Chapitre 27 - Partie 2

9 2 1
                                    

Depuis notre première rencontre, le commandant est devenu la source de tous mes cauchemars. Je revois encore et encore son sourire froid et dépourvu de vie alors qu'il tient un couteau.
J'en ai fait des trucs stupides dans ma vie, mais clairement, le provoquer est au dessus du lot.
— La famille Mercer au complet, s'exclame-t-il. Quel jolie surprise.
Je sens la main d'Elias se resserrer autour de la mienne. Comme pour m'empêcher de dire un truc stupide. Il me connaît si bien...
— Dommage que le plaisir ne soit pas partagé.
Mais il faut croire que je tiens ma langue bien pendu de mon père.
Je les vois, lui et ma mère, se rapprocher doucement de notre visiteur indésirable. Ils cherchent sans doute à garder son attention sur eux. Mais c'est peine perdu. Je sais que nous ne pouvons plus nous enfuir maintenant. Costa a un rictus et d'un mouvement de la main, il ordonne à ses soldats de nous entourer.

— On vous fait si peur pour que vous sortiez la cavalerie ? m'exclamé-je.

La main d'Elias écrase mes doigts. Finalement, je n'ai pas su me taire. Comme toujours avec moi. Ce qui est, bien sûr, une mauvaise idée. Je frissonne quand le regard du commandant se reporte sur moi.

— La petite menteuse, finalement on se souvient qu'on a une famille...

— Un petit miracle. Juste après que vous m'ayez menacer avec votre couteau, je tombe sur eux. Vous vous rendez compte de la coïncidence ?

Ma langue se délit aussi vite que les battements de mon cœur. Et au vu de la terreur qu'il m'inspire, je vais user de ma salive.

— Je devrais peut-être te présenter à nouveau mon ami pointu. Puisqu'il apporte tant de joie dans ta vie, Lou-Pepper.

Finalement, ma gorge vient de brusquement s'assécher, tandis que ma main est en train d'être broyer dans celle d'Elias.

— C'est ton nouveau passe-temps, Costa ? interrompt mon père. Terroriser les enfants ?

Pour une fois, je ne le prend même pas mal. Il y a des moments mieux choisis pour montrer que je suis une adulte. D'autant plus quand le sourire de ce type me renvoie à mes cauchemars les plus profond.

— Certains ne comprennent que la violence.

— Encore heureux que tu n'es jamais eu d'enfant alors, reprit Marcus. L'éducation ne semble pas ton fort.

Costa pousse un bruyant soupir.

— Vous me fatiguez à parler autant. Et si nous allions faire un tour dans votre nouveau chez vous. Je suis sûr qu'il y a bien plus intéressant.

Un nouveau signe de sa main et ses soldats se rapprochent de nous. Je sens le canon d'un fusil appuyer sur ma colonne, pour me forcer à avancer. Comme c'est le cas de chacun d'entre nous. Ils nous entrainent vers les bureaux de la NASA. Le relâchement de mes épaules est à peine perceptible quand Costa préfère monter dans les étages plutôt que de descendre. Comme n'importe quel homme d'action, il pense que le plus importants ne peut se cacher dans un sous-sol. S'il savait...

Costa trouve un bureau, celui de mes parents. Il l'a aisément deviné. Son arrogance flamboie quand il prend place sur le siège. Sauf que nous ne pourrons clairement pas tous rentré dans cette pièce.

— Menottez-les, ordonne-t-il. Les Mercer et notre déserteur reste avec moi. Emmenez les autres dans le camion.

Je grimace quand les bracelets de fer se referment sur mes poignets. Trop serrés. Mais je doute que Costa soit sensible à mon confort. Alors pour une fois, je ferme ma grande bouche. Deux soldats restent avec nous et je regarde Carl et les autres repartir. Dire qu'on est mal barré serait un euphémisme. On est dans la mouise jusqu'au cou. Notre seule chance, c'est que le commandant aime un peu trop parler de lui même. Et prendre ces aises, puisque le voilà qui pose ses pieds sur le bureau, se fichant royalement des papiers qu'ils écrasent au passage.

— Voilà donc pour quoi vous avez abandonné la communauté... grimace-t-il. Il faut croire que vous aimez l'inconfort.

Mon père pousse un soupir.

— Tu sais très bien pourquoi nous sommes partis. Toi et tes camarades n'avaient fait que saboté notre travail. Rien de bien étonnant... La loi martiale vous offre la possibilité de faire ce que bon vous semble.

Je fronce les sourcils. C'est quoi cette loi dont il parle ? Mes parents le remarquent.

— La loi martiale, c'est quand le pouvoir est entièrement détenu par les militaires, m'explique ma mère. Comme c'est le cas chez nous. Mais ça n'a pas toujours été le cas. Avant nous faisions des élections pour choisir qui nous dirige...

— Ca suffit les cours d'histoire, coupe Costa. Les choses ne sont plus ainsi depuis longtemps.

Mais elles le sont encore pour C.C.. Encore une chose qui va changer avec l'éclatement de la lune.

— Nos recherches allaient permettre au peuple de reprendre un peu plus de pouvoir, ce qui allait à l'encontre de tout ce que vous vouliez.

Costa émet un bruit agacé.

— Vous parlez trop.... Je vous aurais laissé tranquille si vous n'aviez pas commencer à embarquer tant de monde dans vos délires. Et vous devez bien comprendre que faire exploser mes réserves de munitions m'a quelques peu... énerver. Et personne n'aime que je sois énervé.

Je ne peux retenir le rire moqueur qui s'échappe de mes lèvres.

— Parce que ça vous arrive d'être de bonne humeur ? Je pensais que l'énervement était votre état naturel...

Le pied d'Elias écrase le mien. Je fais mine de ne rien sentir. Je sais que je vais toujours trop loin. Mais si je ne parle pas, comment saura-t-il qu'il est ridicule ?

— J'aime beaucoup ta fille, Marcus. Si seulement elle choisissait mieux ces combats. Elle aurait pu faire de grande chose. Quel gâchis...

Le frisson qui me parcoure ne doit rien au froid.

— Personnellement, je trouve qu'elle sait parfaitement choisir, reprend mon père.

Costa sert des dents avant de finalement se redresser.

— Assez parler. Maintenant, je veux tout savoir.

— Tout savoir sur quoi ? demande mon père. C'est que nos connaissances couvrent de très nombreux domaines.

Pas de doute, je tiens bien de lui. Si mes mains n'étaient pas attachés, j'applaudirais son jeu d'acteur. Il fait bien semblant de ne rien comprendre. Costa, lui, n'apprécie pas énormément.

— Cesses ce petit jeu, Marcus. Tu n'aimerais pas que je fasse du mal à ta fille ou ta tendre épouse devant tes yeux. Personnellement j'y prendrais un grand plaisir...

Une lueur assassine traverse le regard de mon père. Le commandant n'y fait même pas attention. Il sait que sa menace fait mouche.

— Je veux l'emplacement de vos panneaux solaires, de vos armes, de vos récoltes, continue-t-il.

En gros, il veut détruire la communauté. Il ne pourrait être plus clair.

— Bien, marmonne mon père entre ses dents. Allons-y.

Je ne peux qu'espérer que Cora est en sécurité avec le journal et que C.C. nous sauvera tous.

Parce que je pense que c'est mal parti pour nous.

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant