Chapitre 37

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Ça faisait les gros titres des journaux, le premier janvier : Chrysis qui embrassait son amant inconnu la nuit du réveillon.

On voyait la jeune princesse, dans une jolie robe sirène, embrasser un homme vêtu de noir, dont le visage était masqué par la combinaison d'un voile et d'une lourde capuche.

Vasco avait dû observer le cliché presque une demie heure, n'arrivant pas à s'en détacher. Il avait encore le goût salé des lèvres de la jolie blonde sur la bouche. S'il fermait les yeux, il arrivait à se projeter dans ce baiser incroyable, comme s'il le revivait encore et encore.

Si ça n'était pas ça, le paradis, autant aller en enfer.

Ensuite, il avait brûlé son costume d'assassin. Ce dernier était maintenant connu à l'échelle presque mondiale, c'était trop risqué que quelqu'un tombe dessus chez lui. Surtout sa famille.

D'ailleurs, cette dernière débarqua en fin de journée. Plus précisément, juste son grand frère Joâo, car n'oublions pas que la villa de Vasco était pour eux une salle d'entraînement.

L'aîné des Osabio resta plus d'une heure à se défouler, la musique de son téléphone branché à fond sur les enceintes de la pièce. Vasco ne l'avait pas rejoint. Inconsciemment, il ne pouvait s'empêcher de se comparer à son frère. Le parfait Joâo, le glorieux Joâo, le ténébreux Joâo, l'héritier Joâo. Le futur Parrain.

Ses cheveux châtains dégoulinaient dans son cou, et sa musculature roulait sous ses survêtements. Il prit ensuite une douche, pour rejoindre son cadet dans une tenue propre :

— Bien réveillonné ?

— Plutôt.

— T'étais où ?

— Avec des potes.

Joâo s'assit sur une chaise et s'empara d'une gourde, pour boire plusieurs goulées d'eau. Il reprit :

— Bien reposé ?

— Ouep. Pourquoi ?

— Toi, moi, mission ce soir.

Il tapa sur l'épaule de son cadet, tout en continuant :

— Habilles-toi, on part dans un vingt minutes.

Le jeune mafieu jeta un regard de biais à son grand frère. Ce dernier, très sérieux, haussa les épaules et sortit une clope de sa poche pour faire passer le temps. Vasco soupira en se pinçant l'arrête du nez.

— On va où ?

— Les Triades apprécient peu nos interventions de soutiens envers la Bratva. Surtout la tienne, d'ailleurs. Apparemment ils ont envoyés quelques hommes sur notre territoire. Leur base est à une heure d'ici, vers le nord. Leur Sandale de Paille serait arrivée hier.

La Sandale de Paille était le nom donné, par les Triades, à leurs responsable des affaires extérieures.

Vasco se leva. Ce qu'il avait compris, c'est que Joâo et lui allaient partir en repérage auprès d'un ennemi d'ampleur, et que ça allait probablement finir en bain de sang. Et ça ne l'enchantait pas plus que ça.

Comme prévu, vingt minutes plus tard, il était prêt. Vêtu d'une tenue verte kaki : rangers, pantalon cargo, sweat à capuche, gants, bonnet, un gilet par-balle, et doudoune sans manches. Un bandana de la même couleur était fourré dans l'une de ses poches. À sa ceinture, qu'il prenait toujours en mission depuis trois ans, était rangé quelques armes blanches ainsi qu'un Beretta 92 qu'il avait volé sur le corps de son premier meurtre. À chaque fois qu'il y pensait, le souvenir le répugnait. Il n'arrivait pas à se souvenir de pourquoi il avait fait ça, mais n'arrivait pas non plus à se débarrasser de l'arme.

Princesse Dulce a deux couronnes Où les histoires vivent. Découvrez maintenant