Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2

Chapitre 22

PDV Hina

— Notre meute est particulière sous bien des aspects.

Je m'accroche aux paroles de Maï comme si elle s'apprêtait à me raconter une grande aventure. Et au fond, ce n'est pas tout à fait faux. C'est leur vie, leur meute, une aventure pour moi qui ne connaît pas ce monde, ou tout du moins de loin. J'ai entendu parler des meutes. Mais je n'en ai jamais fait partie. Je dois être tout aussi ignorante que la plupart des humains. À la différence près que moi, j'ai une partie louve. Même si on ne dirait pas.

Connaître ce monde auquel ils appartiennent me paraît important, presque incontournable. Un besoin, comme nombreux sont ceux que je ressens depuis que j'ai fait leur connaissance.

Elle m'a déjà parlé de leur vie. La perte de sa jambe. La perte de l'œil de Jeiran. Nader m'a parlé de Tala. Yuki des Sancœurs. Ils m'ont déjà donné beaucoup d'informations sur eux, et pourtant, j'ai cette envie d'en savoir plus. Autant sur eux, que sur ce monde lupin dont j'ignore trop de choses.

— Le monde lupin fonctionne selon deux aspects. Chaque meute a son alpha. Mais chaque meute appartient à un ensemble plus grand, géré par Bahram, le père de Cyrus. C'est l'alpha suprême.

Je tente de visualiser un schéma qui retrace ces informations.

— En somme, ce sont des cercles. Chaque meute est un cercle. Et ils sont tous contenu dans un grand cercle dirigé par Bahram.

— Des centaines de milliers de loups.

— En effet. Nous, c'est encore plus. Nous sommes un cercle, dirigé par Cyrus et Yuki. Nous sommes contenu dans le cercle de la meute privée de Bahram. Puis encore dans le cercle des loups général.

Je crois que je commence à saisir. Mais un point me turlupine.

— Si un alpha ressent la mort ou la douleur de ses loups alors Bahram...

— Ressent chacun des loups au monde, à l'exception des loups solitaires. Avec plus ou moins d'intensité. Un loup de sa meute privé le touchera plus qu'un loup d'une autre meute.

J'imagine la somme de douleur qu'il peut être amené à ressentir, parfois. Et de ce qu'elle m'explique, c'est Cyrus qui sera amené un jour à prendre ce chemin.

— Une meute, c'est une famille, avec quelques particularités. Parfois, on s'aime et parfois, on veut s'entre-tuer comme des frères et sœurs. Comme Nader et Jeiran, lorsqu'il t'a fait boire.

Je ne peux m'empêcher de rougir devant les souvenirs de cette soirée d'il y a quelques jours. Il a pris soin de moi. Et le lendemain, il a fait manger le sol à Jeiran. Je ne savais pas où me mettre. Et le souvenir me met dans le même état. Elle rit un peu devant ma mine avant de se remettre à m'expliquer.

— Nous ressentons ce que les autres ressentent. C'est plus ou moins fort en fonction de la position dans la meute, ou des liens avec la personne. Nous ressentons tous plus Yuki et Cyrus que les autres. Mais je ressens plus Arman que Jeiran, par exemple. Je pense que tu saisis l'idée. Parfois, nous pouvons cacher nos sentiments, ou absorber ceux des autres, mais c'est compliqué. Il faut un mental très fort. Et il est rare de parvenir à les cacher aux dominants.

— C'est... fantastique.

— Pas toujours. C'est parfois un cercle vicieux. L'un va mal. Un autre le ressent, et cela joue sur ce qu'il ressent, et ainsi de suite. Mais ça peut devenir un cercle vertueux, effectivement.

J'imagine à quel point il a du être dur d'être dans ce cercle à la suite de la perte de Tala. Et encore aujourd'hui, avec la douleur de Ramin. Mais je préfère ne pas en parler. Justement pour ne pas raviver cette douleur en elle, et en tous les autres.