Chapitre 16

77 14 0
                                    

PDV Nader

Il est presque 3 heures du matin quand je passe enfin la porte de chez moi. Faire le tour des frontières n'a rien d'excitant, et je soupçonne Cyrus d'avoir volontairement fait durer le moment. Un soupçon que je sens se concrétiser en déposant mon regard sur les trois jeunes femmes endormies dans mon salon. Je m'attarde un peu sur la nouvelle venue, repliée sur elle-même dans un fauteuil, dans une position qui m'a l'air tout sauf confortable.

Yuki, assise sur le plan de travail de la cuisine, les observe également en silence, une tasse fumante à la main.

— Tu devrais emmener Hina dans son lit.

Je me contente de hausser un sourcil, et je suis presque certain de la voir cacher un sourire derrière son mug. Le voilà, mon soupçon.

— Dormir dans le fauteuil n'est pas très bon pour son dos.

— Tu t'en soucies ?

— Et pourquoi pas ?

— J'ai souvenir que lorsque Ramin souhaitait aller coucher Tala pour les mêmes raisons, tu refusais.

Elle hausse les épaules avec une certaine décontraction, pas le moins du monde embêtée que son plan ne soit pas si bien caché.

— Il l'aurait réveillée. Ramin est tout sauf doux.

— Parce que moi oui ?

Je suis à peu près certain que doux n'est pas un adjectif que l'on peut m'associer. Et elle le sait aussi bien que moi. Pourtant, elle relève les lèvres dans un sourire moqueur.

— Tu ne trouves pas que c'est le cas, ces derniers temps ? Tu l'as portée délicatement à plusieurs reprises, serrée contre toi lorsque ton frère jouait les idiots menaçants, lui a parlé de Tala, et avalé tout ce qu'elle a pu t'apporter.

Elle extrapole, et mon regard lui souffle, mais elle ne fait pas cure de s'en soucier.

— Tu m'as demandé de la protéger.

— Je ne suis pas certaine que ça intégrait tout ce que je viens de te citer.

Un peu plus, et elle me tirait la langue. Shadow n'est pas du genre enfantine. Mais quand il s'agit de m'emmerder, elle est aussi efficace qu'un gosse de 5 ans.

— En plus, contrairement à Tala, elle risque vraiment un torticolis. Lui éviter rentre dans le cadre de la protection tu ne crois pas ?

Je lève les yeux au ciel, sans bouger pendant une minute. Pourtant, je sens au fond qu'elle vient de faire mouche. Oui, lui éviter de se broyer les cervicales rentre dans ce cadre. Je grogne lorsque je l'entends rire quand je décroise les bras et me dirige vers la jeune femme.

L'instant suivant, je suis devant la porte de sa chambre, son corps frêle et toujours endormi entre mes bras. Je me retiens de lâcher un juron quand je remarque le lit recouvert de vêtements, maquillage, et d'autres appareils dont l'utilité ne m'apparaît pas. La voilà, l'entourloupe. Je suis à peu près certain que Yuki n'ignorait pas le bordel dans cette pièce. Et n'ignorait pas non plus que je n'ai qu'un seul autre endroit où la mettre. Le canapé est recouvert des corps entassés de Maï et Emna, et il est tout simplement impossible de l'installer dans la chambre de mon frère, bien que souvent inoccupée.

Sérieusement, l'intérêt d'une telle manigance me dépasse, et je me contente de déposer Hina dans mon lit, en pestant intérieurement. Ce n'est pas l'envie qui me manque de retourner la poser dans ce fauteuil pour ne pas laisser à mes dominants la satisfaction de gagner, mais l'instinct de protection m'en empêche.

Elle frissonne un instant en se tournant sur le matelas. Je la recouvre du drap et un sourire satisfait monte sur ses lèvres. Elles brillent. Comme ses paupières, tapisées d'une couleur verte. Le parallèle entre son visage et le bazar dans sa chambre n'est pas difficile à faire et il y a cette part étrange de curiosité en moi qui se demande si elle a apprécié de découvrir ce genre de moment. A en juger par l'expression de son visage endormi, c'est le cas. S'en est presque satisfaisant.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant