Chapitre 26

1.9K 160 31
                                    

— Amélia, appelle ton frère ! Elle émerge enfin.

Ce furent les premières paroles que Natacha avaient entendues, alors que ses yeux papillonnaient sans lui offrir une seule image du monde qui l'entourait. Elle tenta de se relever, mais sentit les mains de son cousin se poser sur ses épaules, pour la forcer à rester allonger. Ce dernier avait recommencé à parler, dans un accent fort prononcé. D'origines coréennes, Dae-Yung était le fils de Tuan et d'Idalina. Cette dernière était la petite et l'unique sœur du Parrain Inacio.

— J'ai cru que tu n'allais jamais te réveiller. Ricanait-il tout en continuant de la maintenir, car elle tentait encore de se redresser.

Ses yeux daignèrent enfin lui apporter une vision du monde. Elle vit le visage de son cousin, juste au dessus d'elle, qui l'observait minutieusement derrière ses grandes lunettes carrées. Ses cheveux noirs tombaient sur sont front et ses sourcils, cachant une bonne partie de son visage.

— Lâche-moi. Gromella-t-elle.

— Bonjour à toi aussi chère cousine. Je te lâche seulement si tu ne te lèves pas d'un coup, ça risquerait de te donner le tournis.

La blonde s'était contentée de lâcher un grognement presque animal pour le faire taire. Même avec sa famille, elle restait asociale. Non qu'elle ne les appréciait pas, elle était juste indifférente à leurs jacassements. Elle s'assit sur le rebord du lit en se massant le crâne. La chambre au tours d'elle lui était familière : elle était à la villa Osabio.

— Combien de temps ?

— Trois jours. On est vendredi matin.

La vache, trois jours, elles m'ont donné une dose de calmants pour éléphant ou quoi ?

Dae-Yung, qui devinait ses pensées, se mit à ricaner. Au même moment, Vasco entrait dans la pièce. Le jeune homme se précipita vers sa cousine :

— Alors ?

— Alors, tu me dois une sacrée faveur.

— Et ça va ?

— Elles sont toutes les trois en pleine forme et en sécurité, crois moi ! Dit-elle sur un ton remplis de sarcasme.

— Non mais toi, ça va ?

— Comme quelqu'un qui vient de dormir trois jours entiers.

Dae-Yung rit de nouveau à cette réponse, bien qu'il n'avait aucune idée de qui ses deux interlocuteurs parlaient. Mais il n'en n'avait rien à faire, et c'est bien pour ça que le jeune mafieu avait fait appeler à lui : car la Ligue qui l'avait formé était un parfait formatage à la neutralité et la discrétion.

Vasco avait enlacé Natacha contre lui. Cette dernière s'était laissée faire sans esquisser le moindre geste.

— C'est Dae-Yung et son partenaire qui sont allés te chercher. Les jumelles sont arrivées avant-hier, mon père trouvait que ses filles chéries avaient besoin de s'exercer au technique de combats asiatique, et quoi de mieux que leur cousin expérimenté pour les épauler !

Natacha laissa entendre un soufflement amusé. Tous ici savaient que l'équipier de Dae-Yung —qui ne le lâchait jamais d'une semelle et était probablement dans le couloir à l'heure actuelle— et Amélia se courraient l'un après l'autre depuis leur première rencontre. Et malgré le caractère bien trempé de la jeune femme, avouer ses sentiments était quelque chose qu'elle n'avait jamais osé faire.

— On a laissé un message de ta part là où on y'a trouvé ! Lança le coréen en riant, visiblement très fier de lui. Il avait bien hérité du caractère joueur de ses deux parents, et cette pensée eut pour effet d'éveiller une pointe de méfiance dans l'esprit de Vasco. Sa famille avait tendance à « s'amuser » de manière un peu trop anodine.

Princesse Dulce a deux couronnes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant