Chapitre 28 - Cécité clairvoyante

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Le lendemain matin, Alya se réveilla blottie dans les bras de Flavio. Elle sentait le souffle régulier du jeune homme caresser sa nuque. Elle remarqua que tous les soldats étaient encore endormis. La jeune femme balaya du regard le paysage qui se déployait sous ses yeux. Le soleil se levait peu à peu, illuminant la prairie dans laquelle ils étaient installés. La lumière faisait briller les gouttes de rosée déposées sur les herbes. Malgré la chaleur du corps de Flavio contre le sien, Alya frissonna de froid. Sa joue, posée contre le sol dur, était humide et terreuse. Elle essaya d'écarter les bras du jeune homme qui enserraient sa taille pour se lever, mais il ne bougea pas d'un centimètre. Elle remua légèrement pour se dégager, mais il resserra sa prise sur la taille d'Alya en grognant.

— Arrête de bouger, il est trop tôt pour partir encore. Je veux que tu restes encore un peu avec moi.

Alya sentit ses joues rougir en entendant ces mots. Elle ferma les yeux et les images de la veille lui revinrent en mémoire. Le baiser qu'elle avait échangé avec Flavio avait été plein de douceur et de tendresse, mais elle se sentait gênée face au jeune homme. Elle avait souvent pensé à son premier baiser et l'avait imaginé lors de son mariage, dans une magnifique tenue, entourée de sa famille et de ses amis. Il n'avait ressemblé à rien de tout cela, mais finalement, Alya n'aurait pas pu rêver mieux.

Flavio réajusta sa cape sur les épaules de la jeune femme pour s'assurer qu'elle ne souffre pas trop du froid de la matinée hivernale. Il frotta délicatement ses épaules pour essayer de la réchauffer. Alya frémit à ces contacts plein de douceur. Malgré ce qu'elle ressentait à l'égard de Flavio, elle ne savait plus où donner de la tête. Était-il réellement amoureux d'elle ? Ou cherchait-il simplement une distraction ?

Elle se retourna pour se trouver face au chevalier. Il avait les yeux fermés et semblait particulièrement apaisé. Des mèches de cheveux tombaient sur son front. Alya approcha la main pour les passer dans les cheveux du jeune homme, mais il ouvrit brutalement les yeux et attrapa son poignet au vol. Il lui fit un sourire ravageur et déposa un baiser délicat sur la main de la jeune femme.

— Bien dormi ? lui demanda-t-il, l'air encore un peu endormi.

Il observa Alya hocher la tête en rougissant. Il se perdit quelques secondes dans ses pensées en regardant le visage de la jeune femme. Cette dernière croisa son regard et put instantanément lire dans ses pensées. Ses joues rougirent encore plus et elle s'éloigna de Flavio.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Quelque chose ne va pas ?

— Tu ne peux pas penser à des choses aussi inconvenantes, bredouilla Alya.

Flavio ricana. Il voulut embrasser la jeune femme sur le front, mais elle posa ses mains sur son torse pour le tenir à distance.

— Reste loin de moi ! s'exclama-t-elle.

— Est-ce que cela veut dire que tu n'as pas apprécié ce que nous avons fait hier ?

Flavio prit un malin plaisir à voir les joues d'Alya se colorer de rouge.

— Non, je n'ai pas apprécié.

Elle avait essayé de prendre un ton qui soit le plus catégorique possible, mais elle savait parfaitement qu'elle mentait. Au vu de l'air moqueur de Flavio, lui aussi savait qu'elle ne disait pas la vérité.

Le chevalier la laissa partir malgré tout. Il s'allongea de nouveau sur le sol et tenta d'évacuer les pensées parasites qui le perturbaient. Alya lui rappelait quelqu'un... Mais il était incapable de savoir qui. Il se frotta les yeux et se leva, incapable de se rendormir. Au loin, il vit Alya s'occuper de réveiller Colin. Elle prit le petit garçon dans ses bras et l'emmena jusqu'au feu pour lui permettre de se réchauffer. Il sourit, le regard dans le vague. Il avait tant rêvé de vivre dans la sérénité la plus complète, avec une femme qu'il aimerait et avec leurs enfants. Mais un beau jour, tout avait volé en éclats. Il s'était rendu compte qu'aimer faisait mal, atrocement mal. Sa mère s'était suicidée après l'assassinat de son mari. L'amour l'avait tuée. Tout autant que l'amour avait détruit le roi Adams après la mort de sa fiancée Lucia. Depuis, Flavio s'était juré de ne plus jamais aimer qui que ce soit. Il refusait d'aimer car il avait peur de souffrir autant que ses proches avaient souffert.

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