Il y avait une fête foraine à Lisbonne. Dulce était passée devant en allant à son cours de danse, et depuis la petite insistait sans arrêt pour y aller.
La réponse d'Haris avait été un non catégorique, et pour une fois Chrysis avait été d'accord avec sa garde du corps.
Ces derniers jours, l'angoisse et la peur l'empêchaient de vivre. Heureusement qu'elle avait cours en distanciel, car ça aurait été insoutenable de subir le regard des autres tant de temps.
Elle ne pouvait faire deux pas dans la rue sans être pointée du doigt. Par pitié ou dédain, ce n'était même plus important : dans tous les cas, ça lui faisait du mal. Haris ne la lâchait plus d'une semaine et était toujours sur ses gardes. La brunette avait d'ailleurs un rendez-vous avec sa patronne Izïa, et son employeur le Roi Jayson, pour faire un bilan de situation.
Actuellement, Dulce était plantée au milieu du salon, et boudait visiblement. Bras croisés contre sa poitrine, la petite affichait une moue colérique. Elle faisait visiblement la grève de la faim, la grève du sommeil, la grève de parler, la grève de tout tant qu'on ne lui céderait pas ce plaisir d'aller à la fête foraine.
La jeune maman observait son enfant d'un air dépité, ne sachant plus quoi faire.
— Et si tu y allais toi, toute seule avec elle ? Demanda-t-elle à Haris. Car elles ne pouvaient pas empêcher Dulce d'avoir une vie de petite fille normale, d'autant plus que l'enfant était trop jeune pour comprendre ce qui se passait. Et la princesse refusait de lui imposer ce genre de vie.
— Impossible, les gens connaissent mon visage à moi aussi, maintenant.
— Et alors ?
— Et alors, même si leur méchanceté est dirigée contre toi, nous ne savons pas ce qu'il en est de leur position par rapport à Dulce. Je ne veux pas que ça dérape.
La jolie blonde se pinça l'arrête du nez. Elle ne savait absolument pas quoi faire, et il n'y avait visiblement aucune solution valable.
Au même moment, la porte d'entrée de la villa s'ouvrît, pour laisser place à Vasco. Tout sourire, le jeune homme laissa tomber son sac dans l'entrée.
— Bonjour tout le monde !
Il s'approcha de Dulce pour la soulever dans ses bras, n'ayant visiblement pas encore remarqué l'état statuaire de cette dernière. D'ailleurs, elle ne s'était malheureusement pas déridée à la vue de son père, et lui lança un regard noir.
Dans sa tête, il étaient tous les mêmes. Et ils ne voulaient pas qu'elle aille faire la fête.
— Bah alors t'as décidée de faire la morte Dudu ?
La fillette avait vivement secoué la tête de gauche à droite, et la jeune homme l'avait reposé à terre d'un air perdu :
— Bah, qu'est-ce qu'il se passe ?
Chrysis soupira et lui expliqua la situation, montrant bien son désarroi. Le blond parut réfléchir quelques instant, et faisait valser son regard entre Haris et Dulce.
— J'ai peut être une idée, mais c'est pas sûr que vous acceptiez...
— J'accepterai tout, au point où j'en suis ! Avait néanmoins renchérit le princesse, sur un ton qui disait tout de son espoir.
— Je l'emmène avec moi. Même pas besoin de masque : je suis un inconnu parmi d'autres, et elle aussi. Personne ne connaît nos visages.
Silence total, que la bodyguard avait fini par briser :
— Toi et elle ? Seuls ? Elle avait bien appuyé sur ce dernier moment, comme pour lui demander de la contredire. Mais malheureusement, elle avait bien compris ce que le mafieu avait voulu dire.
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Princesse Dulce a deux couronnes
Novela JuvenilDulce Sonhador a seulement deux ans, et sa généalogie, gardée partiellement secrète, fait d'elle l'enfant la plus éminente au monde. Sa mère Chrysis, fille cadette de la Reine Léna, l'a eue à seulement dix-sept ans. Une grossesse précoce et non dés...