Chapitre 7

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Dulce insista pour faire goûter son gâteau à Vasco, et sa mère finit par craquer. C'était une tarte poire-chocolat, qu'elle avait fait la veille juste avant de se coucher.

La fillette coupa barbarement une part, à l'aide d'une grosse cuillère. Puisqu'en vue de son bas-âge elle était interdite de couteau. Sa génitrice l'aide à mettre la nourriture dans une assiette, qu'elle tendit au jeune homme avec empressement.

Celui-ci sourit, réellement touché que la petite s'occupe de lui alors qu'ils ne se connaissaient pas. Il prit une bouchée, mâcha rapidement, avala, sourit.

— Est bon ?

Il n'avait qu'une envie : que l'enfant sourisse encore plus. Que ses yeux couleur automne pétillent encore, et encore. Que son adorable petite bouille s'illumine de bonheur.

— C'est super bon ! Tu as fait ça toute seule ?

Dulce plongea sa main dans le plat pour en sortir une poire et la porter à sa bouche, pointant Chrysis du doigt :

— Avec maman !

— Vous cuisinez super bien ! Je ne le savais pas du tout. Et c'était la vérité. Jusqu'ici, il ne savait pas que la princesse cuisinait régulièrement, et de son plein gré.

Il reprit une énorme cuillérée qu'il avala aussitôt, souriant. La jeune femme face à lui ne cachait pas son rire, le connaissant bien assez pour savoir ce qu'il devait penser du plat.

As détestait les poires.

Pourtant, il termina sa part. Dulce resta jusqu'à la dernière miette, comme pour vérifier si son gâteau avait le succès qu'il méritait. Puis, ayant terminé son petit-déjeuner, elle partit de la pièce en courant, hurlant le prénom de Haris.

— Tu es livide. Le taquina Chrysis alors qu'il se ruait vers le lavabo pour cracher ce qu'il lui restait dans la bouche et boire de l'eau pour tenter de faire passer le goût.

La princesse lui tapota doucement les cheveux, comme pour le réconforter. Ils étaient plus court qu'avant, mais toujours aussi doux. Sans même s'en rendre compte, la blondinette laissa ses doigts trainer presque lascivement entre les mèches de son interlocuteur. Puis, se rendant compte de la proximité de son geste elle retira brusquement sa main en grimaçant, alors que le jeune homme se redressait.

Il l'observa, sans parler, comme pour essayer de lire en elle. Puis, au bout de quelques secondes, Vasco déplia son bras vers la jeune femme pour venir saisir quelques mèches blondes. Dans lesquelles il ne tarda pas à enfouir sa main, silencieusement. Passant en une insolente caresse sur la nuque de l'adolescente.

Puis il retira sa main, soupira, replongea ses yeux verts dans ceux de Chrysis.

Pourquoi ne réagissait-elle pas ?

Il se pinça machinalement l'arrête du nez et elle grimaça à ce geste. C'est qu'à force de le faire, au fur et à mesure des années elle avait fini par elle-même acquérir ce tic.

Le père du garçon, Inacio, faisait ça régulièrement lui aussi. Ainsi que se masser les tempes, dès que ses émotions commençaient à apparaitre. Il tenait ça de son feu grand frère, lui avait-on dit.

Ce fameux Joâo Osabio, fils de Getulino Osabio, mort en héros à vingt-neuf ans pour protéger son cadet, son bras droit et sa hackeuse.

Ceux qui étaient maintenant le père, la tante et la mère de Vasco.

Le premier enfant d'Inacio et Soraia s'était appelé Joâo en son honneur.

Et puis il y avait eu Elvira, qui reprenait le même prénom que la sœur décédée de son frère : la jumelle d'Idalina.

Princesse Dulce a deux couronnes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant