche le mouchoir trouvé auparavant et l'approcha du visage du petit garçon pour essuyer ses larmes et lui permettre de se moucher.

En apercevant le mouchoir, l'enfant se calma immédiatement. Il l'arracha presque des mains d'Alya et le frotta doucement contre sa joue. Il lança un sourire lumineux à la jeune femme et se leva avec vivacité. Il tituba légèrement, sûrement épuisé des choses qu'il avait pu vivre au cours de sa journée. Alya le prit par la main puis le hissa sur ses épaules. Elle attrapa les rênes de son cheval et marcha en direction des soldats, qui s'étaient rassemblés près du trou. Tout en marchant, Alya parlait avec douceur au petit garçon.

— Ne t'inquiète pas, on va aller voir mes amis, on va s'occuper de toi, tu ne seras plus jamais seul, ne t'inquiète pas.

Flavio fut le premier à apercevoir Alya, accompagnée de l'enfant. Ses yeux s'arrondirent de surprise et un juron bruyant s'échappa de sa bouche. Adams lui coupa la parole vivement.

— Chuuut, pas devant les enfants ! lança-t-il, un air dramatique plaqué sur son visage.

***

Youhouuuuuuu le nouveau chapiiiiitre !!!

Vous en avez pensé quoi ? 

Que pensez-vous de l'évolution de l'histoire ? 

Que s'est-il passé dans la forêt ? 

Et qui est cet enfant visiblement abandonné ? 

Voili, voilou, j'espère que vous aimez toujours cette histoire, merci de me lire, je vous fais de grooooooos bisous !!! 

IncompatiblesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant