Princesse Dulce a deux couronnes

Chapitre 67

La conférence de presse s'était passée. Elle ne s'était ni bien, ni mal passée, elle s'était passée tout simplement.

Les journalistes avaient jusqu'au bout tentés d'arracher des vers du nez à Chrysis et Vasco, quant à la famille de ce dernier. Ils s'étaient également montrés très déçus de ne pas rencontrer Dulce, sûrement car ils pensaient pouvoir soutirer quelques bribes d'informations à une enfant innocente.

Le jeune couple s'en était quant même bien tiré, en gardant le sourire jusqu'à la fin. L'interview se montrait, de l'extérieur, assez agréable, et c'était tout ce qui comptait. En la visionnant, les spectateurs allaient être aux anges, et leur frustration face au manque d'information sur Vasco allait rapidement être étouffé par l'amour débordant que les deux jeunes gens avaient bien veillés à afficher.

Sasha, de son côté, avait eu le temps de sympathiser avec plusieurs gardes royaux. Mais Chrysis admirait le professionnalisme dont son nouveau garde du corps faisait preuve : son père et Haris avaient raison lorsqu'ils l'avaient annoncés talentueux.

Le blond savait se montrer extrêmement vigilant lorsque c'était nécessaire, c'est-à-dire lorsque Chrysis et Dulce était confrontés à des individus autres que leurs amis ou famille. Néanmoins, il n'était pas pour tant invasif et restait très discret.

Chrysis avait aussi compris comment le jeune homme faisait pour être si musclé. Il se levait avec le soleil pour faire son sport, qui pouvait parfois durer des heures. Son régime alimentaire stricte y était aussi pour quelque choses : les cuisiniers royaux lui faisaient des plats spéciaux, enrichis en protéines. Le goûter était d'ailleurs pour lui un repas complet.

— Depuis quand tu es garde du corps ? Lui avait demandé Chrysis, alors qu'ils se trouvaient tous les deux dans les jardins, à surveiller Dulce qui jouait dans les écuries.

— Je suis dans l'institution depuis mes dix ans.

— Ça explique ta corpulence...

Un léger rictus était apparu sur le visage du jeune homme :

— J'ai toujours adoré le sport. Mais ça fait trois ans que j'ai commencé à en pratiquer à outrance.

— Ça a porté ses fruits, en tout cas.

— On peut dire ça.

— Tu montes à cheval ?

Le garçon avait haussé les épaules, l'air faussement détaché :

— J'ai connu un cavalier. Il a voulu m'apprendre, mais les équidés de sa discipline n'étaient pas assez costauds pour mon gabari. On a vite abandonné.

— Si un jour tu veux réessayer, on a des vrais dinosaures ici, donc n'hésite pas !

Sasha sourit. Il ne connaissait sa nouvelle protégée que depuis quelques jours, et à vrai dire il l'appréciait bien. Si ce n'était le manque total d'information sur la famille de son petit-ami et ses pseudo-fugues pour aller les voir, la jeune princesse était vraiment très facile à vivre. Il fallait dire, aussi, que les Apo Ti Thalassa avaient un rapport tout particulière aux gardes du corps, qui facilitait les choses. Il comprenait pourquoi Haris s'était tant plue à ses côtés. Et à quel point la séparation entre les deux femmes allait être difficile.

— Je vous ai entendu parler de déménagement, avec Vasco.

Troublée par ce changement de conversation, la jolie blonde tressaillit légèrement, avant de répondre en souriant :

— Nous avons toujours rêvé d'habiter loin de la ville et de la potentielle renommée de notre couple. Qui donc n'a jamais espéré réaliser ses rêves ?