Chapitre 6

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Désolée pour le retard ! La plupart de ceux qui lisent cette histoire lisent aussi Amour Muet, du coup je ne répète pas ce que j'ai mis au début du dernier chapitre x)

Bonne lecture !

PDV Hina

Il paraît calme, et pourtant, les traits de son visage sont tirés. Ses poings sont serrés, et de la sueur perle sur son front. J'entends sa respiration haletante, ses soupirs de douleur. C'est comme si on était en train de le mutiler de l'intérieur. Dans l'obscurité de cette pièce que je ne connais pas, je regarde cet homme supporter la douleur au lieu de se trouver dans un sommeil réparateur. Au milieu des draps blancs qui font ressortir sa peau légèrement hâlée, la lune me permet de distinguer ce visage que j'ai tant de fois imaginé. Je ne sais pas qui il est. Je ne sais pas si il existe. Mais je sais que le voir m'apporte parfois un peu de réconfort. Comme si il était enfermé dans cette prison avec moi. Il est le seul visage auquel j'ai accès, en dehors de celui malveillant de ce médecin qui me rend visite trop souvent. Je ne le vois que dormir. Presque toujours, des cauchemars viennent troubler ses nuits. Et chaque fois qu'il ouvre les yeux, tout s'arrête. Je me retrouve à nouveau dans cette cellule où je vis. Où je survis.

Je voudrais croiser son regard, rien qu'une fois. Simplement pour voir si il est tel que je l'imagine. Profond, noir mais pas malveillant. Je voudrais pouvoir me rendre compte avec ses yeux de la personne qu'il est. Je voudrais pouvoir m'accorder le droit de m'échapper un peu plus auprès de ce seul être vivant que je côtoie. Même si ce terme n'est pas des plus appropriés.

Il n'est qu'une image de mon esprit, peut-être un moment de répit que ce dernier m'offre consciemment pour me faire décompresser. Pour me faire tenir. Je me demande seulement si il l'a créé de toutes pièces, ou si il est un homme que j'ai déjà pu croiser, dans ce semblant de vie que j'ai eu avant d'être ici. Telle une porte de sortie vers l'extérieur, le regarder dormir, peu importe combien ses nuits ne sont pas les meilleures, me donne un peu de baume au cœur.

Parfois, j'essaie de m'avancer. De poser ma main sur son épaule, d'éponger son front. Mais c'est comme si je n'étais qu'un fantôme dans cette chambre. Je suis bloquée, à ne pouvoir rien faire d'autre que de le regarder. A espérer que son esprit va s'apaiser, et qu'il ne va pas ouvrir les yeux trop vite. Pour que je puisse rester là encore un peu.

C'est une présence qui n'existe pas vraiment mais à laquelle je me raccroche. Autant qu'à mes vieux souvenirs. Des moments de détente avant l'horreur de ma vie. Je me demande à quoi ressemble sa voix. Je me demande pourquoi mon esprit ne m'autorise pas à en voir plus de lui. Quitte à me donner un compagnon imaginaire pour soulager mon âme, autant qu'il soit éveillé.

La couverture bouge et son torse se dévoile. Je me sens rougir, et pourtant, je ne détourne pas le regard. A quoi bon ? Ce n'est que mon esprit qui le forme.

Je pourrais m'attarder sur ses muscles dessinés, sur la couleur attrayante de sa peau, pourtant, ce qui m'attire, c'est cette marque, sur ses côtes. Une seule cicatrice, sur un corps qui semble avoir été fait pour combattre. Quand le mien en est strié sans jamais n'avoir cherché à me battre.

Sous sa peau, ses muscles se contractent, et au fond, je sais que la douleur va finir par le réveiller. Je voudrais l'apaiser, pour ne pas quitter cette pièce, mais je m'en sais incapable. Alors presque résignée, je recule de deux pas, et observe une dernière fois son visage. Il ouvre les yeux, et je me sens disparaître, pour les rouvrir dans cette pièce sombre, le son des tintements et des pas se rapprochant.

Je tente de les fermer à nouveau. Comme si cela allait me permettre de retourner auprès de cet inconnu dormant, plutôt que de me retrouver ici.

Pourtant, la porte de fer fini par s'ouvrir, et derrière elle, ce n'est pas le visage que je voulais voir. Un sourire mauvais sur le visage, il entre dans la pièce. Je me demande à quoi ressemble le sourire de mon inconnu. J'oublie bien vite mes interrogations quand le chariot roule jusqu'à moi, que les néons s'allument en brûlant mes rétines.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant