Chapitre 35

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PDV Nader

Un bruit sourd suivi d'un juron me fait râler et me retourner dans le lit. Ma tête s'enfonce dans l'oreiller, conscient que je ne vais pas tarder à être obligé de me lever. Je peux presque compter les secondes. 5. 4. 3.

Je souffle avant même qu'il ne retentisse, dans l'expectative peu reluisante qu'un nouveau tintement va briser le peu de sommeil qu'il me reste.

2. 1.

Et un bruit de verre brisé retenti, tandis que je grogne. La seconde suivante, je suis à l'étage inférieur, les yeux posés sur la demi-louve en train de retourner ma cuisine.

— Tu as prévu de détruire ma cuisine ?

— Oh, je t'ai réveillé ?

En réalité, mon esprit s'est mis en alerte dès la seconde où son corps s'est extirpé de mes draps pour descendre ici. Mais le reste de mon être était bien décidé à profiter un moment de mon matelas sans qu'elle ne soit trop loin pour quitter mon radar.

— Tu as du réveiller le camps entier.

— Il est 13 heures.

Je lève un sourcil dans sa direction.

— Qui a voulu absolument regarder cette trilogie jusqu'à 4h du matin ?

Elle ne répond rien, consciente qu'elle ne gagnera pas, et fait mine de se reconcentrer sur son verre doseur. Elle passe ensuite en revue le contenu des placards, et attrape deux pots. Je la regarde faire sans rien dire. Elle me jette un coup d'œil, tandis que je reste là, appuyé les bras croisés contre le plan de travail.

Je ne sais pas quel chat l'a fouetté à vouloir faire un gâteau alors qu'elle n'a encore jamais allumé le four de cette pièce mais son petit air pincé me fait renoncer à l'en empêcher. Elle a la même concentration que lorsqu'elle cherche à résoudre le plot twist d'un film qui l'intrigue. Le nez relevé, les sourcils froncés, et ses dents mâchouillant sa lèvre inférieure.

Pourtant, alors qu'elle s'apprête à verser le contenu de son verre doseur dans son bol, je l'arrête.

— Tu devrais renoncer.

— A faire un gâteau ? Je pense que j'en suis capable.

— A mettre du sel à la place du sucre.

Elle rougit en remettant le condiment dans son pot.

— Je n'ai pas besoin de ton aide.

— Absolument pas effectivement.

Elle me tire la langue, tandis que je hausse un sourcil pour la défier de recommencer.

— Tu seras bien content quand j'aurai terminé.

Je n'en ai rien à faire de manger une sucrerie de ce genre, et elle le sait, mais elle fait mine d'avoir raison. Je la laisse s'affairer dans tous les sens, conscient qu'elle est en train de gaspiller bon nombre d'ingrédients, et qu'elle n'aura jamais de carrière dans la cuisine. Pourtant, je n'interviens pas pour cesser le massacre, car elle semble aimer ça.

En revanche, je bouge quand elle s'apprête à tirer la grille du four à la main. Mon bras s'enroule autour de sa taille et je la soulève pour la reposer un mètre plus loin. Elle me regarde avec des yeux de merlans frits, ne comprenant pas mon geste.

— On ne touche pas à la main une grille de four.

Et cela m'agacerait tellement de devoir l'expliquer à n'importe qui d'autre.

— Oh.

Sans rien dire, j'attrape les gans et m'occupe de terminer la préparation. A quoi bon faire cuire un gâteau immangeable, aucune idée, mais elle a l'air tellement fière à patienter devant la porte vitrée en le regardant gonfler que ça m'est bien égal.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant