Le lendemain matin, l'ambiance était étrange. La plupart des soldats étaient fatigués et de mauvaise humeur à cause de la nuit mouvementée. Le retour en campagne de guerre après deux ans de tranquillité était quelque peu douloureux.
Alya se réveilla, épuisée. Sa tête la faisait horriblement souffrir. Lorsqu'elle ouvrit les yeux, Flavio était déjà debout, occupé à organiser ses soldats pour le départ. Elle était blottie dans son épaisse cape qui l'avait protégée du froid. La nuit lui semblait avoir duré affreusement longtemps.
Elle avait raconté son histoire à Flavio, c'était la seule solution qui lui restait. Etrangement, le jeune homme s'était montré compréhensif et à l'écoute. Il ne l'interrompit pas et ne porta aucun jugement péjoratif sur elle. Il lui promit de ne rien dire à qui que ce soit de ce qu'il avait appris.
Alya avait été très troublée des moments qu'elle avait passé avec Flavio au cours de la nuit. Il s'était montré tantôt attentionné et doux, tantôt terriblement désagréable et froid. Mais ce dont la jeune femme se souvenait en particulier, c'était son torse chaud et musclé sous ses doigts, ses lèvres écarlates si proches des siennes, ses mains fortes accrochées à sa taille.
Alya soupira avec force et se leva avec vivacité. Il ne fallait pas qu'elle pense à ça. Flavio n'était rien de plus que le fantasme de dizaines de personnes, hommes et femmes confondus. Un fantasme, il n'était rien de plus que ça.
Après avoir terminé leur tour de garde, tous les deux allèrent se coucher, mais elle ne ferma pas l'œil de la nuit. Impossible. Trop d'idées fourmillaient dans sa tête. Pouvait-elle réellement faire confiance à Flavio pour garder son secret ? Que risquait-elle à continuer de se faire passer pour un homme auprès des autres ? Comment Auxence avait-il percé à jour son secret ?
Elle sortit de la grange et plissa les yeux sous la lumière du soleil matinal qui dardaient ses rayons sur la campagne environnante. Elle aperçut Colin assit dans un coin, le regard rivé sur les corps encore dispersés sur le sol, à l'extérieur de la grange. Alya grimaça, énervée que les soldats l'aient laissé sortir et observer ce spectacle macabre. Elle rejoint le petit garçon et le prit dans ses bras. Comme toujours, il s'enfermait dans un surprenant mutisme. Elle l'emmena plus loin pour voir les chevaux des soldats. Elle essayait de le distraire à tout prix, mais Colin conservait une expression renfrognée et sombre sur son visage.
Alya avait beau faire de son mieux, elle n'arrivait pas à le dérider, et elle se rendit vite compte qu'elle n'avait pas assez d'énergie pour faire ce genre d'efforts. Elle ramena donc le petit garçon vers la grange au moment où les soldats enfourchaient leurs montures pour retourner sur les routes de Lunaris. Sans adresser la parole à qui que ce soit, elle sella son cheval, fit monter Colin, et se hissa elle-même sur le dos de l'animal. Elle retint un gémissement de douleur, son corps était tout courbaturé à cause de la cavalcade de la veille.
Si Alya devait définir sa journée en un mot, elle aurait utilisé le terme « morose ». Elle n'avait pas ouvert la bouche de tout le trajet. Elle n'avait pas parlé à Auxence malgré les regards inquiets qu'il lui lançait, elle n'avait pas répondu aux moqueries de Thomas, et elle ne s'était pas non plus fatiguée à contester les ordres de Flavio.
A la fin de la journée, Flavio et Adams les firent s'arrêter dans une jolie prairie où l'herbe était douce et verdoyante. Alya descendit de son cheval et se coucha sur le dos sur le confortable tapis vert. Elle ferma les yeux et contint ses larmes. Elle aurait préféré mourir le jour où Archibald avait lâchement tenté de l'assassiner. Elle ne pourrait pas vivre éternellement dans la peur que son secret ne soit découvert et dévoilé au grand jour.
— Ali ? Tout va bien ?
L'herbe s'était écrasée sous le poids de l'homme qui s'était assis à côté d'elle. Elle ouvrit les yeux et tomba face à une paire d'yeux couleur saphir qui l'observait avec un peu d'inquiétude. Elle composa un sourire de politesse sur son visage fatigué.
— Oui, tout va bien, c'est juste un peu de fatigue.
Le roi hocha la tête.
— Je sais que cela fait beaucoup à assimiler en quelques jours pour toi. Mais si tu as besoin d'aide, sache que tu peux t'adresser à moi. Malgré tout ce qui a pu se passer entre nos deux familles, tu n'es responsable de rien, je veux que tu te sentes bien ici. Nous sommes ta nouvelle famille.
Alya essuya une larme qui coulait doucement sur sa joue. Elle remercia le roi, se releva et partit voir Auxence. Elle avait besoin d'explications. Le jeune mage était occupé à embêter Thomas lorsque la jeune femme l'interrompit. Il la suivit plus loin pour qu'ils aient une conversation au calme.
— Ali... Je suis désolé, j'aurais dû t'en parler à toi en premier, mais j'ai paniqué, je ne savais plus quoi faire...
Alya secoua la tête et balaya d'un revers de main toutes ses excuses.
— Arrête de te justifier. Toutes les excuses du monde ne changeront rien au fait que tu as mis ma vie en danger sans aucun scrupule.
— Ali ! Je ne pensais pas à mal. J'ai été tellement choqué de pouvoir lire dans tes pensées durant une fraction de seconde pendant le combat que j'ai mal réagi. Tu n'imagines pas le choc que j'ai lu quand j'ai vu cela dans tes pensées.
— Tu as pu lire dans mes pensées ?
— Oui, mais pendant un temps très court. Je ne peux plus le faire maintenant.
Un air songeur apparut sur le visage d'Alya. La situation était réellement très étrange, et la jeune femme ne savait pas quoi en penser.
— Quel est ton vrai nom ? lui demanda le mage après un moment de silence.
— Alya. Je m'appelle Alya.
Une nouvelle larme coula sur sa joue.
— Alya. Il va falloir faire des recherches sur ta famille. Il y a quelque chose qui ne colle pas. Je ne sais pas encore quoi, mais cette situation n'est pas normale.
La jeune femme était d'accord avec lui. Mais elle ne savait pas par quoi commencer. C'était dur, très dur pour elle de retourner dans son enfance et ses souffrances.
— Je vais t'aider, je te le promets. Et je suis sûr que Flavio est prêt à t'aider lui aussi.
Sur ses mots, le mage se leva et retourna auprès des autres soldats. Alya partit se chercher un endroit agréable où dormir. La nuit allait être rude, car elle allait cette fois-ci se faire à la belle étoile. Elle installa Colin du mieux qu'elle pu et lui donna une nouvelle fois sa cape.
Quand elle retourna à l'endroit qu'elle avait confectionné pour elle, elle tomba nez à nez avec un charmant chevalier aux yeux noirs comme la nuit. Il lui lança un regard indécryptable et, sans lui adresser un mot, il lui tendit sa cape.
Alya fit « non » de la tête. Elle ne voulait pas que Flavio lui accorde des faveurs parce qu'elle était une femme. Elle ne voulait pas qu'il lui adresse la parole, ni qu'il la regarde. Elle voulait que tout le monde la laisse tranquille. Le chevalier insista, toujours sans dire un mot.
La jeune femme lui tourna le dos sans autre forme de procès et se coucha sur le sol. Elle entendit Flavio lâcher un lourd soupir avant qu'il ne se couche à ses côtés.
Une heure plus tard, Alya ne dormait toujours pas et commençait à sérieusement regretter la cape chaude et à la douce odeur de Flavio. Elle grelottait dans le silence de la nuit et frottait ses mains contre ses bras pour tenter de se réchauffer.
Elle sentit quelqu'un glisser ses bras autour de sa taille. Toujours cette même odeur. Celle de Flavio. Le chevalier la tira doucement contre lui. Blottie au creux de ses bras, elle sentait son souffle chaud contre son oreille et son torse contre son dos. Alya ne dit rien. Elle appréciait ce contact doux et chaleureux. Elle ferma alors de nouveau le yeux et se laissa aller au sommeil. Elle se sentait enfin en sécurité.
***
Hehehe ils sont un peu mignons tous les deux quand même...
Est-ce que ce chapitre vous a plu ?
Que pensez-vous de la "relation" de Flavio et Alya ?
Quelles hypothèses faites-vous au sujet d'Auxence et d'Alya ?
Merci d'avoir lu, je vous aiiiiiime !
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Incompatibles
FantasyQuelle serait votre réaction si, après avoir été enfermé dans une tour depuis vos 16 ans, vous vous retrouviez brusquement projeté dans la vie d'un soldat du roi ? Si vous deviez partir à la guerre aux côtés d'un homme aussi mystérieux, froid et vio...