Chapitre 5 - La fuite

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Alya s'arrêta un instant, à bout de souffle. La journée était déjà bien entamée. Elle s'appuya contre un arbre et se laissa glisser au sol, savourant le silence de la nature. Elle passa doucement la main sur son visage et toucha la blessure qu'elle avait sur le côté de la tête. Elle grimaça de douleur, elle ne saignait plus mais elle souffrait tout de même beaucoup.

Son départ du château fut plus trépidant qu'elle ne l'imaginait. Quelques minutes après qu'elle ait quitté sa prison, un soldat monta, alerté par le bruit qu'avait fait la lutte entre Alya et Archibald. Il la vit à l'extérieur et s'attaqua à elle, ayant bien compris qu'elle ne devait pas sortir. Alya, armée de la lourde épée d'Archibald, se battit contre le soldat.

Le combat à l'épée avait toujours été son point fort. Le meilleur guerrier de son père s'était occupé de lui apprendre cet art dès son plus jeune âge. Alya avait toujours excellé dans cette discipline. Elle était rapide et légère, et elle savait également parfaitement bien exploiter les failles de son adversaire.

Mais les deux années enfermées dans la tour avaient entamées ses capacités physiques. Elle n'avait pas manié d'épée depuis longtemps et avait donc perdu quelques-uns de ses réflexes. Celle d'Archibald était particulièrement lourde.

Elle se retrouva rapidement en difficulté face au soldat. Celui-ci lui asséna un coup violent sur le côté de la tête avec le manche de son épée. Alya était à moitié assommée. Le sang coulait abondamment de sa blessure et l'aveuglait. Le soldat la désarma et l'immobilisa contre un mur, il lui plaça son épée sous la gorge.

— Je ne sais pas comment tu as réussi à sortir, mais c'est une certitude que tu n'es pas censé être dehors. Donc soit je te tue maintenant, soit je t'emmène au duc Archibald de Ruthswald pour qu'il te règle ton compte.

Alya fronça légèrement les sourcils. Le soldat n'était visiblement pas au courant que son oncle était venu la voir et qu'il était à présent mort. C'était peut-être le moment pour elle de s'enfuir, il restait encore un espoir.

Elle prit un air indifférent et haussa les épaules.

— C'est comme vous voulez. Mais je ne pense pas que mon oncle sera ravi lorsqu'il apprendra que vous m'avez tuée sans autre forme de procès.

Le soldat grogna légèrement, il savait qu'Alya avait raison. Mais il ne pensa pas une seule seconde qu'Archibald ne serait pas ravi non plus qu'il laisse Ali se balader hors de la tour nord. Il relâcha la prise qu'il avait sur sa gorge et l'attrapa par le bras. Il entraîna la jeune fille vers les escaliers d'une manière violente. Il ne vit pas le sourire victorieux que fit Alya lorsqu'ils commencèrent à descendre.

Elle ne se souvenait pas que les escaliers étaient aussi immenses. Les marches étaient hautes et les genoux d'Alya commençaient à la faire souffrir. Le soldat la traînait sans aucune douceur. Elle fit alors semblant de s'évanouir et se laissa tomber dans les escaliers. Le soldat la rattrapa en grommelant, ne savant plus quoi faire de ce poids mort. Il posa la jeune femme sur le sol et remonta quelques marches, complètement perdu. C'est le moment que choisit Alya pour se relever avec vivacité. Le soldat se précipita vers elle pour l'attraper, comprenant qu'il s'était fait avoir. Alya lui fit un croche pied et il s'écrasa dans les escaliers en hurlant.

Il ne se releva pas. Alya eut un hoquet d'horreur et de dégoût. Le sang coulait de nouveau abondamment et gouttait sur les marches de l'escaliers. La vue du sang ne l'avait jamais dérangée, mais ses nerfs commençaient à lâcher. Elle ne voulait pas que ce soldat meurt, il ne le méritait pas et ne faisait que respecter les ordres d'Archibald. Elle enjamba le corps du soldat et descendit en courant en bas de la tour. Elle savait que le temps lui était compté. Elle n'avait que quelques minutes avant que l'alerte ne soit lancée. Elle attrapa une grande cape qui traînait dans un couloir et rabattit la capuche sur son visage. Elle traversa le château en courant et, par miracle, elle ne croisa que quelques servantes qui ne lui posèrent aucune question.

Elle se rendit jusqu'à la bibliothèque. Elle savait qu'elle ne pourrait pas sortir du château par la grande porte sans se faire repérer. Mais elle avait plus d'un tour dans son sac. Elle s'approcha de l'immense cheminée qui s'y trouvait. La plaque du fond de l'âtre représentait les armoiries de sa famille, le motif était absolument magnifique et sculpté avec brio. Alya exerça une légère pression au centre de la moulure. Un petit « clic » se fit entendre et la plaque rentra dans le sol. La lumière de la pièce permettait de voir qu'un passage étroit était dissimulé derrière le fond de la cheminée. Alya s'y glissa et le passage se referma.

Elle se retrouva dans l'obscurité la plus complète. Ce passage n'avait pas été utilisé depuis des années, et Alya sentait que de nombreuses toiles d'araignées se trouvaient sur son chemin. Elle avança lentement à l'aveuglette, en touchant le mur.

Lorsqu'elle sortit enfin sans encombre du passage souterrain, la nuit était tombée sur le royaume. La lune brillait dans le ciel et les étoiles scintillaient. Alya sourit. Enfin elle revivait. Elle serra fort sa cape autour de son corps car la température avait fortement baissé et elle reprit sa marche. Elle tourna le dos au château et se dirigea vers la forêt. Elle avait un objectif bien simple en tête : rejoindre le domaine du roi et se rendre au château de Lunaris.

Elle passa la nuit à marcher dans la forêt, à sursauter au moindre bruit qu'elle entendait, effrayée à l'idée de tomber nez à nez avec une bête dangereuse ou face à des brigands. Elle se perdit plusieurs fois mais réussit systématiquement à retrouver son chemin en s'orientant à l'aide des étoiles. Au petit matin, elle arriva dans un village proche du château de Lunaris. Elle entra dans le bourg et s'installa au pied d'une fontaine. Elle se désaltéra, ses jambes lui faisaient mal tellement avait couru et marché lentement. Elle était affamée et épuisée. Son estomac gargouilla bruyamment. Alya soupira. Elle n'avait rien, pas d'argent, pas d'ami, rien. Elle ressemblait sûrement à une mendiante avec sa peau sale et ses cheveux emmêlés. Elle repéra au loin un homme qui vendait des miches de pain.

Une odeur délicieuse s'échappait de l'échoppe. Elle approcha discrètement et, dès que l'homme tourna le dos, elle saisit une miche et s'enfuit avec. L'homme la poursuivit en criant au vol, des habitants sortirent de leur maison, étonnés.

Alya partit à toutes jambes en direction de la forêt et sema les villageois. Elle dévora le pain avec appétit. Elle mourrait de faim.

Pendant ce temps, un cavalier entra dans le village en émoi après le vol.

— Que se passe-t-il ? demanda-t-il, l'air énervé, au boulanger.

Celui-ci s'inclina devant l'homme à cheval avec respect avant de s'exprimer.

— Monsieur, un homme errant m'a volé du pain et s'est enfui dans la forêt. Nous n'avons pas pu l'attraper.

Le cavalier sortit une bourse de sa poche et jeta quelques pièces au marchand en soupirant.

— Je vais m'en occuper, ne vous inquiétez pas.

Et il partit au galop vers l'orée de la forêt, à la recherche d'Alya.

***

Alors, qu'avez-vous pensé de ce nouveau chapitre ? 

C'est le retour d'Alya dans la vraie vie hihi !!

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