Chapitre 18

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 PDV Hina

A travers la fenêtre, j'observe les loups s'entraîner, comme chaque jour depuis une semaine. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve cela fascinant. Ils se battent, et pourtant, j'ai l'impression qu'ils dansent. J'aime autant leurs rires, quand ils s'embêtent les uns les autres, que leurs grognements, lorsqu'ils sont sérieux. J'aime les voir se transformer, user de ces dons que je ne suis pas capable de contrôler. Ils sont forts. Puissants. Je le ressens. Loin de me faire peur, ça m'attire étrangement. Comme si ils étaient mes aimants. Le spectacle qu'ils m'offrent ne me donne pas envie d'essayer, mais simplement de rester là, à les regarder, encore et encore.

L'un d'eux en particulier.

Nader est souvent à l'écart des autres. Il se concentre sur ce poteau de bois, pour faire de l'aïkido, de ce que m'a dit Yuki. Parfois, lorsque ses dominants le sollicitent, il les rejoint pour des combats. Et chaque fois, il m'apparaît tout aussi extraordinaire que la fois précédente. Je crois que je connais presque par cœur les mouvements de son corps, lorsqu'il s'entraîne. Je peine toujours à détacher mon regard de lui. C'est plus fort que moi, je le cherche du regard dès que je ne l'aperçois pas. J'aime sentir son aura près de moi. J'aime savoir qu'il n'est pas loin.

Et je dois lutter contre des envies qui me dépassent. Celle de sortir de cette maison et d'aller les rejoindre. De me placer plus près de lui. De me blottir encore contre son torse, comme cette fois, avant de rencontrer le médecin.

Nous n'avons eu aucun contact physique depuis. Pourquoi en aurions-nous eu ? Mais bizarrement, j'ai envie de me rapprocher de ce qu'il dégage. De me lover dans son aura qui m'a déjà entourée et bercée. C'est une sensation étrange, que de se retrouver entourée de l'énergie d'un loup. Et j'ai l'impression que c'est addictif. Mes pensées me dépassent, mais jamais je ne les laisse prendre le dessus. Parce que je n'en ai ni le courage, ni la prétention.

Il frappe une nouvelle fois dans le poteau de bois, bandant les muscles de son bras. Je m'y attarde un peu trop, quand un voix me fait sursauter à côté de moi.

— Il ne va pas disparaître même si tu cesses de le regarder tu sais.

Maï rit un peu et s'installe à mes côtés, n'ayant pas la possibilité de participer à leur entraînement. Elle m'a confiée comment elle avait perdu sa jambe. J'ai été très touchée de l'apprendre, mais j'ai retrouvé le sourire en voyant le sien, lorsqu'elle m'annonçait qu'au moins, elle n'avait plus besoin de passer des heures à s'entraîner. Elle a toujours été du genre à travailler son muscle cérébral plus que les autres, m'a-t-elle dit.

Je sens mes joues rougir, mais alors que je sais qu'ils sont trop loin pour capter ma voix, j'ai envie d'en parler. De me confier. Et j'ai la sensation que je peux le faire avec elle. Avec n'importe lequel d'entre eux, en réalité.

— C'est plus fort que moi.

— Je comprends ce que tu veux dire. J'étais pareille, avec Arman.

— C'est...

— Oui je sais, tu vas me dire que c'est différent, que ce n'est pas de l'amour comme pour nous... C'est ce que j'aurais dit à l'époque aussi.

Mais c'est vraiment différent. Parce qu'il n'y a aucune possibilité que ce soit la même chose entre nous. La même finalité.

— Ce n'est pas de l'attirance. C'est un besoin. Je ne sais pas comment le dire... mais je n'arrive tout simplement pas à être éloignée de lui. J'ai l'impression... que c'est douloureux, vide, lorsque c'est le cas.

— Et que ressens-tu, vis-à-vis de cela ?

— Je ne sais pas. Je crois que j'ai peur. Peur que ce soit réel. Et que je ressente encore tout ça quand je ne serai plus là.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant