Chapitre 36

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Noah avait été invité par Chrysis à un véritable réveillon de luxe. Il avait bien sûr accepté d'y aller, d'autant plus qu'Haris allait elle aussi les accompagner.

Haris.

S'il avait su que prononcer un seul prénom pouvait à ce point faire battre son cœur, il aurait fouillé terre et mer pour trouver la fille qui le porte.

S'il avait su, aussi, que flotter sur son petit nuage pour conquérir le cœur de la jolie brune risquait de détruire l'une de ses plus précieuses amitiés, il aurait agis autrement.

Vasco ne l'avait pas recontacté depuis leur embrouille, et il avait gardé un nez enflé comme souvenir pendant presque toute la semaine. D'après Chrysis, le garçon avait été appelé par sa famille éloignée pour leur rendre visite pendant ces fêtes de fin d'année. Résultat, le dernier souvenir qu'ils devaient avoir l'un de l'autre étaient ceux de leurs visages crispés par la colère, et tachés de sang.

La garde du corps de la princesse, dont il était éperdument amoureux, l'avait emmené dans sa chambre au pas de course ce soir-là. Elle l'avait soigné, lèvres pincées, sans lâcher un seul mot. Et le jeune homme avait été déstabilisé de voir à quel point elle tremblait.

Et elle ne tremblait pas parce qu'elle avait tout entendu. Elle ne tremblait pas parce que sa déclaration d'amour l'avait perturbée —même si c'était le cas—. Elle tremblait à cause de Vasco. Ça se voyait dans son attitude, dans la manière dont elle l'insultait discrètement, dans cette façon dont elle avait guetté la porte de sa chambre nerveusement.

Haris avait peur de Vasco.

Et Noah ne comprenait pas pourquoi.

— Ça va aller. Lui avait-il murmuré alors qu'elle nettoyait son nez pour la énième fois, brisant ainsi le silence qui s'était installé entre eux.

Mais elle l'avait repoussé, lui prenant sa main pour l'éloigner de son visage et la laisser continuer.

— Il t'a presque cassé le nez.

Elle ne s'était pas rendu compte qu'elle ne lui avait pas lâché la main. Et elle la lui broyait littéralement. Noah l'avait laissé faire, même quand ses doigts devinrent si douloureux que des contractions remontaient tout le long de son bras.

— Ça va aller. Avait-il murmuré encore une fois, usant de sa main de libre pour repousser celle de la bodyguard.

Elle avait posé ses yeux gris sur lui. « Non, rien ne va » semblaient-ils dire.

Et là, contre toute attente, Haris la garde du corps, Haris la force de la nature, Haris la fille toujours sûre d'elle, Haris avait éclaté en sanglots.

Peut-être était-ce la pression qui redescendait d'un coup, peut-être que la bagarre avait été la goutte d'eau faisant déborder le vase, mais la jeune femme s'était laissée tomber sur le torse du garçon, alors que des flots de larmes glissaient sur ses joues.

Noah avait serré la fille qu'il aimait si fort dans ses bras que les jours qui suivirent, il avait encore eu l'impression de la sentir contre lui. Ils n'avaient pas plus parlés, mais s'étaient contentés de rester en silence dans cette chambre, avec Dulce qui dormait dans la pièce d'à-côté.

Depuis, ils ne s'étaient pas contactés par message, ni revus. Noah savait que la garde du corps allait se rendre à la soirée, car Chrysis le lui avait dit avec un petit sourire complice gravé sur les lèvres. Il avait rit, tout en rougissant, confirmant sa présence avec entrain.

Si Noah avait laissé de côté la théorie du « Vasco mafieu », qui lui paraissait vraiment injustifiée et abracadabrante, il ne suspectait pas moins le jeune homme de leur cacher quelque chose.

Princesse Dulce a deux couronnes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant