Chapitre 41

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PDV Nader

— Une bonne soirée entre couilles, voilà qui faisait longtemps !

Arman hausse les yeux au ciel en déposant un pack de bière sur la table d'extérieur.

— Tu es d'une poésie, Jeiran.

— Je suis surtout assoiffé.

Il attrape une des bouteilles vertes avant de se laisser tomber lourdement sur la chaise derrière lui. Cyrus rit, attrapant lui aussi une boisson, et en distribuant à chacun. Un peu en retrait, comme toujours, je ne dis rien et me contente de la décapsuler pour la porter à mes lèvres.

Je n'aime pas spécialement les rassemblements de ce type, mais les femmes ont une nouvelle fois décidées de s'enfermer entre elles, et un guest-apen en entraînant un autre, me voilà coincé ici.

— Bois, si ça peut t'empêcher de raconter des conneries.

— Je te retourne le compliment Ramin.

Le loup lève sa bouteille vers mon jumeau, comme pour trinquer dans le vide. Depuis quelques jours, ce dernier retrouve un semblant de vie, et le détour par ce magasin de nouveaux nés en est le paroxysme. Je vois la joie dans les yeux des nôtres chaque fois qu'ils constatent une amélioration. Je voudrais la ressentir autant qu'eux, mais je suis sur la réserve, conscient que la moindre rechute pourrait lui être fatal. J'ai l'impression qu'il s'accroche à cet enfant pour se remettre d'aplomb, et mon instinct me souffle que ce n'est pas forcément une bonne idée. Si il arrivait quoi que ce soit, et que nous ne parvenions pas à l'empêcher, cela le ferait sombrer. Sans possibilité de remonter la pente.

Je suppose que Yuki et Cyrus en sont conscients. Mais ils ont sciemment décidé de mettre leur craintes de côté quelques temps, ce que je ne peux pas leurs reprocher. L'arrivée de cet enfant bouscule tout.

Et est le centre de l'attention et des discussions en permanence.

— Je veux un bébé.

— C'est à Maï, que tu dois le dire.

— J'ai bien essayé, mais figure-toi qu'elle a refusé.

— Attends donc que celui de l'Alpha soit là avant de décider si tu veux ton propre rejeton, Arman.

— Es-tu en train de me dire que tu ne ressens pas l'envie d'en avoir avec Em' ?

Cette fois, c'est Jeiran, qui lève les yeux au ciel, comme si la réponse lui paraissait évidente.

— Je suis avec elle depuis des décennies, évidemment que j'en ai envie. Tu es avec Maï depuis trop peu de temps pour y penser sérieusement.

Et pour une fois, il me semble que le loup dit une chose plutôt sensée. Sans compter qu'il devrait lui-même devenir un adulte avant de penser à se reproduire. Deux Jeiran, non merci.

— Le temps n'a rien à voir avec l'amour.

— Avec l'amour, peut-être. Mais avec tous les chamboulements dans sa vie depuis qu'elle nous connaît, je suppose que sa priorité n'est pas d'en créer un nouveau. Surtout que celui-là dure toute une vie. Et les nôtres sont sacrément longues.

— Finalement tu es plutôt perspicace, quand tu veux.

— C'est grâce à la bière.

Après quelques éclats de rire, et des discussions sans intérêt que j'écoute d'une oreille, en attendant impatiemment qu'on me laisse rentrer chez moi, la question est posée à Cyrus de ce qu'il pense de l'évènement à venir.

— Ce n'était pas prévu. Surtout pas en ce moment.

La menace qui plane au-dessus de nos têtes, et plus particulièrement au-dessus de celle d'Hina me fait grincer des dents.

Avec le Destin - Notre Destinée Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant