Chapitre 3 - Partie 2

61 9 14
                                    

C'est avec un sac bien plus léger que je revins dans notre chambre. J'avais fait ma tournée et étais plutôt satisfaite de ce que j'avais tiré de tout ça. Les sous-vêtements avaient rendus de nombreuses femmes heureuses. J'avais ainsi pu récupérer un tout nouveau pantalon. Enfin, j'avais surtout pu récupérer un pantalon bien raccommodé. Il faut dire que je les usai très vite. Et si j'étais ravie de ma petite taille, je m'étais vite rendu compte que trouver des vêtements à ma taille lors de mes fouilles était bien trop compliqué. Pour les pulls et autres t-shirts, je m'en moquais pas mal que ça baille au niveau des seins, mais si un pantalon ne tient pas sur les hanches, on ne peut plus rien en faire. Du coup, il fallait bien que je passe par quelqu'un qui avait des talents de coutures.

Je parvins aussi à récupérer quelques fruits. Un cueilleur avait voulu l'herbier que j'avais déniché dans la boutique d'antiquités. J'avais été intraitable dans ma négociation. J'avais récupéré trois pommes et il m'en devrait d'autres la semaine prochaine. J'en avais dévoré une sur le trajet de retour. Je me retins d'en manger une autre tout de suite. Quand à la troisième, je la déposais devant Cora alors qu'elle était en train de dessiner avec les feuilles que j'avais ramené la veille.

- Merci Lou ! s'exclama-t-elle avec un large sourire.

J'adorais voir ses yeux pétiller de cette manière. Elle était ce que j'avais de plus approchant d'une famille après tout. Comme une petite soeur que je voulais préserver de la dureté du monde qui nous entourait.

- De rien, manges la vite avant que quelqu'un ne tente de la voler.

Malheureusement, tous les orphelins n'aimaient pas notre lien. La jalousie pouvait très vite prendre le dessus. D'ailleurs, elle ne se le fit pas dire deux fois. Elle croqua dans la sienne dans un geste franc qui fit même gicler un peu de jus sur son menton. Je ris en passant la main pour la nettoyer.

J'attrapais mon t-shirt de la veille pour essuyer ma main. Puis fourrais mon tas de linge sale sous le bras, gardant ainsi une main libre.

- Je vais faire une lessive. Tu veux venir avec moi ?

Elle accepta d'un signe de tête. Nous prîmes le chemin de la sortie. J'en profitais pour sortir ma deuxième pomme à mon tour. Cora allait ouvrir la porte mais cette dernière s'ouvrit avant qu'elle ne puisse toucher la poignée. Je m'étouffai avec mon fruit quand je vis qui venait de l'ouvrir. Il ne portait pas son uniforme, mais ce n'était pas difficile de reconnaître Elias avec ses boucles brunes, ses yeux verts et sa fossette rieuse.

- Salut les filles ! Qu'est ce que vous faites de beau ?

- On va faire la lessive ! Lui répondit Cora avec enthousiasme. Tu veux pas venir avec nous ?

Alors que jusque là il avait gardé ses yeux baissés vers mon bouton de rose, il les releva vers moi. Il attendait que je l'invite à mon tour. Je me contentais de garder le silence. Sauf que Cora, elle, ne comprenait pas vraiment ce silence. Si je parvenais très bien à résister au regard de chien battu du militaire. Celui de chaton de Cora me faisait toujours fondre, je n'y pouvais rien.

- Ouais, tu n'as qu'à venir avec nous, marmonnais-je finalement.

Mais si j'acceptais, je n'allais pas non plus lui rendre les choses plus faciles. Je lui fourrais alors mon tas de linge sale dans les bras.

- T'as qu'à porter, dans ce cas.

J'attrapais la main de Cora et sortit de la chambre. Il nous emboîta le pas, non sans me faire un sourire amusé. Il m'agaçait. Clairement. Je préférais l'ignorer et croquer de nouveau dans ma pomme. Si j'avais la bouche pleine, je me retiendrais de lui dire quelque chose de blessant.

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant