Chapitre 8

86 14 1
                                    

PDV Hina 

J'ai pensé que tout était fini. Pendant des heures, un immense vacarme a retenti. Ils ont sorti les machines, les ustensiles, vidé les lieux. Ce qu'ils ont fait de ces otages, comme moi, que j'entendais seulement parfois, je ne sais pas. Il y avait leurs pleurs, leurs gémissements, leur douleur, et puis à un moment, plus rien. Le silence dans cet endroit m'apparaissait plus macabre que le bruit. Il avait ce caractère anxiogène, comme si il n'était que les prémisses de l'horreur. Comment dit-on ? Le calme avant la tempête.

Mon médecin était venu me voir. Son regard sur mon corps, évaluant les dégâts, son visage de dégoût me restent en mémoire. Non pas dégoûté du sang séché. Des plaies ouvertes. Des fractures invisibles qu'il sait avoir causé. Mais bien de devoir se résigner. Sans qu'il ne dise rien, j'avais compris. Ils partaient. En toute hâte. Et vu mon état, ils n'avaient pas le temps de m'emmener. Pourtant, c'est ce qu'il voulait. Son cobaye préféré. Sa frustration m'a fait peur un instant. Il avait évalué toutes les options sans trouver celle qui permettait de me prendre et de s'enfuir à temps.

Un hurlement de rage, et la seconde d'après, il quittait la pièce, claquant la porte dans un lourd tintement de fer.

Je crois bien que je les ai entendu visser quelques choses. Peut-être pour tenter de me cacher. Pour espérer me trouver quand ils reviendront. Mais bien vite, mon esprit s'est éteint juste un moment. De fatigue, je me suis laissée emporter. Mes sens m'ont soufflé qu'il n'avait pas refermé à clé la porte. Mais mon instinct m'a rappelé qu'il n'avait pas emmené tous ses hommes. Et mon état a terminé de me convaincre de ne pas bouger. Incapable de faire un pas, alors bien incapable de me défendre. J'ai simplement sombré dans le sommeil, consciente d'avoir quelques instants de répit en son absence.

Pour combien de temps ?

Les hurlements me réveillent. Les balles. Les cris de loup. Sans y être, j'imagine les corps s'entrechoquer. Le sang couler. Les vies quitter les corps. Et alors de chaque bruit me tend un peu plus, je sens une sorte de confiance. Je sens que ceux que la mort emporte sont ceux que je me rêve de voir disparaître. Et puis soudain, il n'y a plus rien. Tout s'arrête, encore. Et je m'imagine rester là, pour toujours. Sans que l'on vienne me chercher. Je m'imagine dépérir dans cette cellule où j'ai tant de fois voulu mourir. Qu'est-ce qui est pire ? Qu'un jour, il revienne, ou bien que je finisse par crever de faim ou de soif dans cette cellule ? Au final, je ne sais pas si je suis capable de choisir. Mais peut-être que je n'en aurai pas l'occasion.

Là, au milieu de ce silence, je le capte. Ce corps qui se déplace. Je ne tente pas de comprendre comment je peux saisir des sons si faibles, quand jamais mon ouïe ne m'a permise d'entendre si loin, si profondément. Et pourtant.

Un mur que l'on abat. Des pas qui se rapprochent. Ce n'est pas lui. Je connais sa démarche. Pourtant, ma respiration s'arrête. Même les gémissements de douleur que je ne parviens pas toujours à contenir se taisent. J'attends, simplement. Je me demande qui va apparaître derrière cette porte. Jamais un visage amical ne l'a franchi. Jamais une personne qui ne me voulait du bien ne l'a ouverte. Alors j'ai peur. Pas autant que d'habitude, mais ce n'est pas un sentiment que je suis capable de réfréner.

Mon cœur s'affole. Mais mon esprit reste calme. Comme si il savait.

Elle s'ouvre avec une douceur qui accentue son grincement. J'hésite à relever les yeux. Pendant un instant, je me dis qu'il vaut mieux les fermer. Ne pas voir pour ne pas être déçue. Mais je m'y risque. Et je le croise. Ce regard que j'imaginais. Aussi noir que mon esprit a pu se le représenter. Profond. Sans malveillance.

Je ne pose pas une seule fois les yeux sur les deux silhouettes à ses côtés. Je ne parviens pas à me détourner de lui.

Il existe.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant