Chapitre 8 - Escapade interdite

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Alya avait passé une soirée merveilleuse. C'était si agréable de pouvoir parler et rire avec quelqu'un. Théo l'avait fait rire pour la première fois en deux ans. Elle se coucha tôt après avoir pris un repas particulièrement conséquent. Lorsque Théo fut parti, elle s'affala lourdement au milieu des coussins qui ornaient son lit. Elle soupira de bonheur en posant sa main sur son estomac. Elle n'avait plus faim, plus faim du tout. Cette soirée lui avait fait énormément de bien, elle retrouvait enfin foi en l'humanité et recommençait à penser que la vie valait la peine d'être vécue.

Elle se blottit dans la couette, bien au chaud, et profita de ce moment de bien-être. Pendant deux ans, elle n'avait pas mangé à sa faim, elle n'avait pas parlé ni ri, elle n'avait pas dormi dans un vrai lit. Pendant deux ans, elle avait survécu bien plus qu'elle n'avait vécu. Elle sombra rapidement dans un sommeil profond.

Un rayon de soleil caressait doucement son visage et le réchauffait. Un sourire bienheureux ornait le visage d'Alya. Elle ouvrit lentement les yeux, éblouie par la lumière qui pénétrait dans sa chambre. Elle se redressa et s'étira longuement en baillant. Elle avait excellement bien dormi. Elle se dirigea vers la fenêtre et l'ouvrit en grand. Elle inspira longuement l'air frais du matin et écouta les oiseaux chanter dans les jardins du château. C'était donc ça, la vraie vie ?

Elle s'habilla rapidement et enfila une longue cape qui lui permettait de dissimuler son corps fluet, peu caractéristique de celui d'un jeune homme de dix-huit ans. Elle sortit rapidement de sa chambre, souhaitant profiter de la fraîcheur de la matinée. Elle dévala les escaliers à toute allure, sa cape battant sur ses chevilles, ses boucles blondes rebondissant au rythme de ses pas.

Elle arriva dans un grand hall qu'elle contempla quelques instants. Plus elle découvrait ce château, plus elle le trouvait magnifique. Elle se retourna vers l'escalier qu'elle venait de descendre et grimaça légèrement. Elle était incapable de retrouver sa chambre, elle ne se souvenait déjà plus par où elle était passée. D'ailleurs, elle ne savait même pas comment faire pour aller dans les jardins du château.

Elle haussa légèrement les épaules, tant pis, elle demanderait son chemin à quelqu'un qu'elle croiserait. Elle regarda autour d'elle et réalisa qu'elle n'avait croisé personne depuis son départ de sa chambre. Personne. Le château semblait vide ou endormi. Au château de Ruthswald, des dizaines de serviteurs arpentaient en permanence les couloirs, les pièces fourmillaient d'activité.

Alya continua son chemin dans les couloirs du château et découvrit au fur et à mesure de nouvelles pièces. Elle finit par trouver une petite porte, sûrement utilisée par les serviteurs, qui donnait directement sur l'espace extérieur.

De son côté, Flavio faisait les cent pas dans son bureau, réfléchissant aux solutions qui se présentaient à lui pour contrer la révolte du Comte Swan. Les populations étaient de plus en plus agitées, et le risque que le Comte ne s'allie avec d'autres nobles était assez important. Il fallait agir, vite et bien. Il s'assit derrière son bureau en se prenant la tête dans ses mains, lorsque quelqu'un frappa à sa porte.

— Entrez, dit-il d'un ton bourru.

La porte s'ouvrit timidement et Théo passa sa tête dans le bureau, il avait l'air légèrement inquiet. Flavio haussa un sourcil en regardant le jeune garçon, attendant qu'il parle.

— Le... le jeune monsieur... bégaya le serviteur.

— Ah, il s'est réveillé ? Merci de m'avoir fait prévenir, dis-lui que je viendrai le voir dans la journée.

Théo grimaça légèrement, prêt à être réprimandé.

— Oui il s'est réveillé, mais il n'est plus dans sa chambre...

— Quoi ? cria Flavio en bondissant hors de son fauteuil. Mais tu te moques de moi ? Tu étais chargé de sa surveillance, jour et nuit ! Comment se fait-il qu'il ait pu sortir de sa chambre sans que tu ne t'en rendes compte ?

Théo baissa la tête, l'air confus.

— Cela faisait deux jours qu'il dormait. Je me suis absenté quelques minutes pour me prendre quelque chose à manger, et quand je suis revenu, le jeune monsieur avait disparu...

Flavio grommela, l'air particulièrement énervé. Il n'avait pas encore parlé à Adams de la venue de l'héritier de Ruthswald à Lunaris. Le roi détestait Angus de Ruthswald, le père d'Ali, qui avait résisté pendant des mois à la révolte. Angus avait tué de sang-froid la fiancée d'Adams, comme il l'avait fait avec le père de Flavio. Il savait que la présence d'Ali allait le contrarier. Il ne voulait plus entendre parler de la famille de Ruthswald.

A présent, il ne savait pas où Ali était parti, et il voulait éviter à tout prix qu'il ne croise le roi. Flavio lâcha un juron d'énervement.

— Toi, tu ne perds rien pour attendre, dit-il à Théo en pointant vers lui un doigt accusateur.

Le serviteur trembla de peur et inclina respectueusement la tête avant de s'échapper hors du bureau de l'homme sanguinaire. Flavio sortit à son tour de son bureau et partit à la recherche d'Ali, priant pour que ce dernier ne soit pas tombé nez à nez avec Adams. Il parcourut les immenses couloirs du château sans jamais croiser Ali. Où avait-il bien pu partir ? Il regarda par la fenêtre et un sourire victorieux orna ses lèvres.

Il le voyait dehors, se baladant dans les jardins. Flavio se précipita à l'extérieur et courut jusqu'à Ali.

— Je ne t'ai pas autorisé à sortir de ta chambre, lança-t-il à Alya d'une voix glaciale.

— Bonjour à toi aussi, Flavio.

Elle lui tourna le dos et continua sa visite du jardin. Les bosquets n'avaient pas été taillés depuis des lustres, des herbes folles poussaient en tous sens et des plantes grimpantes étouffaient peu à peu les arbres majestueux présents dans les allées. Les insectes grouillaient et abîmaient les quelques fleurs qui poussaient ici et là. Les jardins n'étaient pas entretenus du tout. Alya s'accroupit au pied d'un petit arbuste et débarrassa ses branches et son tronc du lierre qui les entouraient. Flavio se gratta la gorge bruyamment.

— Retourne dans ta chambre immédiatement.

— Je ne suis pas un de tes soldats à qui tu peux donner des ordres comme bon te semble.

Flavio fit craquer les articulations de ses doigts, l'énervement le gagnait à la vitesse de l'éclair face à l'insolence du jeune homme qui ne daignait même pas se retourner pour lui parler.

Il se pencha alors vers Alya et l'attrapa au niveau de la taille. Il l'immobilisa dans sa cape et la hissa sur son épaule. Et il prit la direction du château. Alya criait de toute la force de ses poumons, insultant Flavio tant qu'elle pouvait, mais il ignorait totalement ce qu'elle disait. Ils pénétrèrent dans le château, le jeune homme portant toujours Alya sur son épaule comme si elle n'était qu'un vulgaire sac à patates.

— Flavio ? Qu'est-ce que tu fais ? demanda une voix masculine au fond du hall.

Flavio se figea et se tourna lentement vers son compagnon d'armes, un sourire crispé affiché sur son visage. Adams éclata de rire en le regardant.

— Je me doutais bien que tu préférais les hommes aux femmes ! lança-t-il avec un air malicieux.

Le visage de Flavio se décomposa pendant qu'Alya, toujours perchée sur son épaule, ricanait. La situation risquait fort de se retourner contre le jeune homme et cela la satisfaisait au plus haut point.

***

Nouveauuuuu chapiiiiiitre !!! 

Alors, que pensez-vous de la "relation" entre Flavio et Alya ?

Et du retour à la vie normale de notre héroïne préférée ?

Quel est le personnage que vous préférez dans cette histoire ?

Est-ce que vous avez aimé ce chapitre ?

Merci beaucoup de l'avoir lu, gros gros gros bisouuuus <3

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