Chapitre 14 - Partie 2

17 3 2
                                    

Plus nous avançions, moins je reconnaissais le paysage. Les ruines, c’était mon domaine, je connaissais. Sauf que nous les avions maintenant quitté. La végétation devenait de plus en plus dense et le peu de construction que nous croisions étaient ensevelis sous des plantes.

Je me méfiais de tout aussi. J’avais entendu tellement d’histoire de bêtes sauvages cachés, prète à bondir pour dévorer un être humain, que chaque buisson me paraissait dangereux. Pourtant, je faisais mon possible pour ne rien laisser paraître à Elias. J’avais déjà eu du mal à le convaincre. Quand il s’est couché, je pensais que c’était gagner, qu’il suivrait mon idée. Mais fallait croire que la nuit portait conseil, ou c’était son tour de garde, mais au petit matin, il me soutenait mordicus qu’il serait plus sûr de rester dans les ruines. 

Il savait que c’était un mensonge. Les soldats finiraient par nous trouver. Il en était un, il en avait conscience. Sauf que tout comme moi, il connaissait les dangers liés aux terres sauvages. Au loin, nous pouvions déjà voir les arbres. Cette énorme forêt qui délimitait le début des terres sauvages. Quand nous les atteindrons, le danger serait omniprésent. Ses yeux étaient braqués dessus. Je le voyais s’accrocher frénétiquement aux anses de son sac à dos. Il faut dire qu’on nous apprenait dés notre plus jeune âge à craindre cet endroit. Si on me trouvait intrépide à partir fouiller dans des zones non-autorisés, ce n’était rien comparé à ses personnes qui partaient dans les terres. Moi, on me regardait avec tristesse, en se disant qu’un jour je me ferais choper et que ce serait triste, mais que bon, ce que j’apportais était plus important qu’une vague inquiétude pour une orpheline, alors qu’eux… C’était un tout autre sentiment qui nous habitait quand on les voyait. Un sentiment de crainte pour beaucoup. Ils savaient qu’ils étaient fasse à quelqu’un qui pourrait les écraser du plat de leur main. Oui, ils faisaient peur. Mais on les admirait aussi. Cette admiration craintive, comme on pourrait l’avoir pour un super-héros, comme dans ses livres dont Cora raffolait.

Elias, en tant que soldat, savait que même l’armée évitait ses gens. Ils fermaient bien plus volontiers les yeux sur ses chasseurs de l’extrême. Tout simplement parce qu’ils se doutaient que les oubliettes ne signifiaient pas grand chose pour eux.

J'evitais donc de lui rappeler vers quoi nous allions. Cela tournait déjà suffisemment dans sa tête sans que je ne dise rien. Nous marchions donc en silence. Ce qui rendit notre traversée plus longue qu'elle ne l'était. Quand nous atteignîmes les arbres, le soleil commençait déjà à se coucher. Avant d'entrer pour de vrai dans la forêt, Elias posa sa main sur mon bras. 
- T'es sûre de toi ? Tu penses vraiment que c'est la meilleure solution ? 

Je pris une inspiration et soufflait doucement.

- C'est la seule qu'on ait. 

Il eut un léger hochement de tête avant de lâcher mon bras et de s'avancer. 

Une fois les premiers arbres passés, notre rythme se ralentit. Aucun de nous deux n'étaient sûrs de lui. Nous étions si peu habitués à ce genre d'endroit. Rien que l'herbe sous nos chaussures étaient une nouveauté. Oh il y avait bien quelques touffes d'herbe perdus dans le campement. Mais ces brindilles sèches et jaunâtres n'avaient rien à voir avec ce tapis vert. Je devais l'avouer, j'aurais bien retiré chaussures et chaussettes pour découvrir la sensation que cela me procurerait sous mes pieds. 

- Il fait de plus en plus sombre, on va plus savoir où on met les pieds. On ferait mieux de s'arrêter pour la nuit. 

Je levais la tête à ses paroles. Il avait raison, les arbres nous cachait le peu de lumière qui restait. 

- Tu as raison. On trouve un arbre où on pourrait grimper ? 

C'était le plan qu'on avait convenu, se mettre en hauteur pour se protéger des bêtes sauvages. Sauf que maintenant que j'étais devant, l'effort me paraissait bien plus difficile. Nous grimpions souvent quand nous étions enfant, mais l'arbre décharné qui se trouvait derrière l'orphelinat n'avait rien à voir avec ses choses majestueuses qui se dressaient devant nous. 

Le Journal IntemporelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant