Chapitre 30

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PDV Hina

Je ne saisis rien. Prendre sa douleur ? J'aimerais comprendre, mais tout est allé trop vite. Ça a dégénéré si rapidement, que je ne parviens pas à y voir clair. Je reste sur place, et c'est Maï qui ose poser la question à ma place, pendant que Yuki emmène Ramin vers l'intérieur de la maison principale. Il peine à marcher, et respire encore avec énormément de difficultés. Il a l'air de souffrir le martyr, et je ne comprends pas pourquoi.

— Qu'est-ce que Nader a fait ?

Cyrus croise les bras et souffle, dépité.

— Depuis l'accident, Nader absorbe une partie de la douleur de son frère et de Yuki. Il vient simplement de lui rendre.

— Comment il a pu rester debout en absorbant tout ça ? Entre sa douleur et celle des deux autres !

— Tu le connais, Em'. Il est capable d'encaisser en silence bien plus que n'importe qui.

Les liens entre les loups sont encore plein de mystères pour moi. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle chose était possible. Et je ne pense qu'à une chose. Comme cela a dû être dur pour lui de faire face à tant de douleur. Et pourtant, il a absorbé tout ça pendant des mois, pour son frère. Pour sa dominante. A quel point faut-il être fort pour réussir ?

— Il est fort.

Ça m'échappe, et je me retrouve à cacher ma bouche comme si j'avais dit une bêtise en rougissant. Je tire un rire aux loups et à Maï, tandis qu'Emna glisse un bras sur mes épaules.

— Oui, mais sacrément idiot.

— Je ne sais pas si je le trouve incroyable ou totalement stupide.

Jeiran a l'air de peser le pour et le contre, pendant qu'Arman acquiesce. Ils semblent tous le comprendre et à la fois trouver qu'il a fait une action idiote.

— Hina, si tu veux mon avis, ne tente pas de lui dire qu'il a été fort. Ou de lui parler de ce qu'il vient de se passer.

Je me contente de hocher la tête devant ce conseil que Maï me lance.

— Qui est Sina ?

Je me rends compte que je n'aurais peut-être pas dû poser la question quand je vois leurs visages. Ai-je dépassé une limite ?

— Leur petite sœur.

Je ne savais pas qu'ils avaient une sœur, et vu le visage des personnes en face de moi, je comprends pourquoi. Et je ne dis rien de plus, consciente que je ne dois rien demander. Leur passé ne me regarde pas. Pourtant, ne pas savoir, quand je suis consciente que ce doit être une épreuve plus que difficile pour Nader, est presque insupportable.

Aussi insupportable que son visage quand je rentre à la maison. Il est là, dans le salon, une cigarette à la main. Je sais ce que ça signifie, quand il fume. Je sais ce qu'il ressent à ce moment là. Je sais que je devrais me taire. Au mieux, lui proposer de regarder un film, pour lui faire penser à autre chose. Mais surtout, écouter Maï. Ne pas parler de la dispute. Ne pas donner mon avis.

Mais je n'y arrive pas. C'est plus fort de moi, je n'arrive pas à garder ma bouche fermée.

— Pourquoi avoir pris leur douleur ?

Il dépose un regard sur moi, l'espace d'une seconde, mais ne répond pas. C'est le signe que je devrais m'arrêter là. Mais je ressens le besoin d'entendre sa voix. De faire en sorte qu'il aille mieux, car sous cette couche de colère, je sais qu'il y a une bonne dose de douleur.

— C'est... très courageux d'avoir fait ça.

— Ravi que ça te plaise.

Je ne maîtrise pas encore très bien l'ironie, mais je la sens clairement percer dans sa voix.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant