Chapitre 19 - Baignade

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Comme toujours, Colin restait muet comme une carpe. Pas un seul mot ne s'échappait de sa bouche. Alya abandonna rapidement l'idée d'obtenir des explications de la part du petit garçon. Elle lâcha un lourd soupir et s'approcha du cerf. Elle tendit la main pour le caresser mais elle arrêta son mouvement en cours de route, hésitante. Colin tira légèrement sur la veste de la jeune femme et lui fit un grand sourire. Il posa lui-même la main sur les flancs du cerf, invitant Alya à en faire de même.

Elle posa délicatement ses doigts sur son pelage. L'expérience était assez exceptionnelle. Les cerfs n'était en général pas de ms animaux qui se laissaient approcher aussi facilement.

Le grand mammifère plia alors ses jambes et se coucha sur le sol, permettant à Alya de le décharger du bois qu'il portait sur son dos. Elle caressa une dernière fois l'animal et attrapa son fardeau. Colin lui fit un signe d'au revoir, le cerf se releva et s'enfonça alors dans la noirceur du bois. La jeune femme le regarda s'éloigner jusqu'à ce qu'elle ne soit plus capable de distinguer sa silhouette.

— Je propose qu'on ne parle de cela personne, d'accord ? dit Alya d'un ton légèrement inquiet à Colin. Je ne sais pas ce qui s'est passé mais je ne pense pas que ce soit normal, et je ne veux pas que qui que ce soit te rejette à cause de cela.

Colin opina du chef et tous deux sortirent du bois pour retourner à la grange. Dès qu'il l'aperçut, Flavio se dirigea vers eux d'un pas énervé.

— Tu voulais pas prendre encore plus de temps ? dit-il sur un ton désagréable.

Il arracha le tas de bois des bras d'Alya sans rien ajouter. La jeune femme le reprit violemment.

— Un merci, ça t'arracherait la bouche ?

Le chevalier la fusilla du regard, ses yeux lançaient des éclairs et semblèrent devenir encore plus sombre qu'à l'accoutumée. Pourtant, son visage entier resta impassible. Comme toujours, il affichait une indifférence à toute épreuve, teintée d'une pointe d'agacement. Il était glacial.

Il avança d'un pas vers la jeune femme et la domina de toute sa silhouette. Elle ne bougea pas d'un centimètre et maintient le contact visuel avec le chevalier. Elle n'y avait jamais fait attention, mais elle se rendait compte à présent que l'homme qui se tenait face à elle était grand, pour ne pas dire immense. Il devait faire au moins une ou deux têtes de plus qu'elle. Alya scruta le visage parfaitement dessiné de Flavio. Chacun de ses traits était d'une finesse exceptionnelle, sa peau était plus blanche que de la porcelaine, ses lèvres étaient fines et légèrement rosées. Le regard de la jeune femme s'arrêta quelques secondes sur ces lèvres, crispées par l'énervement, mais qui restaient malgré tout désirables.

Alya toussota et baissa les yeux, gênée d'avoir eu des pensées de cet acabit. Elle ne pouvait en aucun cas trouver les lèvres de Flavio désirables. Si elle n'y avait jamais prêté de l'intérêt jusqu'à ce jour, elle pourrait continuer ainsi.

Ses yeux étaient à présent au niveau du torse du jeune homme. Un torse puissant, fort, visiblement musclé. Alya se mordilla doucement les lèvres. Elle qui n'avait jamais vu le corps d'un homme d'aussi près se découvrait à présent une curiosité qui lui semblait inconvenante.

Elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle recula d'un pas et jeta le bois à la figure de Flavio dans un mouvement brusque. Ce dernier le rattrapa au vol et secoua la tête d'incompréhension.

Alya prit Colin dans ses bras et s'éloigna le plus vite possible du chevalier, le laissant seul devant la grange. Elle respirait fort, essayant d'inspirer de grandes goulées d'air pour réguler la température de son corps. Elle était fatiguée, exténuée même, son cerveau était perturbé, c'est pour cette raison qu'elle avait eu ce genre de pensées. Rien de plus. Elle se composa un sourire de façade et pénétra dans la grange.

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