Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2

Chapitre 9

PDV Nader

Yuki passe son regard sur la jeune femme assisse sur la table d'examen. Elle n'a pas l'air à l'aise, dans cette pièce, mais elle se retient de montrer trop son trouble. De temps en temps, son regard inquiet vers les instruments médicaux la trahis, mais pour une raison qui m'échappe, il lui suffit de me regarder pour que son cœur se calme. Si Yuki a raison et qu'elle m'a vu dans ses songes, je mets ça sur le compte d'un visage qui lui paraît familier. Ma dominante s'approche d'elle en douceur pendant que je me munis de désinfectant et de bandes. J'ai comme l'impression qu'elle ne laisserait pas une autre personne s'en occuper, alors je m'y attelle. Elle me laisse me saisir de son bras et lui appliquer une compresse humide pendant que la vampire l'interroge. Elle sursaute quand le liquide lui picote la peau, mais ne dit rien.

— Comment t'appelles-tu ?

Pendant un instant, je me dis qu'elle ne va pas répondre. Pourtant, elle glisse un regard sur moi, avant de se retourner vers Shadow. Comme si elle avait attendu mon approbation pour laisser glisser les mots hors de sa bouche. Ses premiers mots, depuis qu'on l'a récupérée dans ce hangar. Elle n'en a pas laissé sortir un seul de tout le trajet, et je commençais à me demander si il s'agissait de timidité ou bien de blessures qui l'en auraient empêchée. Quand on voit son corps, on se le demande légitimement.

— Hina.

— Enchantée Hina. Je crois que tu as saisi nos prénoms. On te présentera les autres plus tard.

Elle hoche la tête tandis que j'entoure son bras de bandes. Pour recouvrir toutes les blessures, il va en falloir.

— Je ne sais pas vraiment ce que tu es, et on aura l'occasion d'en discuter plus tard. Mais je suis certaine que tu n'es pas humaine. Alors pourquoi tes blessures ne guérissent pas ? Elles n'ont pas été faites avec de l'acier ou du fer, non ?

Dans un premier temps, elle secoue la tête. Puis elle explique rapidement, mais je saisis qu'elle n'a pas la force de trop en dire pour l'instant. Les questions, les vraies, nous les gardons pour plus tard.

— Je n'ai jamais guérie comme les surnaturels.

Ma dominante fronce les sourcils, appréciant peu la réponse. Parce qu'elle suscite pas mal d'interrogations, parce qu'elle suppose qu'on l'a torturée un bon moment et qu'elle a tout enduré comme un humain. Elle a envie d'en savoir plus, comme moi je dois l'avouer, mais ce n'est pas le moment. Une fois que j'ai terminé de panser ses bras, je laisse le silence planer un moment avant de diriger mon regard vers ses jambes, couvertes de la couverture donnée par Emna.

— Il y en a d'autres ?

Elle met un moment à réagir, comme si elle analysait ma voix. C'est une fausse question. La veille, j'ai rêvé qu'on lui plantait un couteau dans la jambe. Alors je sais ce que je vais trouver, même si je ne suis pas capable d'affirmer que j'ai vu en temps réel ce qu'elle vivait.

J'attends patiemment qu'elle se décide, ce qui m'étonne presque de moi, et elle finit par relever le plaid. Sans trop de surprise, ses jambes sont à l'image de ses bras, bien qu'à part une entaille, les plaies sont renfermées. Quelques minutes supplémentaires, et cette nouvelle plaie est couverte.

Sans rien dire, je lui tends les mains. Elle semble saisir, puisqu'elle y pose les siennes et descend de la table. Mais sitôt ses pieds au sol, elle s'effondre, en couinant de douleur. Mes bras s'enroulent autour d'elle et la soulèvent pour la rasseoir. Visiblement, elle ne peut vraiment pas marcher, et je suppose qu'on a une fracture dans sa jambe droite. Au moins une, en tout cas. Il va falloir qu'elle voit un médecin, mais pour l'instant, elle a plutôt l'air d'avoir besoin de repos. Et c'est sûrement ce qui retient ma dominante de l'assaillir de questions sur ses bourreaux, leur but, et sa propre condition. Mais elle ne pourra pas nous offrir de réponse sur l'interrogation la plus essentielle : ses rêves et le fait qu'on soit face à face indique ce que nous craignons, une intervention du Destin. Comment et pourquoi, voilà ce qu'il reste à définir.