Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2

Chapitre 2

Désolée pour le retard. Après 8 heures de voiture hier, j'avais franchement la flemme x)

PDV Nader

Sur mon corps, le sang se mélange à la sueur. Les plaies sont suffisamment nombreuses pour me tirailler, et mes sens en alerte me donnent presque mal à la tête. Cela dure depuis trop longtemps. Et pourtant, c'est loin d'être fini. J'entends au loin les cris de rages, les corps qui s'affrontent, les balles qui sont tirées. Mais surtout, j'entends le tic tac incessant de cette bombe sur le point d'exploser.

Je tente de me concentrer sur les coups que je donne, mais je dois être honnête avec moi-même, mon esprit est plus alerte sur ceux qu'elle reçoit. C'est comme si je les prenais avec elle. Chaque poing qui s'abat sur sa peau, je le ressens avec la même force. Chaque ennemi qui approche d'elle semble venir vers moi. Je hais mes sens de se concentrer tellement sur sa personne. Parce que je risque d'en faire des erreurs. Et pourtant, lorsque je reprends ma forme de loup, je ne peux qu'éloigner ces hommes d'elle. Je me fous de me protéger. Je me fous de faire sortir les otages. Je dois seulement faire en sorte que rien ne vienne l'égratigner. Quand bien même elle n'est pas une chose faible à protéger, mon instinct me pousse à agir de la sorte. C'est viscéral presque, et je comprends l'étendue de ce lien qui court entre nous. Si dangereux. Pour tout le monde.

Dans ma gueule, le sang de cet homme qui a tenté de la transpercer de sa lame. Sous mes griffes, les entrailles de celui-ci, qui a voulu l'abattre d'une balle. Je deviens un animal, je deviens un monstre, qui se repaît de la douleur des hommes qu'il abat. Aucune compassion, aucune pitié. On ne touche pas à ma dominante. On ne songe pas à toucher à ma dominante.

Je sens son inquiétude. Sa colère. Sa peur, presque, devant les secondes qui défilent sur ce minuteur. La rage dans sa voix, lorsqu'elle appelle en vain la louve qui est censée pouvoir nous sauver. Quel file couper ? Je ressens avec précision le poids de cette décision qu'elle a à prendre. Celle qui déterminera notre sort. Je voudrais l'aider. Lui enlever cette pression qui pèse sur elle, parce que je déteste l'idée qu'un sentiment négatif s'empare d'elle.

C'est déstabilisant, de s'en faire autant pour une autre personne. De sentir sa vie se jouer en fonction de la sienne. Un fait que j'ai accepté depuis un temps. Mais qui continue parfois de m'étonner devant la force qu'il dégage. Je n'ai jamais ressenti ça pour personne. Même pour Cyrus. Même pour Ramin. Personne.

Acculé contre un mur, j'observe avec rage ces connards parvenir à s'approcher d'elle. C'est cette vision, qui parvient à me faire avancer. Celle de cet homme dans son dos, arme en main, qui je sais va parvenir à la toucher. En un instant, je suis derrière elle. Mais la lame ne se plante pas dans mon dos. Et lorsque je me retourne, mon regard se fixe dans celui de cette petite louve qui n'a rien à faire là. Sa douleur me vrille le cœur, et je le ressens démultipliée lorsqu'elle perce sur la toile. Mais la toile, et ce qu'elle ressent, ce n'est rien, face à cette vision qui s'insinue dans mon esprit. La lame qui traverse son corps, le sang qui s'écoule de la plaie, les larmes au coin de ses yeux. Et ce sourire, qu'elle conserve, malgré ce filet rougeâtre, qui perce sur ses lèvres.

La mort qui vient la cueillir me déchire le cœur. Et alors qu'elle s'effondre dans mes bras, un homme passe dans mon dos. Je me retourne, pour la voir elle. Les yeux écarquillés, figés. La gorge en sang. Ouverte, d'une lame d'acier.

Je m'entends à peine hurler. Elle tombe à genou devant moi. Et la vie la quitte aussi.

J'ai échoué.

Mes yeux s'ouvrent tandis que mon souffle s'affole. Il leurs faut un instant pour s'acclimater au noir de la pièce, mais rapidement, sous le rythme effréné de mon cœur, je reprends mes esprits. Putain de cauchemar. Souvenir déformé de cette journée d'enfer où je ne perds pas seulement Tala, mais aussi Shadow. Une vision qui hante mes nuits depuis neuf mois, toutes sans exception. Le rappel incessant de mon échec cuisant, qui a causé la perte d'une des nôtres.