Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2

Chapitre 14

PDV Hina

Je sens avant même d'ouvrir les yeux que le jour n'est pas levé. La nuit est encore profonde, et tout est calme. Je tente de les fermer de nouveau. De laisser le repos venir m'envelopper encore une fois, tant c'est agréable, d'être entre ces draps, sur ce matelas. Après les émotions fortes de la journée, il m'a accueilli avec toute la douceur dont j'avais besoin. Comme deux bras chaud qui m'entourent et me bercent. Mais mon esprit refuse de s'apaiser. Mon cœur bat un peu trop rapidement, mon regard parcourt la pièce à la recherche de réponses. Je sens au fond de moi de quelque chose cloche. Que je ne dois pas me rendormir. Je tente d'ignorer cette petite voix au fond de moi qui me chante de me lever. De parcourir quelques mètres pour arriver auprès de lui.

Je n'ai pas à entrer dans son intimité. Et pourtant, pourtant, je me sens incapable de rester en place. Je me tourne et me retourne, soufflant d'un presque désespoir. Je sais que je vais céder, mais je retarde le moment. Comment le prendrait-il ? Mal, je suppose. Une inconnue qu'il héberge se pointe dans sa chambre au beau milieu de la nuit suite à une folle impulsion. Je doute qu'il apprécie fortement ce genre de réveil. Mais malgré cette réalité que j'imagine, je ne parviens pas à faire autrement. Je repousse les draps et me retrouve sur mes deux jambes qui chancellent encore un peu. Je voudrais me persuader de faire demi-tour, mais ma volonté est surpassée par ce besoin inexpliqué. Mes pieds m'emmènent d'eux-même vers cette pièce dont je ne devrais pas ouvrir la porte. Pourtant, la seconde suivante, je m'y enfonce, et je le vois. Je l'entends, aussi.

Comme dans mes rêves. Pris d'un cauchemar qui semble le terrasser, il s'agite sur son matelas. La sueur dévale son visage, tandis que les poings serrés, il paraît tenter d'échapper à ses démons intérieurs. J'ai l'impression de me retrouver quelques jours en arrière, quand cette vision n'était qu'une illusion. Quand je n'étais pas vraiment dans cette pièce, mais enfermée dans un sous-sol. Pendant une seconde, je me demande si ce n'est pas la preuve que je rêve de ma libération. Mais lorsque je m'avance, tremblante à l'idée de découvrir que c'est le cas, il ne disparaît pas. Lorsque je pose ma main sur son bras, lorsque mes lèvres prononcent doucement son prénom, il ne disparaît pas. La chaleur de sa peau me fait presque sursauter. Je serre un peu plus mes doigts sur son bras, ressentant la nécessité de le tirer de là. De rompre ce sommeil qui semble lui faire un mal de chien.

Son corps est pris d'un spasme et ses yeux s'ouvrent. Il leurs faut une minute, pour se poser sur moi. Il ne dit rien, se contentant de chercher à apaiser sa respiration encore haletante. Sous la force de ses pupilles noires, je me sens obligée de lui expliquer ma présence.

— Tu faisais un cauchemar.

Mais ça n'explique rien. Ni pourquoi j'ai senti le besoin de venir ici. Ni pourquoi je l'ai fait. Ni pourquoi j'ai voulu le tirer de là. Il s'en contente, pourtant, au moins pendant un instant. Sans rien dire, il se lève, et se dirige vers la salle de bain attenante à la pièce. Il ne ferme pas la porte, et je l'observe s'asperger le visage d'eau froide. Je devrais sortir. J'en ai fait assez. Or, je reste là, plantée dans sa chambre, à le regarder, à l'attendre.

Quand il revient, je ne sais plus très bien si son corps coule de sueur ou d'eau, et je fais en sorte de ne pas passer mes yeux sur son torse dénudé. Je suis entrée dans son intimité. Je vais m'éviter de faire plus que cela. Même si je dois avouer avoir plus d'une fois passé mon regard sur les lignes de ses muscles lorsque je le trouvais dans mes songes, ces dernières semaines.

Une serviette dans une main, il se frotte les cheveux qu'il a légèrement humidifié en me regardant.

— Comment tu as su ?

Je n'ai pas pu l'entendre. Sa chambre est trop loin, la maison est suffisamment isolée, pour que des respirations haletantes ne me parviennent. Il le sait, et moi aussi. Je me demande seulement si il va comprendre la raison, que j'ai moi-même du mal à trouver logique.