Incompatibles

Chapitre 14 - Moqueries

Adams était énervé. Très énervé. Depuis l'arrivée du fameux héritier de l'ancien duc de Ruthswald, plus rien ne se passait comme prévu. De fortes tensions apparaissaient entre les chevaliers, et il ne cessait de se disputer avec Flavio.

Cela faisait déjà deux heures qu'il se tournait et se retournait dans son lit. Il n'arrivait pas à trouver le sommeil, tout ça à cause d'un adolescent frêle qu'il aurait pu tuer dès le début. Cela aurait été plus simple comme ça. Archibald aurait dû le tuer.

Adams sortit de son lit et s'habilla rapidement, il n'arrivait pas à passer outre son énervement. Si Lucia avait été là, elle aurait réussi à le calmer. Elle savait toujours quoi dire pour l'apaiser. Mais elle n'était plus là.

Le roi soupira bruyamment et sortit de sa chambre. Il dévala les escaliers et se dirigea vers les jardins. Il n'y allait jamais en temps normal, mais ce soir, il avait le sentiment que cela pourrait l'aider. Dans chaque allée qu'il arpentait, il sentait la présence de sa défunte fiancée. Il s'attendait à la voir à chaque tournant. Son sourire le hantait.

Il pénétra dans la serre qu'il avait fait construire pour sa fiancée. Il avait laissé ce lieu se détériorer petit à petit. Son cœur se serra en voyant le désordre et la saleté qui peuplaient le lieu. De nombreuses plantes étaient mortes. Mortes. Comme Lucia.

Adams se dirigea d'un pas déterminé vers un petit placard qui contenait tous les outils de jardinage que sa fiancée avait l'habitude d'utiliser. Il n'avait jamais manié un sécateur et il n'aimait pas spécialement les fleurs, mais, à cet instant précis, il était particulièrement important pour lui de remettre un peu en état cette serre. Elle était en quelque sorte le seul souvenir qui lui restait de Lucia.

Il commença sa besogne en nettoyant un peu les lieux, et en désherbant quelques platebandes, mais il se rendit vite compte que le travail qui l'attendait était colossal. Il s'acharna tout de même, continuant à récurer et à réparer la serre. Plusieurs heures plus tard, il revint à la réalité.

Le jeune roi était couvert de boue et de crasse de la tête aux pieds. Pourtant, un grand sourire illuminait son visage, il était heureux pour la première fois depuis deux ans. Il regarda dehors et s'aperçut que le jour était en train de se lever. Les premiers rayons de soleil incendiaient les jardins de leur lueur orangée.

Ces jardins avaient été magnifiques, Adams le savait. Aujourd'hui, ils n'étaient rien de plus qu'un espace plein de mauvaises herbes et de ronces. Il regrettait d'avoir laissé cette zone que Lucia aimait tant à l'abandon. Il décida de rentrer vers le château, sa journée allait bientôt commencer, et il était déjà harassé.

Dans le grand hall du château, il eut le malheur de croiser Flavio, qui lui jeta un coup d'œil moqueur.

— Qu'as-tu fait cette nuit ? Tu t'es battu avec un ours ?

Adams haussa un sourcil et le regarda avec un air condescendant.

— Cela ne te regarde pas. Je te veux dans mon bureau dans une heure pour que nous fassions un point sur la situation avec le Comte Swan.

Flavio hocha la tête et s'éloigna. Il descendit au réfectoire des soldats et tomba nez à nez avec Thomas. Le soldat lui lança un sourire mielleux et l'invita à prendre le petit-déjeuner à ses côtés.

Alya débarqua quelques instants plus tard dans la pièce et aperçut immédiatement les deux hommes assis côte à côte. Flavio avait l'air de s'ennuyer terriblement, pendant que Thomas vantait ses nombreux exploits au combat. Un sourire amusé orna les lèvres d'Alya qui passa derrière eux, fit mine de trébucher, et versa l'entièreté du bol de lait qu'elle tenait à la main sur le dos de Thomas.